mercredi 21 août 2013

L’agriculture urbaine en Belgique ou sauvegarder la biodiversité en ville ?

Une multitude de petits potagers collectifs ou individuels et quelques fermes urbaines pionnières, éparpillés sur un espace urbain devenant de plus en plus exigu, telle est la situation actuelle de l’agriculture urbaine en Belgique.

Les pratiques agricoles en ville refont surface actuellement, stimulées par des associations et des citadins de plus en plus nombreux à réclamer la verdurisation de leur milieu de vie aux travers des agendas 21 locaux, des quartiers durables et des écoquartiers. Il s’agit essentiellement d’activités de maraichage, voire dans certains cas d’élevage d’animaux. Certaines d’entre elles intègrent également des activités de sensibilisation à l’écologie et aux pratiques de jardinage écologiques.
L’agriculture urbaine est plus développée chez nos voisins anglais ou hollandais qu’en Belgique, et ce malgré les multiples et indéniables bénéfices de l’agriculture urbaine pour les villes et les communautés : qu’il s’agisse de raccourcir les circuits de distribution - et ce faisant diminuer les émissions de CO2 et le besoin en énergie - ou de renforcer un maillage vert par une verdurisation de zones urbaines défavorisées et promouvoir la biodiversité en ville, les intérêts sont nombreux.
Instruments incontournables de la protection de la biodiversité, la gestion des espaces verts et le renforcement du maillage vert sont pris en charge le plus souvent par les autorités publiques, épaulés parfois par le secteur associatif. Au travers des potagers collectifs, les citoyens se réinvitent donc dans la gestion du sol et se réapproprient un savoir-faire confié au secteur agricole par les populations urbaines au cours du XXème siècle.

Des initiatives dans plusieurs villes du pays
Dans les trois régions du pays, de nombreuses associations font la promotion de l’agriculture urbaine et multiplient les activités. Ainsi, en Région flamande, l’association VELT -Vereniging voor Ecologisch Leven en Tuinieren, association sœur de VELT Pays-Bas regroupant 15 000 membres, s’occupe de sensibiliser aux pratiques potagères écologiques par le biais de formations, de conférences et de publications et surtout par la mise en place d’un réseau de membres partout en Belgique.
Signalons également le travail réalisé par l’association « les Jardins de Pomone » pour cultiver et valoriser les légumes oubliés : formation au jardinage, conférences, cours de cuisine, production et ventes de graines et de plants de légumes oubliés. Selon cette association, 80 000 espèces de légumes existent, une diversité qui permettrait de déguster un légume différent chaque jour pendant 220 ans.... L’association gère plusieurs jardins du côté de Laeken (Bruxelles).
En Région wallonne, le collectif IPE, regroupant des architectes et des urbanistes, tente de protéger le foncier face à la pression de l’urbanisation. Là, il s’agit de sauvegarder 300 parcelles potagères qui existent depuis 50 ans et qui s’étendent sur 3 km au centre-ville de Liège. Pour IPE, il convient de favoriser un développement intégré de l’espace au lieu de le consacrer exclusivement au logement. Vu le potentiel de cet espace, il pourrait devenir un modèle de référence en matière d’agriculture urbaine.

Vers un renouveau de la production agricole en ville ?
Peu d’initiatives sont réalisées dans un but de rentabilité économique ou de développement d’une activité de production en milieu urbain. Toutefois, Eco-Innovation installé sur la Région de Bruxelles-capitale est une asbl qui ambitionne de développer une activité primaire de production en milieu urbain à travers la création d’une plateforme de services intégrés de maintenance et de création d’espaces d’agriculture urbaine durable. Par le biais d’un programme de revitalisation dans la Commune d’Anderlecht - contrat de quartier Lemmens- cette association a déjà commencé à cultiver environ 1 ha de terrain, dédié à la culture de fruits, de légumes et d’aromates en bac. La récolte sera écoulée à travers des filières courtes -GAS (groupement d’achat solidaire), petits commerces locaux et cantines.
Selon les acteurs de terrain, les obstacles au développement d’une véritable agriculture urbaine sont, outre le financement et la volonté des pouvoirs publics, la disponibilité des terres, la sécurisation des sites, leur irrigation, la qualité des sols, la résolution des conflits d’usage et de voisinage, l’écoulement des produits et la pérennisation des initiatives. De nombreux défis se posent donc pour cette agriculture citoyenne amenée à faire davantage parler d’elle dans le futur. D’une part, une plus grande reconnaissance des initiatives existantes par les pouvoirs publics ainsi qu’une meilleure valorisation des terres (notamment via des plans d’occupation des sols) permettront à l’activité de se structurer.
D’autre part, l’information et la formation des acteurs s’impose également pour que l’agriculture urbaine soit un réel vecteur de sensibilisation à une agriculture plus durable.
Témoignant de la contribution de l’agriculture urbaine à la qualité de vie des citadins, les initiatives sont de plus en plus nombreuses et donner un inventaire exhaustif est difficile tant ces pratiques sont informelles et parfois discontinues dans le temps. On constate cependant que toutes ces initiatives reflètent des aspirations profondes et sont stimulées par des buts différents mais qui tous convergent : ramener la nature en ville et promouvoir une utilisation multifonctionnelle et intégrée des espaces urbains.


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