vendredi 18 janvier 2013

COMMENT LES SUISSES SE NOURRISSENT


L’Union suisse des
paysans a tenu sa
traditionnelle conférence de presse du début d’année le 4 janvier
dernier. Sous l’intitulé «On est ce que l’on mange», le syndicat a sondé la manière dont la Suisse se nourrit.
L’Union suisse des paysans a accueilli les journalistes à sa traditionnelle conférence de presse du début de l’année. Comme à chaque fois, les représentants des médias étaient nombreux. L’occasion pour la presse généraliste de combler un creux d’événements en début d’année, ou véritable intérêt pour l’agriculture? Un peu des deux sans doute.
Ce vendredi 4 janvier, c’est sur l’exploitation maraîchère de Peter et Claudia Herren à Thörishaus, près de Berne, que le syndicat paysan a fait le point sur la situation de l’agriculture avec comme thème principal «On est ce que l’on mange». La deuxième partie du Rapport annuel de situation 2012 de l’USP explore la manière dont la Suisse se nourrit. L’évolution des modes de consommation a en effet un impact important sur l’agriculture qui doit s’adapter pour survivre. L’exploitation de Peter et Claudia Herren en est un exemple. De l’achat d’aliments bruts d’autrefois au convenience food d’aujourd’hui où le consommateur veut du tout prêt, il a fallu à chaque fois s’équiper en perspective.
L’agriculture est donc continuellement sous pression. Répondre aux attentes devient de plus en plus difficile pour les exploitations, tant il est délicat d’identifier des habitudes claires et nettes de consommation, a indiqué Francis Egger, responsable du département Economie à l’USP. Il n’y a pas «un» consommateur, mais différents types de consommateurs selon leur origine, leur situation financière, leurs besoins ou leur valeurs personnelles, a renchéri Jacques Bourgeois, directeur de l’USP.
Trois constats
L’USP fait trois constats. Tout d’abord la Suisse dépend fortement de l’étranger pour son alimentation. En comparaison mondiale, elle est le premier importateur de denrées alimentaires par habitant. Deuxième constat, les comportements des consommateurs sont contradictoires: manger sainement mais passer le moins de temps à cuisiner, préférer les produits régionaux mais avoir à disposition des fruits et légumes du monde entier. Ou encore, chercher les petits prix mais exiger un respect élevé de l’environnement et des animaux. Enfin, l’éloignement entre le consommateur et le producteur augmente du fait de la diminution du nombre de paysans et de l’exode des ruraux en ville. Cet éloignement croît également en fonction du degré de transformation du produit. Une situation qui affaiblit les relations entre le consommateur et le producteur, regrette l’USP.
Le rapport entre les consommateurs et l’agriculture sont toutefois plutôt bons, selon Jacques Bourgeois, évoquant un sondage récent réalisé à la demande de l’OFAG. «Ils apprécient l’enracinement local, la proximité et ses modes de production respectueux des animaux. Par contre, l’entretien du paysage et la biodiversité ont perdu de leur importance.»
Le prix, critère central
Malgré ces tendances diverses, le prix reste un critère central dans l’achat. Selon les sondages, un quart des consommateurs regardent en premier cet aspect. Celui-ci est même le critère d’achat le plus important «en général» sur une liste de six critères (prix, qualité, provenance, fraîcheur, apparence, label), selon le rapport de l’USP. Les intervenants n’ont pas manqué d’évoquer le tourisme d’achat comme indice marquant de cette réalité.
Jacques Bourgeois a relevé le fait que le même produit ne peut pas se vendre en Suisse à un prix de 10 à 15% plus cher qu’à l’étranger. Comment défendre alors la production suisse? «Les Suisses acceptent mal que l’on évoque leur pouvoir d’achat élevé pour justifier un prix plus élevé. En revanche, des coûts de production plus élevés, voilà une explication qu’ils comprennent.»
Le nouveau président de l’USP Markus Ritter met en garde les Suisses: nul ne peut être certain que leur pouvoir d’achat élevé et les bonnes relations internationales soient suffisants à l’avenir pour assurer leur subsistance grâce aux importations. Ils doivent être conscients du coût des exigences de la production suisse. D’où l’importance de soutenir le secteur agricole suisse et d’éviter une pression excessive sur les prix à la production. Cela d’autant plus que les prestations complémentaires non marchandes que livre l’agriculture sont difficiles à séparer des prestations marchandes et à rémunérer par le prix du marché.
Dans ce contexte, Markus Ritter regrette le rejet par le Conseil des Etats de nombre d’initiatives de l’USP favorisant une orientation de la Suisse vers le respect du principe de la souveraineté alimentaire. Les intervenants n’ont pas manqué ici aussi d’évoquer deux instruments abondamment discutés cette année: le Swissness et la Loi sur l’aménagement du territoire.
Et le rapport de l’USP de poursuivre: «Les consommateurs de demain ne devraient pas être moins exigeants que ceux d’aujourd’hui. Sauf s’ils y sont obligés parce que le temps de la pléthore de denrées alimentaires est tout simplement révolu. C’est un scénario non souhaité, mais qui n’est pas tout à fait exclu».
Conclusion de Markus Ritter: «A la question, comment se nourrit la Suisse, je peux répondre en quelques mots. La Suisse se nourrit d’aliments de très grande valeur à un prix comparativement très bon marché. Mais il ne va pas de soi que cela continue ainsi. Pour cela, il faut poser les bons jalons».
VOTRE AVIS
De quelle manière peut-on mieux orienter le consommateur vers les produits suisses?
Vos réponses
journal@agrihebdo.ch Fax 021 6130640

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