lundi 31 décembre 2012

Anti gaspillage de nourriture : à la pointe du branché


Dans « Global gâchis », documentaire diffusé le 17 octobre 2012, le constat est clair : l’humanité produit de quoi nourrir environ trois fois sa population entière, sans problèmes, et pourtant, près d’un milliard de personnes souffrent de la malnutrition.
Ou finit, alors, toute la nourriture non consommée ? Ou vous l’imaginez bien : à la poubelle, pour l’essentiel, jetée par tous les acteurs de la chaine de consommation : producteurs, maraichers, hypermarchés, restaurants, et bien sûr, nous, les consommateurs.
Mais ce que montre le film avec intelligence, une touche d’ironie et une excellente pédagogie, c’est que cette nourriture est jetée à un moment où elle pourrait encore être consommée, pour la simple raison qu’elle n’est pas assez belle….
« Le marché occidental a habitué ses consommateurs à des pommes rondes et calibrées, des bananes sans taches et à la courbe parfaite, des champignons blancs et super sphériques, etc. La plupart des produits sortant de la terre ne possédant pas ces critères esthétiques impeccables sont directement jetés, ou, dans le meilleur des cas, transformés en nourriture pour animaux, alors que leurs qualités nutritives sont intactes » explique Oliver Lemaire, réalisateur de « Global gâchis ». Son constat s’applique aussi aux produits encore bons mais à l’aspect vaguement défraichi : les supermarchés les retirent systématiquement des rayons avant leur péremption, là encore, souvent, pour les jeter sans autre forme de procès.
Autre fléau : la DLUO… sur les produits frais et sensibles (viandes, produits laitiers, charcuterie, traiteur) une date limite de consommation est apposée par le fournisseur, et consommer la marchandise passé ce délai représente un risque. En revanche depuis plusieurs années, tous les produits dits « secs » comme les pâtes, le riz, les lentilles, portent une « Date limite d’utilisation optimale » (la DLUO) que vise seulement à garantir au producteur que vous consommez un produit dont le goût et la présentation sont préservés.
Il n’y a AUCUN risque à consommer des produits en DLUO dépassée. Il est fort dommage donc, de procéder comme pas mal des consommateurs, à un nettoyage systématique des fonds de placards sous prétexte que les dates sont « passées ». Des millions de tonnes de cette bonne nourriture se perdraient ainsi.
C’est un livre qu’a inspiré « Global gâchis » : il s’intitule Waste et a été publié (et très lu et très récompensé) en Angleterre par Tristam Stuart, spécialiste de la question du gaspillage alimentaire. Son auteur a fait très jeune un intéressant constat : « j’habitais une ferme, et pour nourrir les cochons, je me suis mis a récupérer des déchets alimentaires auprès de ma cantine scolaire, du boulanger local, des maraîchers… » il découvre ainsi que la plupart de ces déchets sont encore consommables pour des humains. En grandissant, devenu auteur et historien, il approfondit sa compréhension du phénomène : « si les pays occidentaux jettent des millions des tonnes de céréales à la poubelle, il en restera moins sur le marché mondial. S’ils arrêtaient de le faire, on en trouverait davantage, et leur prix serait probablement plus abordable. Jeter de la marchandise à la poubelle équivaut réellement à la soutirer du marché mondial, et à la retirer à la bouche de ceux qui ont faim ».
Le film, et le livre, s’attache cependant, au-delà du scandale spectaculaire ainsi démontré, à proposer des solutions. Et la force de ce britannique, et de plusieurs autres acteurs de ce mouvement, c’est de savoir rendre ces solutions glamour et attractives aux yeux du grand public. Le parti pris de la réalisation de « Global gâchis » donne le ton : « Je tenais à ce que, malgré l’horreur du constat, le film ne soit ni sombre ni morbide. Et puis, pour favoriser une prise de conscience, il est plus facile d’inviter les gens à regarder des images belles et léchées plutôt qu’anxiogènes et laides » explique le réalisateur.
Le banquet de 5000 personnes devant la Mairie de Paris est encore une idée de Stuart, et est un autre exemple de cette philosophie : nourrir gratuitement 5000 personnes avec un curry délicieux, mais aussi animer ce moment agréable par la présence de chefs, de vedettes de la télévision. Au programme, partage des recettes spectaculaires et efficaces, pour apprendre comment recycler les restes dans des plats très chics, ou encore l’art de cuisiner les abats, trop souvent jetés simplement parce qu’ils sont passées de mode… Quoi de mieux pour distraire la foule en lui apprenant d’excellentes pratiques ? Le banquet a été une réussite totale.
Infos :
« Global gâchis, le scandale mondial du gaspillage alimentaire ». Documentaire d’Olivier Lemarie (Canal+)
Liens utiles :
Oui share : www.ouishare.net
Infos Zéro Gâchis : zero-gachis.com

Mobilisation contre le gaspillage alimentaire


Pour limiter les déchets alimentaires, le Gouvernement lancera, en 2013, un Pacte national contre le gaspillage. Ce dernier s’appuiera notamment sur la généralisation de plusieurs initiatives locales innovantes.
Chaque Français jette en moyenne 20 kilos de nourriture par an. Pour lutter contre ce phénomène, Guillaume Garot a annoncé le développement de plusieurs actions pilotes. Ces dernières mobilisent l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire (collectivités, associations de solidarité, grande distribution, restaurants collectifs…). Il s’agit à terme de répondre à l’objectif fixé par le parlement européen : diviser par deux les déchets alimentaires d’ici à 2025.
Parmi les initiatives que le ministre souhaite développer en 2013, plusieurs visent à renforcer ou créer de nouveaux circuits de collecte et de distribution.

Améliorer et amplifier les collectes de denrées alimentaires

  • Récupérer les invendus sur les marchés de gros
    Sept marchés d’intérêt national, dont quatre (Lille, Marseille, Perpignan, Rungis) travaillant avec l’Association nationale de développement des épiceries solidaires, ont développé des chantiers d’insertion. Leurs salariés ont pour mission de trier les dons des grossistes et de les redistribuer à des associations.
  • Mobiliser les villes pour faciliter le ramassage des aliments
    Les collectivités territoriales constituent un acteur essentiel dans la mobilisation des habitants, grâce aux moyens dont elles disposent. C’est ainsi que la ville de Tours, en partenariat avec l’Etat, les collectivités locales et le tissu économique et associatif, a créé un système innovant de collecte. Des camionnettes sillonnent la ville pour récupérer les produits comestibles dont les particuliers souhaitent se débarrasser.
  • Généraliser les bonnes pratiques des associations
    Les associations de solidarité font preuve d’initiatives originales qu’il s’agit de valoriser et d’encourager. La banque alimentaire de Bordeaux et de la Gironde a ainsi permis à deux femmes de créer leur entreprise individuelle. Celle-ci est spécialisée dans la récupération et latransformation en confiture d’une partie des fruits "considérés comme perdus" par les grandes surfaces.

Limiter le gaspillage à la source

Les distributeurs ont également un rôle à jouer en améliorant la gestion de leurs stocks et en sensibilisant mieux leurs clients à ce problème. L’enseigne Monoprix s’est, par exemple, engagée à promouvoir davantage les produits arrivant en fin de période de consommation. Elle réfléchit également audéveloppement de la vente au détail, à une hausse des dons alimentaires et à l’édition d’un guide sur le gaspillage.
Dans les restaurants collectifs, les quantités et les volumes de repas préparés doivent mieux répondre aux besoins réels. C’est l’objectif que s’est fixé le conseil général de Dordogne en développant des plateformes de mise en relation des acheteurs et des producteurs. Ces derniers pourront mieux adapter les cultures à la consommation effective des produits dans les cantines des collèges.
Guillaume Garot a ainsi retenu l’action portée par l’association Habitat Jeunes Laval. Celle-ci a décidé de lancer une campagne de mesure des déchets et des restes dans ses restaurants sociaux. Une opération destinée à sensibiliser les consommateurs et à terme à trouver des marges de manœuvre pour réduire les déchets.
Source: Gouvernement.fr (http://goo.gl/HC6KQ)

Et maintenant, qu'est-ce qu'on mange ?


anique devant l'assiette ! Pas trop de sucre, attention au sel, gare aux résidus de pesticides, danger sur l'aspartame, haro sur l'huile de palme, mangez cinq fruits et légumes par jour... Tiraillés entre des injonctions parfois contradictoires, on ose à peine se mettre à table à la veille des fêtes. Alors, comment savoir exactement ce qu'il y a dans nos assiettes ?


