lundi 21 janvier 2013

Volutes de champignons à la nicotine


Dans au moins trois chaînes de supermarchés, des lots contaminés ont été retirés de la vente. Motif : un dépassement de la teneur maximale autorisée en nicotine.
Ils ont poussé comme des champignons, ces jours derniers, les communiqués annonçant le retrait des rayons de certaines barquettes de champignons. A commencer par le groupe Univeg, qui " se veut un important fournisseur de produits frais et services d’excellence ". Dans la foulée, de Wommelgem à Evere, chacun y a été de son petit communiqué particulier. Il y a donc eu Carrefour, Aldi et Makro et, selon les cas, il était question de champignons blancs emballés par paquets de 500 grammes, des barquettes de 350 grammes de champignons bruns de Paris et d’autres, de 400 grammes elles, contenant un mélange de champignons d’élevage. ("La Libre" du 18 janvier).
Que leur reprochait-on au juste, à ces champignons sommés d’être retirés de la vente sur-le-champ ? Une teneur - potentielle selon certains et avérée pour d’autres - en nicotine, constatée après analyse par le secteur des producteurs et des revendeurs dans le cadre de leur autocontrôle. Interdite en Europe depuis 2010, la nicotine est le principal alcaloïde du tabac. Elle a des propriétés fongicides, acaricides et insecticides "mais son usage est tombé en désuétude ", indique l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) où l’on précise que : " son usage étant interdit, la limite maximale en résidus (LMR) a été établie par défaut au niveau européen (CE) à 0,01 mg/kg de champignon ".
Une limite qui est toutefois fixée à 0,04 mg de nicotine pour certains champignons sauvages dont des analyses ont démontré dans le passé la présence naturelle de traces de nicotine. En 2009, en effet, une enquête menée à l’initiative de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) sur des champignons sauvages déshydratés avait mis en évidence la présence excessive de nicotine dans la quasi-totalité des 176 échantillons analysés. " Nous sommes toujours à la recherche de l’origine précise de cette présence de nicotine pour les lots incriminés, nous a dit Jean-Paul Denuit, porte-parole de l’Afsca. Nous avons donc pour cela prélevé des échantillons dans les milieux de culture chez les producteurs afin d’analyser les différents composants et les comparer avec des produits d’autres pays. L’enquête est en cours. On sait en revanche que les teneurs qui ont été détectées dans les champignons ayant fait l’objet d’un rappel oscillent entre 0,48 mg/kg et 1,2 mg/kg. "
Se pose dès lors assez légitimement la question du risque pour la santé du consommateur. " La LMR d’un pesticide est rarement une limite toxicologique , répond l’Afsca. Si la LMR est dépassée, il s’agit d’une infraction à la réglementation et le lot est considéré non conforme, mais il n’y a pas nécessairement de risque pour le consommateur ." Cela dit, l’Efsa a pour sa part étudié la toxicologie de la nicotine et a défini "la dose aiguë de référence". " Il s’agit de la dose maximale qui peut être absorbée par jour sans constater d’effet sur la santé , nous précise encore Jean-Paul Denuit. En se basant sur cette donnée, mais aussi des statistiques relatives à la consommation de champignons par divers types de consommateurs, l’Afsca a déterminé une limite toxicologique. Si celle-ci est dépassée, les marchandises doivent être retirées de la vente. C’est ce qui s’est passé en l’occurrence. Nous avons informé les consommateurs et nous les avons invités à ne pas consommer ces produits ."
Quant aux effets susceptibles de survenir en cas d’ingurgitation importante de ces marchandises impropres à la consommation, si le fait de manger quelques champignons ne présente aucun danger immédiat pour la santé, les effets toxiques de taux élevés de nicotine dans l’organisme sont, eux, bien connus. Il s’agit d’effets sur le système nerveux périphérique et central avec maux de tête, agitation excessive, vertiges, confusion, troubles auditifs et visuels, palpitation cardiaque et augmentation de la pression artérielle A l’heure actuelle, si des consommateurs se sont manifestés auprès de l’Afsca pour poser des questions à ce sujet, aucune plainte n’a encore été déposée, nous a affirmé notre interlocuteur.
D’origines belge et néerlandaise
Ce cas met aussi en évidence la large distribution de champignons provenant d’une source probablement unique puisqu’au moins trois grandes surfaces sont déjà concernées par cette affaire ", nous a fait remarquer un fin observateur du secteur. Sur la question de la provenance, il nous a été répondu à l’Afsca que les lots commercialisés en Belgique, proviennent de producteurs belges et néerlandais. On n’a cependant pas voulu divulguer l’origine plus précise de ces produits. " L’agence n’est pas habilitée à communiquer les informations sur les opérateurs individuels ", selon son porte-parole.
Source: La Libre (http://goo.gl/cQMSF)

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