Le 5 juin, journée mondiale de l'Environnement, nous avons entendu beaucoup de chiffres sur l’impact environnemental du gaspillage alimentaire – dilapidation des ressources, contribution au réchauffement de la planète. Nous avons entendu que plus d’un milliard de tonnes de nourriture est gâché chaque année, et nous n’en avons pas cru nos oreilles.
Trente pour cent de notre alimentation ? Pourquoi ? Pourquoi toute cette nourriture est-elle gâchée?
Exactement. C’est ce que nous devons nous demander : Pourquoi. Pour s’attaquer vraiment au problème, nous devons d’abord en comprendre les origines. L’étude exhaustive publiée récemment par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) identifie cinq étapes clés, chacune d’elle génératrice de gaspillage: la production agricole, le stockage des denrées, leur transformation, leur distribution, et enfin leur consommation, jusqu’à ce que nous jetons chaque jour dans nos vide-ordures.
Lors d’un jour comme aujourd’hui, nous regardons souvent du côté du consommateur. Nous sommes tous des consommateurs et nous sommes les premiers témoins de ce que nous gâchons chaque jour. Bien sûr nous voulons tous aider. WRAP , une organisation à but non lucratif dédiée à cette problématique, a estimé que 7,2 millions de tonnes de nourriture étaient jetés chaque année par les foyers britanniques, soit environ un cinquième des achats en alimentation et boissons du consommateur. Et pourtant, on trouve en amont quatre autres foyers de gaspillage.
Dans les pays à bas revenus, jusqu’à quarante pour cent de la nourriture est perdu après la récolte et pendant la transformation des matières premières agricoles. Le manque d’infrastructures, de routes, d’entrepôts, en est souvent la cause. Et lorsque les infrastructures sont là, c’est aussi le cadre réglementaire qui peut faire défaut. En amont de la chaîne de valeur, bon nombre de denrées sont perdues à cause de contaminations qui auraient pu être évitées. Mais les solutions pour la sécurité alimentaire nécessitent réglementations et habilitations. Ce vide réglementaire est problématique et lors d’un récent échange avec la FAO nous avons discuté de la manière dont on pouvait faire face à cette problématique, et de l’importance de travailler ensemble pour s’assurer que des structures de conformité adaptées sont en place dans ces pays.
Parallèlement, dans de nombreux pays développés, quantité de produits sont dédaignés par les consommateurs et les grandes surfaces pour des raisons cosmétiques. En Italie, le Centre de Barilla pour l’Alimentation et la Nutrition a rapporté que tous les fruits et légumes jetés sur les points de vente avaient nécessité soixante-dix milliard de tonnes d’eau à être produits. A nouveau, nous devons nous demander pourquoi.
Comprendre pourquoi nous gâchons n’est pas qu’un exercice intellectuel. Car une fois que nous les aurons comprises, nous pourrons agir sur les causes. Nous travaillons chaque jour avec des agriculteurs, avec des industriels de l’agro-alimentaire, et nous savons qu’encore plus d’innovations et de collaborations seront nécessaires pour venir à bout de ce gaspillage.
Par exemple, les pays du Conseil de Coopération du Golfe, bien connus pour leurs températures extrêmes, importent 70% de leurs denrées alimentaires – transbahutées d’aéroports en entrepôts, transitant par les douanes, rissolant sur les tarmacs. Les compagnies de fret aérien savent bien que ces ruptures de la chaîne du froid sont un cocktail idéal causant des dommages irréversibles aux produits frais. En travaillant aux côtés d’entreprises comme Emirates SkyCargo nous avons pu appliquer nos innovations scientifiques et notre savoir-faire pour les aider à améliorer leur gestion de la chaîne du froid – En contrôlant mieux les températures et en protégeant mieux les denrées périssables.
C’est un progrès pour l’environnement, évidemment. Mais c’est aussi mieux pour le milliard d’individus qui se couche chaque soir avec la faim au ventre alors que cette nourriture est jetée. De nos années d’expérience aux côtés de l’industrie agroalimentaire, nous avons acquis la certitude que la science peut aider à résoudre ces problèmes. Nous savons comment faire un certain nombre de choses. Mais nous devons également admettre que nous ne pourrons jamais venir à bout de la faim dans le monde sans s’attaquer à la problématique du gaspillage alimentaire. Pour y parvenir, nous devons nous demander pourquoi on en est arrivé là.
Source: Les Echos (http://goo.gl/AXG35)
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