J'aime savoir ce que je mange, comme n'importe quel être humain. Je pensais tout connaître de la tomate, jusqu'à ce que je tombe sur le documentaire d'Andréa Bergala, Les tomates voient rouge, produit par Arte. A force de fréquenter les marchés, j'avais appris à faire la différence entre une tomate standard et une tomate de maraîchers qui me rappelait celles que cultivait une voisine quand j'étais enfant. Avant d'acheter, j'avais appris à les sentir comme on le fait avec un melon. 

Je traquais les maraîchers qui cachent un panier de cœurs-de- bœuf derrière leurs produits standards pour mieux les réserver aux connaisseurs ; ou qui, au milieu de leur étal, disposent quelques noires de Crimée. J'avais compris que, pour enchanter mes salades estivales, il fallait que je fouine chez des petits producteurs qui, en amoureux du goût et de la biodiversité, avaient sélectionné les meilleurs plants parmi la cinquantaine existant. Les tomates voient rouge a balayé tout cela.   

Premier choc, il existe 7 459 variétés de tomates dans le monde, dont les semences sont conservées à Saint-Pétersbourg, en Russie, à l'institut Nicolai-Vavilov. Tant de richesses gastronomiques en sommeil quand les rayons des primeurs ne proposent qu'un nombre si limité de variétés ? Quel gâchis ! Mais ce n'est pas tout. Andréa Bergala a rendu visite à un semencier aux Pays-Bas, leader mondial du secteur, capable de fabriquer par hybridation des tomates dotées de n'importe quels aspect, saveur, parfum ou couleur. C'est ainsi qu'est sortie de ses laboratoires la tomate-grappe, dont la tige a l'odeur de la tomate, mais dont la chair n'a aucun goût, et que l'on s'arrache néanmoins tant elle paraît sortir tout droit du potager. 

Ou la tomate de grand-mère, joliment striée sur le dessus. Et une tomate-pêche à la chair jaune, sucrée et qui s'épluche au couteau. Bref, quand le désir d'authenticité se fait sentir aux étals des commerçants, les semenciers ont la réponse au fond de leurs éprouvettes. J'avais en fait oublié que les tomates anciennes ont disparu pour une bonne raison : très fragiles, elles ne supportent pas le transport et se conservent mal. La science est donc entrée en scène pour les ressusciter. Mais, malgré leur robe rustique, elles n'ont pas de goût (bien que vendues au prix de l'authentique). Je croyais savoir ce que je mangeais, et j'avalais une sauce marketing. 

Voilà donc où en est l'alimentation. Et qu'on ne dise pas que la tomate est une exception. La même évolution a touché le vin. François Morel est rédacteur en chef d'une revue d'amateurs particulièrement éclairés, le Rouge et le blanc. Bénévole, comme toute son équipe, il ne dépend que de ses abonnés, ce qui lui garantit la liberté de parole. «Aujourd'hui, on dispose de tous les moyens de faire du bon vin, dit-il. Mais, lorsqu'on en boit, on risque de mourir d'ennui avant même de risquer de succomber d'alcoolisme.» Au premier rang des causes de l'uniformisation figurent les changements climatiques. 

«De 1950 à 1985, trois quarts des vendanges eurent lieu en octobre et un quart en septembre. Depuis 1985, c'est exactement le contraire», lâche un vigneron de Morgon, dans le Beaujolais. En vingt ans, la faute au climat plus clément, la puissance a remplacé peu à peu la finesse dans certains terroirs. Au point que les amateurs commencent à ne plus supporter ces vins lourds et capiteux dont le degré d'alcool atteint parfois les 14°. «Et il se trouve même des vignerons qui en rajoutent encore, en concentrant la matière et la robe, fulmine un sommelier lassé de vendre des bouteilles que ses clients renoncent à finir. On a parfois l'impression de boire de l'encre.» 

Il suffit de se promener dans les allées du Salon international de l'agroalimentaire (Sial) qui se tient tous les deux ans à Villepinte, près de Paris, pour bien comprendre ce que François Morel veut dire quand il parle d'ennui. Les quatre grandes entreprises fabricant des arômes plastronnent. Vous voulez obtenir une touche de fruit rouge ? De mûre ou de cassis ? Un goût boisé ? Pas de problème, ils ont la solution, une sorte de «kit goût universel» où piochent les vignerons. «C'est évidemment interdit dans les vins d'appellation, poursuit l'amateur passionné, mais qui contrôle vraiment ?» Pour un vigneron qui se fait pincer pour avoir ajouté du copeau de bois dans ses cuves, combien ont versé discrètement une fiole d'arôme ? Seul le palais exercé d'un dégustateur pourrait le détecter. «Les Allemands sont les meilleurs clients de ces chimistes», lâche François Morel. 

Quand tant d'éléments se liguent pour brouiller les pistes, il s'agit alors d'une confusion organisée. Les industriels ont commencé par appeler leur confiture industrielle Bonne Maman, puis ont poursuivi en utilisant l'image d'une belle grand-mère sur leurs pots de yaourts standardisés, pour enfin appeler la biologie et la chimie à la rescousse afin de flatter l'aspiration au terroir d'origine qu'exigent les consommateurs. La règle appliquée par tous les cuisiniers, du plus humble au plus étoilé, qui veut que le plaisir des papilles commence par celui des yeux, a été intégrée par l'agroalimentaire. A ce jeu-là, il n'y a pas d'un côté le méchant industriel et de l'autre le consommateur victime. Chacun joue son rôle, en toute complicité, dans l'opération d'enfumage. 

Jérôme Banctel est un grand cuisinier, le bras droit d'Alain Senderens, chef à la renommée mondiale installé place de la Madeleine, à Paris. Il a créé l'événement il y a près de dix ans en rendant ses trois étoiles au Michelin pour se libérer des contraintes que la distinction apportait. Parlez-lui de l'évolution de la qualité de la viande, et il vous répond dans un soupir : «bœuf d'Angus», cette vache d'origine écossaise particulièrement prisée pour sa tendreté et désormais élevée partout sur la planète. «Tout le monde, et même nos clients, réclame de l'Angus parce que son "mâcher" est plus souple, constate-t-il, amer. Du coup, il y en a partout sur le marché, alors que c'est une viande assez rare et chère. Et on ne sait plus bien ce qu'on achète, de l'authentique angus ou de la viande attendrie comme au bon vieux temps, du bœuf américain nourri à l'herbe ou un animal élevé en stabulation de ce côté-ci de l'Atlantique. Le pire, c'est que cette viande n'a pas de goût.» 

