En ces temps de crise économique et de remise en cause des frais de santé, l’achat d’aliments, comme facteur de prévention, revêt chaque jour une importance grandissante. En tant que consommateur et professionnel de santé en nutrition, il me paraît opportun de bien décrypter ce que l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution nous proposent de consommer. Pour ce faire, j’ai étudié quatre dépliants publicitaires, de quatre grandes enseignes (Carrefour, Jumbo Score, Leclerc et Leader Price), en vigueur début septembre.
Ce qu’il faut savoir, avant d’aller plus loin, c’est que les aliments sont généralement classés en 7 familles en fonctions de leurs caractéristiques nutritionnelles : 1) viande/poisson/œuf = VPO ; 2) féculents = FEC (riz, grains, pâtes, pomme de terre); 3) produits laitiers = P LAIT (lait, yaourt, fromage); 4) matières grasses = M G (huile, beurre, margarine, crème); 5) produits sucrés = P SUC ; 6) boissons = BOISS ; 7) fruits et légumes = F LEG.
J’ai résumé dans un tableau l’ensemble des résultats (voir ci-contre). Il y a très peu de différences dans la présence des familles d’aliments, d’un dépliant sur l’autre (moins de 5 points d’écart) avec un peu moins de viandes chez Leader Price et plus de boissons (notamment alcoolisées) chez Carrefour.
Fruits et légumes : alors qu’on devrait manger, dans une alimentation variée, trois fois plus de fruits et légumes que de protéines animales, ils sont neuf fois moins présents sur la pub en général. Frais, ils ne sont pas toujours là et ont, dans deux cas sur trois, une durée de disponibilité courte (sur 3 ou 4 jours, marqués sur le dépliant).
Féculents : ils sont trois fois moins représentés que la viande alors qu’on en mange trois fois plus en quantité. Boissons : les alcools sont très favorisés, dans les dépliants, à presque 60 % des boissons. Les boissons sucrées sont elles aussi très présentes à plus de 25 %. Ce qui laisse peu de place pour le reste (eau, thé, café).
Principales promotions : les protéines animales sont deux fois plus concernées que les alcools et produits sucrés, trois fois plus que les féculents et produits laitiers, six fois plus que le reste des boissons et les fruits et légumes.
Conclusion pour nos responsables et décideurs locaux. Après avoir étudié ces dépliants, il semblerait que les produits mis en avant, les produits promotionnés, soient souvent les mêmes (ex : cassoulet comme plat préparé chez les quatre enseignes). Les viandes, boissons alcoolisées et produits sucrés (ici j’inclus les boissons sucrées) sont sur-représentés. Les fruits et légumes, surtout « frais », sont peu ou pas valorisés.
Dans notre société, les maladies où la consommation joue un rôle important (alcoolisme, diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires, certains cancers, hypertension) sont en forte progression ! Les intérêts économiques ne pourraient-ils pas être plus compatibles avec la santé de la population ? N’oublions pas que c’est en faisant ses courses que commence la bonne gestion de son alimentation, donc de sa santé !
Source: Le Quotidien (http://goo.gl/z8X2j)
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