mardi 15 janvier 2013

"Promouvoir une alimentation durable pour l'écologie et notre santé"

En faisant le choix d'une alimentation de très bonne qualité adaptée à nos besoins, il est possible résoudre simultanément les problèmes écologiques et de santé publique. Telle est la conviction de Christian Rémésy, nutritionniste et ancien directeur de recherche à l'Inra(1) de Clermont-Ferrand. Cela passe par une alimentation durable, dont il précise le concept.

En quoi consiste une alimentation durable ?
Christian Rémésy : Les contours d'une alimentation durable correspondent très largement au profil d'une nutrition préventive, riche en produits végétaux, équilibrée en acides gras essentiels et comportant un apport modéré de calories d'origine animale. Cela suppose donc de revoir l'orientation des productions agricoles ainsi que leurs pratiques. En réduisant de moitié la part des calories alimentaires d'origine animale en l'espace d'une génération, cela aurait un effet très positif sur l'écologie, en mettant fin à l'élevage industriel, et sur la santé publique, en consommant moins de protéines et d'acides gras saturés.

Comment jugez-vous les recommandations alimentaires ?
Christian Rémésy : Les recommandations du PNNS, Plan national nutrition-santé, avec les trois produits laitiers par jour et beaucoup de flou dans ses autres préconisations sont peu efficaces en matière de nutrition préventive et peu incitatives en matière d'alimentation durable, un concept qui n'entrait pas dans le logiciel initial du PNNS.
L'industrie agroalimentaire est largement responsable de la mise sur le marché d'aliments dépourvus d'intérêt nutritionnel. Cette évolution a été rendue possible à la suite de l'incurie des pouvoirs  publics. Manipulés par un marketing redoutable, les consommateurs ont rapidement accepté la nouvelle offre. Cependant les classes moyennes les plus éclairées sont capables de faire de meilleurs choix alimentaires que la population la plus défavorisée, si bien qu'il se développe une alimentation à deux vitesses. D'une manière générale l'offre alimentaire de la grande distribution ne correspond pas aux besoins nutritionnels des consommateurs, ce qui explique que notre longévité en bonne santé est loin d'être satisfaisante.

Au niveau de la production agricole, quelles pratiques conviendrait-il de modifier ?
Christian Rémésy : Une alimentation durable ne se résume pas en une alimentation bio. L'agriculture biologique va dans la bonne voie, mais cela n'est pas suffisant. D'ailleurs, il y a les produits bio industriels qui tombent dans les mêmes travers que les autres produits transformés.
En diminuant la  production et la consommation de produits animaux, cela modifierait en profondeur le paysage agricole. Pour autant, cela ne mettrait nullement en danger ce secteur économique. Au contraire, en régionalisant au maximum l'agriculture et l'industrie agroalimentaire, nous nous placerions alors sur le terrain d'une offre alimentaire de très bonne qualité et mieux valorisée, avec de nombreuses conséquences positives sur le plan de la répartition des richesses et des emplois, et sur le plan de la santé publique.

(1) Inra : Institut national de recherche agronomique

Pour poursuivre la réflexion, quelques ouvrages :
- L'alimentation durable : Pour la santé de l'homme et de la planète de Christian Rémésy (Ed. Odile Jacob, 2010)
- Que mangerons-nous demain ? de Christian Rémésy (Ed. Odile Jacob, 2005)
A signaler également sur ce thème l'existence d'un master spécialisé « Innovations et politiques pour une alimentation durable», formation labellisée par la Chaire Unesco « Alimentations du monde » et mise en place par Montpellier SupAgro et le Cirad.
 

Source: Campagne et Environnement (http://goo.gl/vHzmh)

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