L'uniformisation a-t-elle tué le goût et les bons produits ? «Non, bien sûr, répond le chef. Pour mon restaurant, je sais comment les sélectionner. Je fais venir les producteurs jusqu'ici et je choisis, au cul du camion. Les cèpes, par exemple. Je sais où trouver de bonnes volailles, de bons canards, de bons foies gras. Mais un bon produit est cher, et nous avons de plus en plus de mal à en répercuter le prix au client. Et, surtout, ils sont devenus rares.» Fini le temps où on pouvait trouver un turbo de 8 kg, poids qui garantit son goût. La surpêche est passée par là. Pour les mêmes raisons, adieu, les grosses coquilles Saint-Jacques. Bye-bye les figues de Solliès venues de Provence, remplacées par des importation, plus grosses mais moins bonnes. Même sort pour les coings français, petits, tachetés mais mûrs, remplacés par ceux de Turquie, gros et fades. La mondialisation rend la nourriture plus disponible, tant pis pour le goût. 

Pourtant, de l'avis des nutritionnistes comme des cuisiniers, on mange de mieux en mieux. Les injonctions nutritionnelles incitant à manger moins gras, moins sucré, moins salé, à réduire la quantité de viande et à lui préférer le poisson commencent à produire leurs effets. «En dix ans, j'ai diminué de façon spectaculaire la quantité de beurre et de crème utilisée dans mes plats, précise Jérôme Banctel. Je mets moins d'œufs dans ma sauce suprême, j'enlève la peau des volailles.» Les légumes ont désormais une place de choix : 10 fois par jour, les clients lui commandent un plat végétarien. 

Mieux, la technique est venue au secours de la diététique. La cuisson à l'induction, par exemple, grâce à sa souplesse et à l'absence d'inertie de la chaleur produite, permet de diminuer drastiquement les quantités de matières grasses. A cette évolution élitiste de la cuisine, il faut néanmoins apporter une nuance : l'alimentation industrielle ne s'est pas encore mise au diapason. La dernière enquête de l'Observatoire de la qualité de l'alimentation (Oqali) en témoigne. Si le sucre et le gras ont significativement baissé dans les sodas et la charcuterie, le sel est en revanche toujours consommé en excès - la recherche d'un goût soutenu et d'une meilleure conservation en étant la cause. 

A y regarder de plus près, l'alimentation est le lieu de tous les paradoxes. Les bons produits, au caractère affirmé, sont devenus rares, alors que la nourriture n'a jamais été aussi abondante. Mieux, de toute l'histoire de l'humanité, elle n'a jamais été aussi sûre, alors que des professionnels du marketing de la peur persistent à clamer que «l'assiette tue» (Télérama) ou que nous engloutissons «notre poison quotidien» (Marie-Monique Robin, aux éditions La Découverte). «Tout cela est faux, et surfe sur l'angoisse naturelle de l'humain quant à ce qu'il mange, explique le directeur de l'évaluation des risques de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Dominique Gombert. D'ailleurs, je ne lis plus ce genre de livre ni ne regarde les émissions faites sur le même modèle, tout cela me fait trop peur !» 

Il a dirigé une étude (Etude de l'alimentation totale) durant cinq ans portant sur 20 000 produits tels qu'ils sont consommés dans les foyers, réalisée selon un protocole qui fait l'unanimité. Résultat : sur 283 substances recherchées, de la plus anodine à la plus toxique utilisée par l'agriculture, 212 n'ont pas été trouvées. On est donc bien loin de l'assiette empoisonnée. Mais il arrive que la machine agroalimentaire, tournant habituellement comme une montre suisse, dérape. L'impact des accidents sanitaires n'en est que plus fort. Le dernier épisode d'Escherichia coli, en juin dernier, à Bordeaux, a montré comment, à force de faire tourner des abattoirs tout juste aux normes de sécurité, un accident majeur pouvait se produire. 

Le même paradoxe se retrouve dans les légumes et les fruits, souvent présentés comme des bombes bourrées de pesticides. Une information publiée en juin dernier aurait mérité qu'on s'y attarde. Selon l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), en 2011, les ventes d'herbicides ont augmenté de 17 %, celles des insecticides de 11 %, alors que celles des fongicides ont diminué de 10 % - moyennant quoi la vente de l'ensemble de ces produits a augmenté de 8 %. «Scandale !» s'est immédiatement indigné François Veillerette, le président de Générations futures, qui fait des pesticides sa bête noire et la cause principale de l'augmentation des cancers (ce que ne confirme pas l'Institut national du cancer)... «La France s'est pourtant engagée à réduire l'utilisation de pesticides de 50 % d'ici à 2018», poursuit le président écolo. «La météo a été exécrable», répond l'UIPP, qui insiste sur l'engagement des paysans à maîtriser le recours aux produits phytosanitaires. De fait, la courbe d'évolution des ventes de ces produits parle d'elle-même : 108 700 t en 1998, 62 700 en 2011, une baisse de 42 %. 

La question des résidus se cache derrière la polémique, évidemment. D'un côté, des professionnels convaincus que, sans traitements, l'agriculture ne produirait pas de quoi nourrir l'humanité. De l'autre, des militants du zéro résidu s'appuyant sur l'opinion des Français : deux tiers redoutent la présence de pesticides dans leur alimentation (1). Et pourtant, aucune relation n'a jamais été établie entre la consommation de fruits et légumes et l'apparition de cancers. «Rechercher l'exposition minimale en réduisant les résidus le plus possible est une évidence, remarque le toxicologue Jean-François Narbonne. Mais vouloir tout interdire n'est que pure gesticulation !» C'est la raison pour laquelle ont été créées les valeurs toxiques de référence (VTR) qui font consensus internationalement. «Elles sont réévaluées en permanence, précise Dominique Gombert. Une VTR peut être divisée par 10 si des études scientifiques récurrentes l'imposent : ce fut le cas du plomb, par exemple.» 

A cet égard, les études nationales comme européennes qui se succèdent sont encourageantes.«D'énormes progrès ont été faits depuis vingt ans, analyse le directeur du risque de l'Anses. Ceux qui refusent de l'admettre aujourd'hui communiquent sur les molécules, et non sur les doses.» Il rappelle que, au cours des 146 000 analyses réalisées pour mener à bien la vaste Etude de l'alimentation totale, 73 des substances trouvées sur les 283 cherchées l'ont été dans moins de 1 % des produits consommés. Quelques mois auparavant, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publiait une enquête réalisée à travers l'Europe sur 70 000 échantillons : 96,5 % se sont révélés conformes aux limites maximales autorisées. En 2006, 62,1 % des aliments étaient conformes. Sur 2 062 échantillons d'aliments pour bébés analysés, 76 contenaient des traces de pesticides et la limite autorisée était dépassée dans seulement 4 échantillons (0,2 %). 

On peut donc se gaver de fruits et de légumes, respecter - voire dépasser - les recommandations d'en consommer cinq portions par jour sans risquer un cancer du tube digestif ou du côlon. Bonne nouvelle ! Mais à condition de suivre quelques règles, notamment celle qui consiste à se méfier des produits importés de l'extérieur de l'Union européenne. Dans la même étude, l'Efsa indique en effet que ce sont les échantillons d'aliments hors Union européenne qui font déraper les statistiques (7,6 % non conformes hors UE, contre 2,4 % de l'UE). 

Le lait contaminé au cadmium par la faute de compléments alimentaires importés de Chine, et le lait enrichi illégalement à la mélamine, en provenance de Chine également, sont des affaires qui datent de 2006 et de 2008. Marianne avait à l'époque mis en garde contre la perméabilité des frontières européennes. La situation ne s'est pas améliorée depuis, à en croire les statistiques hebdomadaires du Rapid Alert System For Food And Feed (Rasff), le système d'alerte rapide européen pour les produits destinés à l'alimentation humaine et animale. 

D'année en année, ils rejettent de plus en plus de cargaisons : 90 rejets en 2006 pour cause de traces de pesticides interdits en Europe, 180 l'année suivante, 219 en 2011, la plupart des rejets provenant d'Asie, de Chine en particulier. Le plus inquiétant est que le Rasff procède par prélèvements aléatoires, et non systématiques. Certes, les volumes d'importations globales s'accroissent. Mais il n'en reste pas moins que les antibiotiques dans les crustacés, le cadmium dans les produits carnés, les moisissures pathogènes (mycotoxines) dans les fruits secs, les pesticides dans les fruits et légumes comme les mangues en provenance de République dominicaine, les oranges d'Egypte, les courgettes de Turquie inquiètent les autorités européennes. 

