lundi 3 septembre 2012

De la terre au panier sans se faire carotter


«La terre qui nous nourrit, qui nous lie et qui nous réunit». Tel est le leitmotiv d'Ecopousse, un site communautaire qui met en relation les producteurs locaux et les consommateurs. Denis Richard, son fondateur, est issu d'une longue lignée de paysans. Il partage avec nous son regard sur le monde agricole d'aujourd’hui...

Les produits vendus sur le site sont estampillés «agriculture biologique» ou «raisonnée». Pourquoi proposer les deux?
Le mode de production bio ne suffira pas à tous nous nourrir, et il ne représente que 3,5% de la surface agricole utile en France. Beaucoup plus d’exploitants travaillent et commercialisent par les circuits courts. C’est pour cela que nous avons choisi d’associer différents modes de production. Et puis, aujourd’hui, l’agriculture raisonnée est encadrée et cherche à valoriser les impacts positifs des pratiques agricoles  sur l’environnement, tout en en réduisant les effets négatifs.
On retrouve différentes variétés de tomates, de pommes de terre, de fraises ainsi que des légumes oubliés, comme  la tétragone («épinard d’été»). Pourquoi ce choix?
Il  y a un aspect pédagogique et professionnel. Le consommateur qui veut se tourner vers des saveurs authentiques peut ainsi se réapproprier le goût des choses. Et pour les producteurs, il s’agit de proposer l’offre la plus détaillée et de valoriser ceux qui veulent produire autre chose qu’une simple (mais bonne) pomme de terre nouvelle.
Quel est «le plus» d’Ecopousse, selon vous?
Le site héberge un réseau social de consommateurs et de producteurs qui peuvent transformer leur page de présentation en un outil de promotion, et de vente. L’acte de vente est simplifié pour le producteur, et Ecopousse donne aux consommateurs un accès facile aux produits : grâce à la géolocalisation, ils obtiennent la liste des producteurs les plus proches et les prix des produits. Le consommateur passe sa commande aux producteurs directement à partir du site ;  Si vous habitez à Menton par exemple, vous verrez les Jardins des Antipodes, une association remarquable.
Quel est le profil de votre clientèle?
Nos membres professionnels sont en majorité des producteurs bio. Côté consommateurs, il s’agit principalement de femmes et/ou de personnes habitant autour des grandes villes. Paris et sa région arrivent en tête par le nombre de connexions, puis la région Rhône Alpes, PACA, Aquitaine et Bretagne. Tous s’intéressent au bien-être et la santé tout comme au jardinage. L’apiculture est très prisée. On sent une demande de la clientèle, mais le problème reste encore de faire bouger le monde agricole (loin de l’esprit commercial).
Un des articles du site s’intitule «Le phénomène des locavores». France 5 a même parlé de ce mouvement via une émission, «200 km à la ronde». Quelle place les circuits courts occupent-ils dans notre société, d’après vous?
Aujourd’hui, plus de 100.000 producteurs utilisent ce mode de distribution dans l’objectif de valoriser leurs produits et redynamiser l’économie des campagnes… mais surtout de se défaire des contraintes fixées par les grandes enseignes de distribution (même si certaines sont respectueuses du travail fourni par le monde agricole)! C’est en partie à cause du coût de l’énergie que ce mouvement se développe, et tant mieux, car ça fera sans doute avancer plus d’initiatives locales. Mais la part de marché que constitue le bio et la vente directe de produits en provenance des petites exploitations ne représente qu’un faible pourcentage de la consommation.
Comment voyez-vous notre «avenir alimentaire»?
De plus en plus d’actions porteuses d’espoir sont entreprises pour apprendre à se nourrir correctement et redécouvrir les goûts, les saveurs et les produits eux mêmes.  Des contrats sont  signés entre des producteurs locaux et des collectivités pour alimenter en produits issus de l’agriculture bio ou raisonné des écoles. Pour moi, ce mouvement va s’intensifier. La culture bio devrait doubler sa production en France pour atteindre les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement (6% de la surface agricole utile). Il faut donc produire plus large, mais avec des actions qui tendent vers la qualité de la production et le respect de l’environnement. L’avenir alimentaire est au cœur des priorités du monde agricole.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à nos lecteurs pour bien s’alimenter?
Faire son potager si l’on en a le temps et l’espace, acheter des produits de saison pour profiter des meilleures saveurs et des bienfaits nutritionnels, et utiliser des condiments naturels ou des aromates simples à cultiver.
Source: 20 Minutes (http://goo.gl/LPofV)

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