mardi 18 décembre 2012

Le Villageois ou le retour de l’épicerie ambulante


Nicole Romanens et Robert Bochud ont mis sur pied une épicerie itinérante. A Estavannens et Lessoc, leur camion propose plus de 200 produits. Cette proximité semble ravir la plupart des clients.
PAR JEREMY RICO

La neige continue de tomber à gros flocons sur les routes d’Estavannens. Bravant le froid et les intempéries, Robert Bochud roule vers la première halte de sa tournée du mardi matin. Direction: le parking de l’Auberge des Montagnards. A l’arrière de sa camionnette, les étals bringuebalent au rythme des accélérations. L’église sonne 9 h. L’épicerie Le Villageois ouvre ses portes.
En moins d’une heure, une dizaine de curieux viennent effectuer quelques achats. Un petit record, après seulement deux semaines d’exploitation. «C’est plutôt bon signe, se réjouit Robert Bochud. La semaine dernière, j’ai eu deux clients ici, et quelques autres devant l’église. Il faudra encore attendre plusieurs tournées pour que le bouche-à-oreille se fasse. Pour l’instant, nous sommes le lundi matin à Lessoc et le mardi matin à Estavannens. D’ici au début de l’année prochaine, nous aimerions nous élargir à Crésuz, Botterens et Hauteville.»
Pour effectuer leurs achats, plusieurs solutions s’offrent aux clients: directement à l’intérieur du camion, mais également sur commande. «Il est possible de réserver des produits par notre site internet, ou par téléphone, explique Robert Bochud. En général, un client moyen achète pour une dizaine de francs. Les commandes par contre tournent régulièrement autour de 50 francs.»
Assortiment complet
Alimentation générale, produits laitiers, fruits et légumes, produits d’entretien. L’épicerie Le Villageois propose un assortiment de plus de 200 articles. «Nous accordons une large place aux produits régionaux, explique Nicole Romanens, à l’origine du projet avec son conjoint Robert Bochud. Une partie de notre pain vient par exemple de la boulangerie de Grandvillard.»
Le reste de la marchandise provient directement du magasin PAM, à Neirivue. Un moyen pour Nicole Romanens, gérante du commerce, de proposer des prix abordables. «Le client peut acheter ses produits au même prix dans notre magasin ou dans l’épicerie mobile. J’essaie de maintenir notre attractivité, mais rivaliser complètement avec les grandes surfaces reste très difficile. Parfois, un article est moins cher chez Coop ou Migros que directement chez mon fournisseur.»

Retour vers le passé
Remettre au goût du jour une épicerie itinérante. L’idée avait déjà été lancée il y a deux ans en Gruyère. Elle rappelle surtout les camions-magasins Migros, qui sillonnaient encore le pays il y a une décennie. Peu rentables, boudés par les clients, ils avaient fait place aux commerces de proximité.
Une époque qui semble bien révolue. «Dans les petits villages, les commerces ont tous fermé, déplore Nicole Romanens. A Estavannens ou Lessoc par exemple, notre épicerie est la seule à passer. Pour certaines personnes âgées, le retour du camion-magasin est le seul moyen d’effectuer des achats de manière autonome.»
Redonner vie au village
Bien plus qu’un simple commerce, les deux conjoints veulent instaurer un petit espace de rencontre sur leur passage. Et force est de constater que cela fonctionne. Même si les clients ne sont pas encore très nombreux, l’épicerie Le Villageois fait beaucoup parler. «Je trouve que c’est une très bonne idée, explique Berthe Pharisa, devant l’Auberge des Montagnards. Ce magasin peut rendre service à beaucoup de personnes qui ont des difficultés à se déplacer.»
Grand sourire aux lèvres, Robert Bochud constate que l’habitante d’Estavannens discute plusieurs minutes devant le magasin avec sa voisine, malgré la neige épaisse. L’objectif est atteint. Et cette proximité chère aux deux conjoints semble ravir la plupart des clients. Dont Emile Pharisa, arrivé quelques minutes plus tard : «J’ai vu le camion par la fenêtre de ma salle de bain. Je me suis dit que j’allais voir ce qu’il s’y vend.» A une dizaine de mètres de chez lui, le retraité d’Estavannens a ainsi pu acheter en toute tranquillité son pain et ses yaourts.

Site du Villageois: www.le-villageois.ch

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Victime de son succès
Nicole Romanens et Robert Bochud ne sont pas les premiers à mettre sur pied une épicerie itinérante dans la région. Armés de leur remorque réfrigérante, Jacqueline et Jean-Félix Chassot avaient déjà tenté l’expérience en 2009. «Notre commerce marchait au-delà de nos espérances, se rappelle Jean-Félix Chassot. Notre chiffre d’affaires était impressionnant. A tel point que nous avons été victimes de notre succès.»
Face à un tel engouement, le couple avait démarché de nombreuses banques afin d’investir dans l’entreprise. Sans succès. Sur leur passage, la plupart des clients les accueillaient à bras ouverts. A quelques exceptions près. «Nous avons tout de même subi certains mécontentements, dont une laiterie qui ne voulait pas d’un nouveau concurrent, déplore Jean-Félix Chassot. Cette situation nous a convaincus de tout stopper, il y a deux ans et demi environ.» JR
Source: La Gruyère (http://goo.gl/D8Koc)

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