Compte tenu de la faiblesse des effectifs douaniers, on peut s'interroger sur le nombre de cargaisons qui passent à travers les mailles du filet. L'Etude de l'alimentation totale apporte une réponse : entre 2004 et 2010, les céréales, le pain et les biscottes contenant des traces de cadmium ont augmenté de 400 % - la faute aux engrais importés -, tandis que le plomb, le nickel, l'aluminium et le mercure rôdent de plus en plus dans les tasses à café. 

«Produisons français» a été un des slogans de la campagne présidentielle. «Consommez au plus près de chez vous» s'avère encore plus pertinent. Pro-xi-mi-té. Ce pourrait être en quatre syllabes la règle de base. Car ce principe réunit à lui seul toutes les exigences : préservation de l'environnement, critères sanitaires, goût et recherche d'une origine garantie. 

Faut-il rappeler qu'en moyenne un produit parcourt 2 000 km avant d'arriver dans une assiette ? Certains, les locavores, ont fait de la proximité la règle absolue en s'astreignant à ne consommer que des aliments produits dans un rayon inférieur à 200 km. Les Parisiens peuvent dire adieu aux langoustines du Guilvinec, et l'ensemble des Français tirer un trait sur le sucre, à remplacer par du miel. Contraignant, avouons-le. 

La proximité est aussi la règle des grands chefs. «Elle permet de bien connaître ses producteurs, assure Jérôme Banctel. Je préfère même un producteur dont je suis sûr à un autre qui s'affiche bio. Le bio a beau être un label porteur, je ne sais pas forcément d'où il vient. La demande est si forte qu'en France on ne peut pas suivre. Le bio roumain ou espagnol est-il vraiment bio ? Je n'en sais rien.» Un rapport de la Cour des comptes européenne (2) conforte le point de vue du cuisinier, et dénonce l'inefficacité du système de contrôle des produits bio. Les critiques visent en premier lieu la Commission européenne, jugée coupable de ne pas surveiller ce secteur en plein boom. Or, quand la demande est soutenue, il y a fort à parier que des idées de profits rapides germent dans l'esprit de quelques margoulins sans scrupule. Le dernier audit de la filière date de 2001. «Inacceptable», juge la Cour des comptes. Le consommateur qui accepte de payer jusqu'à 30 % plus cher un produit bio est donc en droit de s'interroger sur ce qui se cache derrière l'étiquette. 

Manger bio est néanmoins l'une des façons de «manger éthique». Le label a beau ne pas être une garantie de qualité, il certifie que le produit qui l'affiche a été cultivé selon des règles agricoles précises. Se développerait-il autant si dans le même temps le refus des OGM et des pesticides ne montait aussi fortement dans l'opinion ? Certainement pas. 

De l'assiette à la bouteille, même son de cloche. «Ce qui compte pour moi, c'est d'aller voir ce qui se passe dans les vignes, assure François Morel, notre expert ès vins. La mention "bio" sur une bouteille va dans le sens de la recherche de l'authentique, comme pour la tomate. Mais ce qui compte, c'est le goût, d'où l'importance de nos dégustations systématiques. A quoi sert de se prétendre bio si la terre est labourée trop en profondeur, détruisant la biologie du sol ? Reste qu'on assiste à un retour des pratiques culturales plus respectueuses de l'environnement. Avec tous leurs traitements, les vignerons se sont rendu compte qu'ils tuaient la terre et pour longtemps.» 

Si la proximité doit être une règle de base au moment du choix, elle a néanmoins un coût.«Vous avez remarqué, vous pouvez maintenant payer votre maraîcher avec une carte bancaire, s'étonne Jérôme Banctel. C'est dire si les prix sont élevés.» Serge Michels, vice-président de l'agence Protéines, spécialisée dans le conseil aux entreprises de l'agroalimentaire, ne dit pas autre chose. Il a réalisé de nombreuses études ayant recours à des panels de consommateurs de toutes origines sociales. «Ce qui me frappe, dit-il, c'est à quel point les consommateurs pas très riches réagissent quand on leur présente des images de beaux melons ou de belles tomates. Ils nous disent : "Ces trucs-là, c'est pas pour nous, c'est trop cher."» La qualité est devenue un marqueur social. Marqueur qui n'est pourtant pas exempt de contradictions. Car les mêmes qui trouvent les belles carottes bio trop coûteuses n'hésitent pas à les acheter râpées en barquette. Pour trois fois moins cher, ils se seraient régalés d'un produit frais agrémenté de citron et d'huile d'olive. Quand on vous disait que l'alimentation était paradoxale !  

(1) Sondage pour l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), réalisé en 2010. 

(2) Rapport spécial n° 9, juin 2012. 

Source: Marianne (http://goo.gl/8Ie6z)

L'HUILE DE PALME, LOBBY CONTRE LOBBY 


Pourquoi les sénateurs écolo ont-ils proposé sans crier gare un amendement visant à taxer l'huile de palme à 300 % ? Pour rééquilibrer la fiscalité de cette matière grasse saturée favorisant le mauvais cholestérol alors que l'huile d'olive, bénéfique à la santé, est aujourd'hui deux fois plus taxée ? Sans doute. Pour réactiver un combat ancien des écolos qui estiment qu'en utilisant larga manu l'huile de palme, l'industrie contribue à la déforestation des pays producteurs ? Peut-être. Mais l'initiative aura été si maladroite, prenant même le gouvernement par surprise, qu'au bout du compte plus personne n'y comprend rien. D'autant que l'amendement a été retoqué par les députés. Alors ? 


Baptisée «amendement Nutella» du nom de la célèbre pâte à tartiner qui tire son onctuosité de l'huile de palme, la proposition a déclenché une contre-offensive de l'industriel. Et c'est ainsi que des pleines pages de pub ont été achetées pour rappeler qu'il n'y a pas plus de graisses saturées dans une cuillerée de Nutella que dans le beurre d'une tartine. Sauf que l'industriel s'appuie sur une étude du Fonds français pour l'alimentation et la santé, financée... par les industriels de l'agroalimentaire. Et, cerise sur la tartine de Nutella, le vote de l'amendement a coïncidé pile poil avec le lancement d'une pâte à tartiner sans huile de palme fabriquée par Casino. Comme si les arguments nutritionnels n'étaient mis en avant que pour nourrir des argumentaires marketing !
 

À QUOI BON "CINQ FRUITS ET LÉGUMES PAR JOUR" ? 


Manger cinq fruits et légumes par jour, comme le recommande le Plan national de nutrition et de santé (PNNS), est-ce bien utile ? «Le problème, c'est que les scientifiques ont toutes les peines du monde à le prouver, constate Jean Dallongeville, épidémiologiste et directeur de recherche à l'Institut Pasteur de Lille. Les tests sont en effet impossibles, tant la consommation de fruits et de légumes est un marqueur social de ceux qui ont par ailleurs une vie saine, font du sport, ne fument pas, etc., et sont donc moins exposés aux pathologies lourdes.» Et comme rien, à l'inverse, ne montre qu'une consommation de 400 g de fruits et de légumes par jour (poids de cinq portions) ne fait de mal... 


En réalité, cette recommandation nutritionnelle est un vieux slogan de l'Organisation mondiale de la santé du temps où un consensus avait été établi sur les effets bénéfiques des vitamines. «Depuis que l'intérêt pour les vitamines est retombé, explique Luc Dauchet, épidémiologiste à Lille, il a été recyclé dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète.» Sans plus de preuves de son efficacité. «Aujourd'hui, cette recommandation nutritionnelle est la mieux acceptée parce qu'elle est associée aux basses calories, donc au désir de minceur.» Tant mieux pour les paysans.

