D'après le Guardian, le fournisseur de crevettes de l'enseigne, CF Foods, travaille avec des bateaux pratiquant l'esclavage. Le distributeur a immédiatement réagi en suspendant ses relations commerciales avec ce dernier.
Certaines crevettes vendues chez Carrefour alimenteraient l'esclavagisme en Thaïlande. C'est la conclusion d'une enquête de six mois menée par le Guardian . Le quotidien britannique explique que l'enseigne française fait parti des grands groupes de distribution, aux côtés des géants Walmart, Tesco et Costco, qui se fournissent en crevettes auprès du numéro un du secteur, Charoen Pokphand (CP) Foods. Or l'enquête prouve que cette société fait elle-même appel à des fournisseurs qui pratiquent un esclavagisme intense.
CP Foods, société spécialisée dans l'élevage et la vente de crevettes et de plats préparés, achète du poisson pêché par des bateaux esclavagistes pour nourrir ses crevettes. D'après le Guardian, la main d'œuvre de ces bateaux serait constituée d'immigrants clandestins du Cambodge ou de la Birmanie voisine. Piégés par leur passeur, ces derniers se retrouvent vendus au capitaine pour 300 euros. Leur quotidien devient alors infernal. Détenus de force, ils travaillent 20 heures par jour. Pour les faire tenir, un seul plat de riz et surtout des méthamphétamines. D'anciens esclaves échappés des bateaux ont expliqué au Guardian qu'ils étaient régulièrement enchainés, battus et torturés. Les exécutions étaient aussi monnaie courante. L'un des rescapé affirme avoir vu 20 des ses camarades se faire tuer, l'un d'entre eux aurait même été écartelé.
«Carrefour condamne avec force, s'ils sont avérés, les faits rapportés par The Guardian», assure une porte-parole interrogée par Le Figaro. «Par mesure conservatoire, Carrefour décide de suspendre immédiatement ses achats directs ou indirects auprès de cette entreprise jusqu'à ce que la lumière soit faite», explique-t-elle. Pour sa défense, le groupe affirme avoir procédé en juillet 2013 à un audit social de l'usine de conditionnement de cette société «qui n'a rien révélé d'anormal à cette époque».
CP Foods, de son côté, a reconnu l'existence de cet esclavagisme dans sa chaîne de production mais dit «manquer de visibilité» sur l'importance du phénomène.
Une dérive plusieurs fois condamnée
L'esclavagisme dans l'industrie de la pêche thaïlandaise est connu de longue date. Le pays est régulièrement pointé du doigt par l'Organisation internationale du travail. Même s'il n'existe aucune statistique officielle, le gouvernement estime que sur les 300.000 personnes travaillant sur les bateaux de pêche, 90% sont des migrants susceptibles d'être exploités. Malgré cette prise de conscience, les autorités tardent à réagir par crainte de mettre en péril l'intégralité de la filière qui pèse 7 milliards de dollars. La pêche est un enjeu économique vital, notamment les crevettes dont la Thaïlande est le premier exportateur mondial. Chaque année, 500.000 tonnes de ce crustacé sont exportées.
Avec ce nouveau coup de projecteur, les ONG attendent une action ferme de la part des géants de la distribution, essentiellement ceux clients de CP Foods qui produit 10% des crevettes exportées.Pour l'ONG Anti-Slavery International, les distributeurs pourraient encore renforcer leur contrôle sur leurs fournisseurs et les obliger à bannir l'esclavage sous peine de rompre le partenariat. Elles attendent aussi un sursaut de la part des consommateurs. «Si vous achetez des crevettes de Thaïlande, vous achetez un produit issu de l'esclavage», prévient Aidan McQuade, directeur de Anti-Slavery International.
Source: http://goo.gl/5W3Qs4
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