lundi 5 novembre 2012

Distribution: Carrefour prend le volant du Drive


Le Drive, grâce auquel les consommateurs font leurs courses en ligne et les récupèrent sur le parking d'un hypermarché, ne cesse de faire de nouveaux adeptes. Carrefour le sait. L'enseigne en ouvre partout en France. En trois mois de temps, le groupe en a inauguré 39, dont le dernier en date à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).
"Les ouvertures se poursuivent, avec 164 points de vente à fin septembre 2012", a dévoilé jeudi le directeur financier du groupe, Pierre-Jean Sivignon, lors d'une conférence consacrée à la publication de son chiffre d'affaires du troisième trimestre 2012.
Depuis des années, la part de marché de ses grands hypermarchés (220 en France) s'effrite. Pousser son caddie dans un Carrefour ne fait plus rêver. Pour 69% des Français, faire ses courses dans les grandes surfaces est même une corvée, selon un sondage Ifop publié mercredi et réalisé pour Wincor Nixdorf. Et la mode est au e-commerce: 70% des Français éprouvent ainsi "du plaisir" à faire leurs courses en ligne.
De plus, en temps de crise, le Drive présenterait toutes les vertus. "Aux yeux des femmes - ce sont elles qui font les courses alimentaires - il permet de gagner du temps et de maîtriser son budget en achetant en ligne uniquement ce qui est prévu sur la liste de shopping", détaille Elisabeth Elixier, directrice générale du cabinet de conseil Le Site Marketing.
Quitte à acheter en une fois ce qu'ils achèteraient lors de plusieurs passages en magasin: derrière leur PC, les clients du Drive dépensent beaucoup. Les montants flirtent alors avec les 100 euros, soit deux à trois fois le montant moyen dépensé dans un hypermarché ou un supermarché.
Carrefour cède donc à la tendance. "L'enseigne doit surtout rattraper son retard sur ses concurrents", observe la dirigeante du cabinet de conseil Le Site Marketing. Tous les Leclerc, Casino, Auchan, Intermarché et autres Super U ont d'ores et déjà monté leur réseau de Drive en France. Leclerc en exploite 235, selon le panel établi par le cabinet Le Site Marketing. Casino en aligne, lui, 115. Le groupe stéphanois de distribution a quasiment bouclé son expansion en équipant ses hypermarchés et ses gros supermarchés de ce nouveau service. Parallèlement, il exploite quatre autres Drive, dans une version solo, c'est-à-dire sans être adossé à un hypermarché.
Mais ces dits Casino Express ouverts à Aix-en-Provence, Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), Vénissieux (Rhône) et, bientôt, dans la banlieue de Toulouse ne feront probablement pas de petits. Selon nos informations, le groupe présidé par Jean-Charles Naouri s'interroge sur le destin de ce modèle qui, à force, empiète sur le chiffre d'affaires de ses propres magasins. Car, une fois qu'un client s'est converti au Drive, à sa praticité et à ses prix identiques à ceux des magasins, il est accro. Et il ne se déplace plus en magasin.
"C'est la question que toutes les enseignes se posent. Le client du Drive reviendra-t-il en hyper?", analyse Elisabeth Elixier. La prise de risque est alors maximale pour Carrefour. Ses rayons, notamment de produits non-alimentaires (habillement, électroménager, etc.), souffrent d'un manque de fréquentation. "Et, bientôt, les clients du Drive exigeront que les promotions uniquement à valoir en magasins soient aussi applicables en ligne", prévient Elisabeth Elixier. Autant d'éléments qui pourraient encore éroder la rentabilité de l'enseigne.
Source: Challenge (http://goo.gl/FRISQ)

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