Va-t-on fermer les grandes surfaces ? (Réunion)


Nous sommes au cœur du débat sur la baisse des prix d’une liste de marchandises. Tout cela se fait comme toujours dans le dos des consommateurs qui apprendront un de ces quatre matins le résultat catastrophique. Déjà, la grande distribution a pris ses précautions. Elle déclare que ses résultats comptables sont faibles, de l’ordre de « 3% de marge avant impôts » . Si tel est le cas, ne devrait-on pas proposer de fermer les grandes surfaces ?
En effet, les grandes surfaces avaient été présentées comme la formule moderne qui allait apporter l’abondance des biens et les bons prix ; par comparaison, le modèle courant, à travers les commerces de proximité, était ringard et cher.Mieux, les grandes surfaces, de par leur zone de chalandise et les dizaines de milliers de produits référencés, allaient apporter le pouvoir d’achat qui allait combler d’aise les consommateurs, toujours présentés comme les bénéficiaires.
Pour dénigrer le modèle de proximité, les acteurs de la grande distribution n’ont pas lésiné sur les moyens, faisant passer le petit commerce comme des voleurs ; exemples : « crédit lé mort » ; « payer comptant, partez content » ; or, aujourd’hui, ils font tous du crédit à la consommation, et se sucrent au passage. Ils gagnent sur les marchandises et sur les conditions de financements.
Ils ont fait miroiter que plus le magasin est grand et diversifié, plus c’est intéressant. Tous les maires responsables de l’aménagement de leur territoire communal s’en sont laissé convaincre. En quelques décennies, le commerce de distribution a échappé au contrôle des Réunionnais et se trouve entre les mains d’un monopole 100% français qui truste la presque totalité du commerce, celui de l’alimentation en particulier.
La conséquence de ce modèle de distribution, c’est la montée des prix malgré les puissantes centrales d’achat qu’ils ont mises en place pour piller le monde entier à la recherche de produits fabriqués moins chers dans des pays pauvres.Ainsi, en achetant moins cher et en vendant cher, la grande distribution se fait des « profits en or ». Il est donc scandaleux de venir proclamer à la face des pauvres consommateurs sans défense que la marge ne dépasse pas « 3% avant impôts » !
Si tel est vraiment le cas, alors il faudra sérieusement songer à fermer toutes ces enseignes. Car, qui peut imaginer que les capitalistes se hasarderaient à sacrifier leurs soirées pour si peu. Allons-nous avoir droit au refrain paternaliste : « parce qu’on vous aime bien »  !
Source: Témoignages.re (http://goo.gl/2GzOH)

Cibo sprecato addio, ora il pane durerà due mesi


Gli americani sprecano il 40% del cibo che acquistano, per diversi motivi: o perché se lo dimenticano nella parte posteriore del frigorifero, o perché non lo incartano correttamente, o per altre ragioni ancora. Secondo uno studio questo spreco ammonta a circa 20 sterline al mese a persona (quasi 25 euro).

Adesso però MicroZap - una piccola azienda spin-off della Texas Tech University - ha dichiarato che, se cotti al forno microonde, alcuni alimenti si conservano più a lungo. Il panecotto al microonde, infatti, può durare fino a 60 giorni.
Il pane è uno degli alimenti che viene sprecato più spesso, finendo nella spazzatura dopo essersi ricoperto delle classiche macchie verdi di muffa. Questo in genere accade entro 10 giorni da quando viene cotto. Il metodo di MicroZap ucciderebbe invece le spore della muffa, preservando il pane per due mesi ed aiutando gli americani ma non solo a ridurre alcuni dei loro sprechi alimentari. Il forno, che assomiglia ad uno scanner CT per il cibo, in origine era stato sviluppato per uccidere batteri multiresistenti come lo stafilococco e la salmonella. Gli sviluppatori, però, si sono resi conto che in circa 10 secondi uccide anche la muffa del pane.
Il forno funziona come il classico microonde di casa, ma le onde sono prodotte in variefrequenze, il che assicura un riscaldamento uniforme. La tecnologia potrebbe conservare anche alimenti freschi come il pollame, i prodotti agricoli ed altro ancora. Di sicuro non i meloni, che si danneggiano ruzzolando all’interno del “forno ammazza-muffa”.
Secondo Don Stull, CEO di McroZap, questa tecnologia potrebbe avere un impatto sul pane in altri modi: i produttori di pane aggiungono un sacco di conservanti per cercare di combattere la muffa, ma poi bisogna aggiungere ulteriori sostanze chimiche per mascherare il sapore dei conservanti. Se i panettieri utilizzassero la tecnologia a microonde, secondo, Stull, potrebbero evitare di ricorrere a questi additivi.
Source: NextMe (http://goo.gl/o36nd)

vendredi 28 décembre 2012

La grande distribution russe effectue un pas vers le futur


Le premier « supermarché du futur » vient d'être inauguré à Moscou. Il s’agit d’une enseigne sans vendeurs ni caissiers, où tous les articles sont marqués avec des étiquettes spéciales. Les clients mettent les articles qu’ils souhaitent acheter dans le panier et grâce à des capteurs électroniques, le total à régler à la sortie est calculé automatiquement. Les concepteurs de cette idée affirment que le nouveau système permet de contrôler la fraîcheur des produits et de garantir l’approvisionnement régulier du supermarché.

Ce nouveau magasin va révolutionner le shopping. Tous les services clientèle seront garantis non plus par le personnel du magasin, mais grâce à un système basé sur les technologies d’identification par radiofréquence (RFID). Chaque produit du est marqué par une étiquette RFID, d’après laquelle ont peut connaître son prix, sa date de péremption et même sa date d’arrivée au magasin. Après avoir déposé les produits dans le panier, le client place ce dernier sur un dispositif spécial qui lit les étiquettes et imprime le ticket avec le total à payer. Ce procédé économise plusieurs dizaines de minutes d’attente à chaque client. Dans les supermarchés classiques, le caissier doit scanner chaque produit acheté avant d’annoncer le total au client. Dans le « magasin du futur » le client règlera ses achats grâce à une machine automatique en espèces ou par carte bancaire. Le nouveau système permet également de lutter contre la contrefaçon, explique Vladimir Roussanov, directeur des relations publiques du projet « Perekrestok. Magazin boudouchtchego » (Perekrestok. Magasin du futur), enseigne du groupe de grande distribution X5 Retail Group.

« Grâce à l’identification automatique, on peut tracer le mouvement des marchandises depuis l’usine du fabricant jusqu’à l’entrepôt, de l’entrepôt au magasin et du magasin au consommateur, en permettant de contrôler les dates de péremption et d’obtenir des informations sur la quantité et l’assortiment des produits proposés sur les étalages. Cette technologie permet aussi de détecter les produits contrefaits et de prévenir contre les vols grâce aux signaux envoyés vers le centre de dispatching ».

La version-test du « magasin du futur » a été présentée en automne 2011 au forum RUSNANOTECH. L'ex-président russe Dmitri Medvedev a pu tester cette nouvelle technologie en qualité d’hôte d’honneur de ce forum. Un an après, ce concept a été lancé en régime de test uniquement pour les employés de X5 Retail Group dans le bureau du groupe de grande distribution à Moscou. Selon Maxime Kliaguine, analyste du marché de la consommation de la société Finam Management, si leur efficacité est avérée, les concepts innovants sont en général très rapidement appliqués dans la pratique.
« C’est un projet qui s’inscrit totalement dans la logique de l’évolution des technologies du marché de la consommation. Pour l’instant, c’est un projet pilote. Mais avec l'amélioration progressive de ces innovations, de ce genre de projets va se développer rapidement. Ces technologies, ces mécanismes, présentés actuellement comme des projets d’avenir, vont faire partie de notre quotidien très bientôt ».

