Vendredi 17h, c’est la vente au champ. Sous la tonnelle, des petits cageots de légumes fraîchement cueillis sont disposés sur la table. Les clients arrivent tout sourire, et la discute s’installe avec Céline et Cédric Saccone, jeunes maraîchers passionnés par leur activité. On s’intéresse à la culture des produits, on s’échange des recettes et on discute du goût des différents légumes présents. C’est que sur l’étal, chaque semaine, il y a à coup sûr 3 légumes originaux, avec des couleurs et des formes audacieuses. Ce sont souvent d’anciennes variétés qui, au nom de l’uniformité, ont depuis longtemps désertés les grandes surfaces. Cette semaine, ce sont les choux-raves bleus et les bettes aux cardes jaunes, oranges ou rouges. Des couleurs qui riment avec saveurs différentes.
Le succès est au rendez-vous parmi les gourmets du bien-manger. S’inscrire dans le mouvement des circuits-courts, c’est une philosophie de vie basée sur une réflexion par rapport à l’alimentation.
« Nos clients aiment découvrir et se laisser surprendre par des légumes oubliés, remis au goût du jour. Ils recherchent le goût, la qualité du produit, mais aussi la fraîcheur. Nos légumes sont cueillis juste avant la mise en vente sur l’étal. Il n’y a pas de réfrigération », explique le maraîcher.« En sus, on respecte le cycle de croissance des légumes, si bien qu’ils sont plus fermes et qu’ils sont composés de plus de matière sèche. Autrement dit, ils contiennent moins d’eau que les légumes forcés en serre » ajoute Emile Henrotte, également maraîcher « Aux goûts des saisons ».
Aussi, la clientèle est essentiellement locale et provient d’un rayon de 7 à 8 km. La vente au champ a permis de retisser du lien social dans le petit village hesbignon de Vaux-et-Borset, en province de Liège. « Il y a quelques années le village a été déserté de ses commerces de proximité : il n’y a même plus de boulangerie. L’activité au champ et la vente rassemblent entre 60 et 80 personnes tous les vendredis entre 15 et 19h. Et ça, ça recrée du lien au village. »
En outre, « La richesse de l’échange entre les gens est primordiale. Ici le client discute avec le producteur. Il peut se balader dans le champ. Il y a une forte demande pour des produits frais, sans pesticides, tout en gardant un prix doux. Nous ne pratiquons pas les prix démesurés du bio de grande surface. »
Et sur la possibilité de vendre la production à des grandes surfaces ? « On a bien sûr été approchés par des grandes chaînes, mais ça ne nous intéresse pas. On ne veut pas subir de pression financière. Actuellement, nous avons besoin d’un minimum de matériel, avec peu d’investissement. Cette liberté, on veut la garder », confient les maraîchers.
Qui a dit qu’il fallait beaucoup d’espace pour cultiver ? Sur un seul hectare de champ, Cédric et Emile cultivent par moins de 70 variétés de légumes : des carottes oranges, violettes ou rondes, des piments, des topinambours ou encore des panais. Quand on arrive au niveau des plants de tomates, les yeux se font gros comme des soucoupes. Il y a 800 plants pour 10 espèces de tomates : des vertes zébrées jaunes, des noires, des rouges cornues, des jaunes, des tomates cerises… des variétés robustes, goûteuses et multicolores.
L’entièreté de la parcelle est cultivée, et chaque centimètre carré le sera deux fois par année. Le planning de cultures et de vente est très précis. « Je sais ce que je dois semer par semaine pour récolter la quantité que je souhaite au moment où je le souhaite. Par exemple, chaque semaine, je dois avoir 150 laitues à la vente, et ce d’avril à fin décembre. Je dois régler correctement les plantations de boutures, semaine après semaine, pour toujours avoir le bon compte de légumes à proposer ». Un vrai casse-tête d’organisation ? Pas du tout, juste l’amour du métier.
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