Le « Magasin du futur » est un projet qui résulte de la collaboration de trois sociétés russes – X5 Retail Group, Rusnano et Sitronics. La première s’est occupée du développement du projet, la deuxième joue le rôle de co-investisseur et la troisième est partenaire technologique. L’objectif de ce projet était d’employer la technologie RFID dans le commerce. Les premiers magasins de l’enseigne « Perekrestok. Magasin du futur » ouvriront près de Sotchi dans la station de sports d’hiver de Roza Khoutor au début de 2013. Et une version plus moderne de ce projet sera lancée en 2014 pour les Jeux Olympiques de Sotchi. En attendant, les amateurs de nouvelles technologies peuvent commencer à se préparer au shopping sans vendeurs ni caissiers.

Source: La Voix de la Russie (http://goo.gl/B5xpu)

L’ecosupermercato è Coop


Ad un anno dall’inaugurazione, Coop Conselice fa i conti con la sua missione di “eco-negozio”. E il bilancio è “in verde”: consumato il 48% di energia in meno rispetto a un normale negozio

“La Coop sei tu, chi può darti di più”, recitava la famosa reclame della catena di supermercati e ipermercati, spot che in passato ebbero come regista lo stesso Woody Allen. Alla soglia dei 500 punti vendita, con quasi 57mila dipendenti e un fatturato 2011 intorno ai 13 miliardi di euro, la Cooperativa di Consumatori attiva nella grande distribuzione dall’alimentare all’abbigliamento, compresi viaggi e telefonia, ha pensato in grande per uno dei suoi più piccoli supermercati. Quello di Conselice, a Ravenna, che allo spegnimento della sua prima candelina, accende un traguardo del 48% di riduzione dei consumi rispetto ad un normale negozio, ossia  312.000 KWh di energia anziché i 600.000 KWh mediamente utilizzati in un supermercato di analoghe dimensioni e nella stessa area climatica. Con un impatto pressoché nullo in termini di CO2, poiché il negozio si approvvigiona esclusivamente da fonti rinnovabili, anche grazie al proprio impianto fotovoltaico dalla potenza di 30 kWp.
Il personale della Coop Adriatica
Risultati rilevanti dovuti anche ad altri molteplici accorgimenti di un edificio in certificazione energetica classe A. Innovazioni nella climatizzazione e ventilazione degli ambienti: durante l’inverno, grazie alla coibentazione dell’edificio e al recupero del calore di scarto dei frigoriferi (-25% dei consumi per il riscaldamento); d’estate, attraverso la progettazione bioclimatica, l’utilizzo di rivestimenti speciali e schermature solari, un utilizzo al minimo dell’aria condizionata (-90% dei consumi per il raffrescamento). E ancora, la catena del freddo attrezzata con apparecchiature ad alta efficienza energetica e la chiusura di tutti i banchi frigo, compresi i freschi (-41% per la refrigerazione).Lampade led e a basso consumo e all’uso preferenziale della luce naturale, con ampie vetrate e camini solari (1/3 dei consumi per l’illuminazione). Il sistema di raccolta delle acque piovane, convogliate per l’irrigazione delle aree verdi e per le cassette dei bagni (solo 1/3 dell’acqua è stata prelevata dall’acquedotto).
La casa dell'acqua
Un’identità “verde” per di più percepita e premiata dai consumatori, come indicato dai sondaggi, che hanno prediletto prodotti biologici e detersivi sfusi, rigorosamente trasportati in carrelli di plastica riciclata e molto gradito la “casa dell’acqua” posta all’uscita del punto vendita, così come le pensiline con pannelli fotovoltaici, le colonnine per i veicoli elettrici, la pista ciclo-pedonale di collegamento, la postazione esterna per la differenziazione dei rifiuti e quella interna per il bookcrossing .
Un punto vendita pilota – da circa 500 mq, 2milioni e mezzo di investimento e una ventina di lavoratori impiegati – segnalato e premiato su più fronti.Nell’ambito delle politiche di riduzione dell’impatto ambientale di Coop Adriatica (dove rientra appunto l’Emilia Romagna) non un “faro isolato”. Nella catena otto negozi sono interamente alimentati da energia “verde” e trentasei, oltre alla sede di Bologna, sono dotati di impianti fotovoltaici. Con il “Progetto Led”, si sono già sostituiti i sistemi d’illuminazione di oltre cento punti vendita e s’è inoltre attivato anche un percorso per l’implementazione del SGE (Sistema di gestione dell’energia), per il monitoraggio puntuale dei consumi energetici sull’intera rete vendita.

Fret aérien : la logique du « time-to-market »


Ceux qui m’aiment prendront l’avion
Logistique - Fret aérien
Si la réduction des échanges mondiaux, et notamment avec la Chine, ont sévèrement impacté le fret aérien traditionnel et bouleversé les modèles économiques de la chaîne logistique à revoir leur modèle, la concurrence acharnée sur certains secteurs oblige néanmoins les entreprises à privilégier un mode d’approvisionnement et de distribution fiable et rapide pour s’inscrire dans une stratégie de “time-to-market”, et développer leurs parts de marché. Le fret aérien mondial ne représente que 5 % des marchandises transportées en volume, mais ces flux représentent 35 % de la valeur globale. Des produits à haute valeur ajoutée qui requièrent un traitement logistique particulier, et pour lesquels transporteurs et “expressistes” doivent respecter des normes de sûreté de plus en plus drastiques.
“C’est pour nous une question de vie ou de mort, puisque nous perdons, chaque nuit, l’avance gagnée, pendant le jour, sur les chemins de fer et les navires.” C’est Antoine de Saint-Exupéry avec son célébrissime Vol de Nuit qui donna ses premières lettres de noblesse au fret aérien. Nous sommes dans les années 20, une époque pendant laquelle les mythiques Breguet 14 mettaient deux jours pour acheminer le courrier de Toulouse à Dakar ; 4 500 km de danger, parcourus de nuit et souvent dans des conditions hasardeuses. En 1930, l’aéropostale s’attaque à l’Amérique du Sud avec le survol de la Cordillère des Andes, un trajet qui fut fatal à Jean Mermoz qui disparaîtra en 1936. Quelques années plus tard, pendant la seconde guerre mondiale, les premiers avions tout cargo (DC3 américains) font leur apparition pour acheminer le matériel militaire. Un des exploits les plus célèbres est le pont aérien de Berlin en 1948-1949 : plus de 3,5 millions de tonnes de fret seront transportées en un an par la voie aérienne.
Mais le véritable tournant pour le secteur du fret aérien a lieu avec l’apparition, dans les années 70, des premiers “jumbo jet”, des gros porteurs, à l’instar du Boeing 747 freighter, pouvant assurer des liaisons long-courriers avec à son bord 100 tonnes de fret. Le trafic s’intensifie de manière exponentielle dans les années 80 et 90, la profession se structure et voit apparaître de nombreux commissionnaires de transport qui se spécialisent sur le marché. À tel point qu’entre 1980 et 1999, le fret aérien connaît un développement de 500 %.
Aujourd’hui, si l’activité est en déclin, c’est parce qu’elle est le reflet de la conjoncture. “L’activité fret est un témoin de l’activité économique mondiale car c’est un des premiers secteurs qui subit la crise ou qui en sort”, observe Franck Goldnadel, le directeur de l’Aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. En 2009, en pleine crise, les 21 plateformes réparties dans le monde ont encaissé des chutes de trafic allant de 2 à 20 %. Reprise en 2010 avec des taux de croissance de l’ordre de 3 à 33 %. Conséquences de ces fluctuations liées à la volatilité de la conjoncture : les acteurs de la chaîne logistique ont dû repenser leur modèle économique pour survoler les zones de turbulences et trouver ainsi leur rythme de croisière.
Changement de paradigme
La crise a fait évoluer la stratégie des grands transporteurs de fret. Jusqu’en 2007, quand la croissance du secteur avoisinait encore les 5 à 6 % par an, la stratégie était à l’augmentation des flottes tout cargo. Avec la crise, cette stratégie s’est inversée et une tendance a émergé : le transport de marchandises s’effectue désormais à bord d’avions mixtes, c’est-à-dire dans les soutes d’avions de ligne. Dès 2008, la compagnie Air-France-KLM a été contrainte de repenser son modèle économique en travaillant notamment sur l’ajustement de son offre au transport pour suivre la baisse de 20 à 30 % de la demande. “Nous avons fait varier le paramètre que nous pouvions faire varier et nous avons réduit la taille de notre flotte d’avion tout cargo, qui est passée, de 2009 à fin 2011, de 10 à 5 avions.
Aujourd’hui, nous transportons à hauteur de 75 % dans des avions mixtes”, explique Jean-Claude Sénèque, directeur de l’exploitation d’Air France-Cargo.Parallèlement, la compagnie a été contrainte de mettre en place un plan de réduction des coûts, avec un “ajustement relativement important des effectifs en France de l’ordre de 17 à 18 % sur la plateforme de Charles-de-Gaulle.” Le chiffre d’affaires du transport de fret représente aujourd’hui entre 12 et 13 % du CA global du groupe Air France, en légère diminution par rapport à 2011 en raison du contexte du marché. Sur l’année 2010-2011, 726 000 tonnes de fret ont été transportées.
Avec la crise économique et la flambée du baril de pétrole, rentabiliser l’activité “tout cargo” est devenu extrêmement difficile. “Aujourd’hui on essaie de ramasser tous les flux en un point pour pouvoir ensuite alimenter tout le reste.L’offre pure cargo, comme l’affrètement, concerne essentiellement des gros projets”, précise Olivier Boccara, président de la Commission Aérienne de TLF Overseas (organisation professionnelle des commissionnaires de transport aérien) et DG de Saga France.
De plus, si les derniers avions construits permettent de transporter une plus grande quantité de marchandises, la surcapacité chronique dans le domaine du conteneur, qui s’explique par une économie mondiale en régression, n’arrange rien. “Le fret aérien subit la même tendance, sauf que les compagnies aériennes n’ont pas la possibilité de se coordonner comme le font peut-être parfois certaines compagnies maritimes”, soulève Philippe Bonnevie, le délégué général de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). Le monde aérien a d’ailleurs été lourdement sanctionné ces dernières années, que ce soit aux États-Unis, en Europe ou en Asie, pour des ententes illégales. “Cela les a touchés très durement compte tenu des sommes colossales qu’ils ont été amenés à payer à la fois en amendes et en dédommagement.
Des besoins ciblés
La grande majorité des entreprises ont des devoirs impérieux de réduction des coûts, et quand celles-ci sont importatrices ou exportatrices, le transport est une donnée capitale. Il leur faut donc trouver des solutions moins chères, alternatives, et dans ce cadre, le recours à l’aérien sera autant que possible évité au profit du maritime. Résultat, seulement 5 % des flux mondiaux sont aériens, mais ils représentent 35 % de la valeur des marchandises transportées. En tête de liste des secteurs utilisateurs de fret aérien : le luxe, l’électronique et l’aéronautique, avec des produits à la fois sensibles et à forte valeur intrinsèque.Des produits pour lesquels le ratio transport/prix de vente est relativement faible, donc supportable. Parmi les autres grands secteurs utilisateurs du mode aérien, la pharmacie se développe à grande vitesse, comme l’explique Alain Chaillé, vice-président des opérations Europe du Sud chez Fedex : “les médicaments destinés à traiter certaines maladies génétiques rares et dont la fabrication est centralisée en Inde, par exemple, sont acheminés par avion parce que l’on doit respecter une température très précise”. Les marchandises périssables transitent également par voie aérienne en flux imports, avec souvent comme destination finale le MIN (marché d’intérêt national) de Rungis. Roses d’Équateur ou bananes de Colombie… 1 million de fruits et légumes sont ainsi acheminés chaque année sur le plus grand marché de produits frais au monde.Entre 10 à 20 % sont transportés par avion et transitent par l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. 15 % prennent le train.
Le fret aérien est également utilisé ponctuellement pour du dépannage en cas de retard de livraison. L’entreprise pourra ainsi compenser son retard par une accélération du processus de livraison. “C’est le cas de l’industrie lourde en général, explique Philippe Bonnevie de l’AUTF. Si l’entreprise a un contrat contraignant avec son client et si elle ne respecte pas les délais, plutôt que de payer des pénalités de retard et voir son image de marque dégradée, elle va payer ponctuellement pour un lot d’une centaine de kilos ou quelques tonnes de fret aérien.” Enfin, dans les situations d’urgence dans lesquelles la difficulté réside dans l’anticipation, c’est sans conteste le moyen le plus rapide pour acheminer du matériel, peu importe sa valeur. Au moment du tsunami au Japon par exemple, des palettes d’eaux minérales ont ainsi été transportées par avion parce qu’il fallait continuer à alimenter les clients importateurs. Autre exemple, pendant l’épidémie de grippe H1N1, les fameux petits masques blancs ont voyagé presque exclusivement en aérien.
“Time-to-market”
L’activité de fret se divise en deux : le “général cargo” et le fret express. Pour le général cargo – le fret dit “traditionnel” –, le destinataire devra compter de 4 à 5 jours pour un transport de la France vers les États-Unis. Le fret express assurera quant à lui une livraison le lendemain matin. “On va enlever jusqu’à 17-18h à Paris, l’avion décolle à 20h30 et on va livrer le lendemain à 10h30 n’importe où aux États-Unis, avec la garantie de la livraison à l’heure”, déroule Alain Chaillé de Fedex. Cet “expressiste”, qui dispose d’une flotte impressionnante composée de 400 avions, 90 000 camions ainsi que des triporteurs électriques pour les courtes distances en centre-ville, traite 9 millions de paquets par jour dans le monde et maîtrise la chaîne de l’enlèvement chez le client à la livraison chez son destinataire. “En tant qu’intégrateur, nous pré-dédouanons la marchandise, explique Alain Chaillé.Les informations sont envoyées aux douanes américaines, et lorsque nous déchargeons l’avion sur le sol américain, les marchandises sont déjà dédouanées et l’on peut l’acheminer et la livrer trsè rapidement jusqu’à sa destination finale.” Sur l’aéroport de Roissy, Fedex travaille de manière presque autonome : “nous dégivrons nos avions nous-mêmes, nous ne dépendons pas de l’aéroport car nous avons du personnel pour toutes les opérations”. Inauguré en septembre 1999, le hub de Roissy-CDG, véritable ville dans la ville, est aujourd’hui le plus grand hub de Fedex en dehors des États-Unis : 300 vols par semaine, 61 500 colis et documents triés par heure sur une plateforme de 72 000 m2. Une mécanique bien rôdée, des colis scannés entre 15 et 20 fois entre leur déchargement et leur chargement, 454 caméras, des plans de contingence pour prévenir les principaux problèmes, et même un plan B en cas de grève des aiguilleurs du ciel sur Roissy, qui consiste à dérouter les avions vers Cologne ou l’Angleterre…
Malgré les périodes de crise, ce mode express reste en croissance, poussé notamment par la logique de “time-to-market”. Le développement de l’e-commerce et la concurrence acharnée que se livrent certains secteurs encouragent l’utilisation d’un mode de livraison rapide. Objectif ? Remporter de nouvelles parts de marché. “Les grandes enseignes du luxe ont un développement considérable en Asie. Le time-to-market est donc très important. Un client qui achetait un sac Kelly chez Hermès il y a dix ans pouvait attendre quelques années pour le recevoir. Aujourd’hui, les clients des pays émergents ne veulent plus attendre, donc si une marque comme Hermès ne fournit pas le produit à temps, le client se tournera vers la concurrence et achètera un sac Gucci ou Vuitton !”, constate Alain Chaillé. Même chose à l’import dans les secteurs de l’informatique et de la téléphonie mobile, avec des produits dont l’arrivée est annoncée et fait généralement l’objet d’un buzz ; des produits “Made in China” qui seront acheminés par avion très rapidement.
S’il est difficile d’avoir une estimation précise du coût complet que représente un transport aérien, selon Olivier Boccara “globalement, on a des écarts de l’ordre de 30 à 40 % entre le maritime et l’aérien”. Mais pour conquérir de nouveaux marchés, le juste-à-temps reste vital. Pour assurer les livraisons en urgence, des expressistes comme Fedex disposent même, pour certains clients, d’un stock de produits près de leur hub. “Le client peut nous appeler jusqu’à 23h pour nous demander de livrer une certaine quantité de produits, et nous assurons ensuite l’acheminement de la cargaison chez le client final le lendemain matin avant 10h30” garantit Alain Chaillé. Et si le colis est livré avec 5 minutes de retard, le client peut refuser de payer. Scanné une quinzaine de fois, à chaque manipulation, changement de conteneur, d’avion ou de camion, le client peut suivre en direct son envoi. L’expressiste assure que son taux d’erreur n’excède pas 1 %.
Des procédures de sûreté drastiques
Moins économique que le transport maritime, le mode aérien est aussi l’objet d’une réglementation beaucoup plus draconienne en matière de sûreté et de sécurité, avec notamment la problématique des quantités limitées par colis et par expédition pour certains produits dits “dangereux” comme le parfum, la peinture, les produits chimiques, cosmétiques ou encore les batteries au lithium (lire l’encadré). “L’expéditeur est responsable, explique Alain Chaillé. Il doit former ses employés, contrôler chaque produit et s’assurer qu’ils sont chargés au bon endroit dans l’avion. Un produit magnétique, par exemple, sera chargé au centre de l’avion afin qu’il ne perturbe pas les appareils de navigation. Les produits corrosifs seront quant à eux chargés à l’avant. C’est extrêmement réglementé. Le responsable du transport du conteneur doit présenter ces informations aux pilotes qui peuvent accepter ou non la marchandise.
Ces dernières années, et notamment à la suite des attentats du 11 septembre 2001, la prise en compte des besoins de sûreté, d’anticipation et de tracing des flux s’est intensifiée. Depuis cette date, le statut de “know consignor” – chargeur connu – est exigé par les États-Unis. “En France, ce processus a été mis en œuvre de manière très draconienne, souligne Philippe Bonnevie, ce qui fait qu’il y a très peu de chargeurs connus – à la différence d’autres pays où ce processus est allégé – car la démarche pour obtenir ce statut est très longue et coûteuse.” Mais en matière de contrôle et compte tenu que la réglementation européenne repose sur des directives dont la mise en œuvre peut être différente selon les pays, la progression est encore lente. “La France a mis le curseur à 100 en matière de sûreté alors que d’autres pays l’ont laissé pendant très longtemps à 20-25, estime le président de l’AUTF. Même si actuellement, la commission européenne pousse à une augmentation du niveau de sûreté chez ces mauvais élèves, tout le monde ne s’est pas encore mis au diapason.” Résultat : certaines sociétés, rebutées par ces règles strictes imposées en France, contournent l’obstacle en allant charger en dehors de l’Hexagone, et notamment à Frankfort, principal concurrent de Roissy. “C’est un phénomène connu”, glisse un spécialiste du secteur. Mais en matière de produits scannés, les choses commencent néanmoins à bouger : “l’Allemagne va bientôt avoir l’obligation de scanner toutes les marchandises transportées, car aujourd’hui elle est sur un mode déclaratif”, annonce Olivier Boccara. Ce passage d’une simple obligation de résultat à une obligation de moyen, nécessitant donc des procédures plus lourdes, “est beaucoup plus engageant”, estime-t-il.
e-fret et puces RFID
Comme de très nombreux secteurs, les compagnies aériennes transportant du fret ont désormais comme objectif de tendre vers une dématérialisation maximum des documents de transport, à l’instar de ce qui a été fait avec les e-services pour les passagers. “Un fret est toujours accompagné d’énormément de documents papiers, donc l’objectif est de développer le e-fret, explique Jean-Claude Sénèque d’Air France Cargo. Cette tendance est lancée, en croissance, mais reste très faible, de l’ordre de quelques pourcents. Car l’opération est complexe compte tenu du nombre et de la nature des documents qui accompagnent les expéditions de fret.” Autre (r)évolution : l’utilisation de puces RFID (Radio Frequency IDentification). “Nous avons mené récemment une étude de développement de la technologie RFID, à l’image de ce qui a déjà été fait du côté des bagages, poursuit-il. Ce projet n’a de sens que s’il est déployé par l’ensemble des acteurs sur l’ensemble de la chaîne, ce qui nécessite une démarche transversale. À mon sens, le niveau de maturité n’est pas encore atteint.
Marchandises dangereuses
Les batteries au lithium sur la sellette
L’industrie du fret aérien est confrontée depuis quelques années à un produit qui pose problème : les batteries au lithium. “C’est un type d’expédition autour duquel nous sommes très vigilants quant à la nature des déclarations et emballages que l’on nous remet, explique le directeur de l’exploitation d’Air France Cargo, Jean-Claude Sénèque. Si nous avons le moindre doute, nous demandons au transitaire de revoir son emballage ou sa déclaration.” Les raisons de cette inquiétude : ces batteries, utilisées dans les ordinateurs portables, téléphones mobiles et les appareils auditifs, peuvent s’enflammer spontanément. Depuis 2006, deux avions américains ont ainsi été détruits dans des incendies. Dernier crash en date : le 3 septembre 2010, un Boeing 747-400 d’UPS a pris feu et s’est écrasé près de Dubaï peu après son décollage, tuant deux pilotes. À son bord, 81 000 batteries au lithium.
Prenant le problème à bras-le-corps, le ministère américain des Transports a annoncé dernièrement qu’il comptait durcir sa réglementation concernant le transport de cette cargaison par voie aérienne en s’alignant sur les normes adoptées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Une avancée notable qui, jusqu’à présent, se heurtait au refus des grands noms de l’électronique comme Apple ou Samsung Electronics.
Ainsi, dès 2013, des transporteurs comme Fedex ou UPS pourraient avoir l’obligation de se soumettre à un contrôle de leurs cargaisons avant et après le déchargement en soute. En janvier 2010 déjà, le ministère américain des transports avait élaboré un texte similaire portant sur la sécurité des matériaux dangereux. Un texte bloqué par les députés face à la réaction des industriels concernés, qui estimaient alors que son application leur coûterait 1,1 milliard de dollars par an. Pourtant, selon une étude commandée par les régulateurs de l’aviation des États-Unis et du Canada, si de nouvelles règles de sécurité ne sont pas adoptées, des incendies déclenchés par des batteries au lithium pourraient détruire un avion-cargo immatriculé aux États-Unis tous les deux ans. Donc face à l’enjeu qu’il représente, le dossier progresse et les transporteurs de fret ainsi que les industriels ne s’opposent plus aujourd’hui à un durcissement de la réglementation.

Source: Le Nouvel Economiste (http://goo.gl/Wunc8)