Le géant orange et la chaîne bio allemande Alnatura ouvrent conjointement un supermarché à Zurich-Höngg. Ils offrent un assortiment de 5000 produits.
Manger bio fait reflechir!
Par Blaise Willa
Rédacteur en chef adjoint
blaise.willa@lematin.ch
Manger bio, c’est bien. Pour le consommateur soucieux de sa santé, pour la nature sans pesticides et ses paysages fleuris, pour les animaux élevés sans hormones et pour notre bonne conscience. Oui: le temps d’un repas, le mangeur a enfin trouvé le moyen de se racheter une virginité face aux tourments que la planète subit à longueur d’année à cause de lui.
D’un produit de niche, le bio est ainsi devenu un produit de masse qui compte de plus en plus de convertis: Migros vient d’ouvrir à Zurich son premier magasin 100% bio – une formule qui pourrait essaimer dans toute la Suisse –, Coop possède une belle part de marché dans notre pays et tout porte à croire que le secteur va encore s’accroître. La concurrence s’annonce féroce.
Seulement voilà, la semaine dernière, un pavé est tombé dans la mare: le bio ne serait pas aussi merveilleux qu’on le dit. Une étude américaine de Stanford montre qu’il n’existerait aucune preuve que consommer bio a un impact positif sur la santé. Les chercheurs ont passé au crible 17 études sur l’homme et plus de 200 sur les aliments. Les résultats, qui ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine, alimentent depuis une belle polémique.
Faudrait-il donc renoncer au bio? Mais non! Le goût d’une tomate bio reste vraiment meilleur et l’impact positif des cultures sur l’environnement n’est pas un leurre. Mais au moment de payer son légume, devant la caissière, le consommateur devra surtout se souvenir de cette question: pourquoi suis-je donc prêt à payer plus cher pour du bio?
Rédacteur en chef adjoint
blaise.willa@lematin.ch
Manger bio, c’est bien. Pour le consommateur soucieux de sa santé, pour la nature sans pesticides et ses paysages fleuris, pour les animaux élevés sans hormones et pour notre bonne conscience. Oui: le temps d’un repas, le mangeur a enfin trouvé le moyen de se racheter une virginité face aux tourments que la planète subit à longueur d’année à cause de lui.
D’un produit de niche, le bio est ainsi devenu un produit de masse qui compte de plus en plus de convertis: Migros vient d’ouvrir à Zurich son premier magasin 100% bio – une formule qui pourrait essaimer dans toute la Suisse –, Coop possède une belle part de marché dans notre pays et tout porte à croire que le secteur va encore s’accroître. La concurrence s’annonce féroce.
Seulement voilà, la semaine dernière, un pavé est tombé dans la mare: le bio ne serait pas aussi merveilleux qu’on le dit. Une étude américaine de Stanford montre qu’il n’existerait aucune preuve que consommer bio a un impact positif sur la santé. Les chercheurs ont passé au crible 17 études sur l’homme et plus de 200 sur les aliments. Les résultats, qui ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine, alimentent depuis une belle polémique.
Faudrait-il donc renoncer au bio? Mais non! Le goût d’une tomate bio reste vraiment meilleur et l’impact positif des cultures sur l’environnement n’est pas un leurre. Mais au moment de payer son légume, devant la caissière, le consommateur devra surtout se souvenir de cette question: pourquoi suis-je donc prêt à payer plus cher pour du bio?
Comparatif des prix entre Alnatura et la Coop
POMMES
Variété gravenstein, prix au kg.
Alnatura: 5 fr. 50
Coop: 5 fr. 80 (Image: Jean-Guy Python)
Variété gravenstein, prix au kg.
Alnatura: 5 fr. 50
Coop: 5 fr. 80 (Image: Jean-Guy Python)
COSMÉTIQUE
Huile de soin à base d’argousier, de la marque Weleda, 100 ml.
Alnatura: 22 fr. 50
Coop: 22 fr. 50 (Image: Jean-Guy Python)
Huile de soin à base d’argousier, de la marque Weleda, 100 ml.
Alnatura: 22 fr. 50
Coop: 22 fr. 50 (Image: Jean-Guy Python)
HUILE D’OLIVE
La bouteille la moins chère de 0,5 l prise dans les deux magasins.
Alnatura: 6 fr. 90
Coop: 8 fr. 50 (Image: Jean-Guy Python)
La bouteille la moins chère de 0,5 l prise dans les deux magasins.
Alnatura: 6 fr. 90
Coop: 8 fr. 50 (Image: Jean-Guy Python)
SPAGHETTIS
Paquets de 500 g.
Alnatura: 1 fr. 45.
Coop: 2 fr. 90. (Image: Jean-Guy Python)
Paquets de 500 g.
Alnatura: 1 fr. 45.
Coop: 2 fr. 90. (Image: Jean-Guy Python)
TOMATES
En grappe, prix au kg.
Alnatura: 5 fr. 60
Coop: 7 fr. 20 (Image: Jean-Guy Python)
En grappe, prix au kg.
Alnatura: 5 fr. 60
Coop: 7 fr. 20 (Image: Jean-Guy Python)
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La guerre du bio fait rage sur les bords de la Limmat. Pour contrer la suprématie de Coop sur ce segment, Migros Zurich a ouvert la semaine passée, dans le quartier de Höngg, un supermarché 100% bio sous le label Alnatura – le nom d’une chaîne allemande qui compte déjà 70 succursales chez nos voisins. «Le concept du magasin, c’est Alnatura, mais le personnel vient de Migros. Ici, la carte cumulus est aussi valable», explique Rolf Fuchs, porte-parole de Migros Zurich. Il refuse en revanche d’en dire plus sur cette association qui s’apparente à une joint-venture.
Le nouveau venu dans le monde de la grande distribution offre 5000 produits sur 460 m2. Des cosmétiques aux fruits et légumes en passant par le papier de toilette et la viande, tout est bio. «Notre assortiment est suffisamment complet pour combler les besoins d’un consommateur. Quant aux produits bio que l’on trouve déjà dans les supermarchés de Migros-Zurich, ils sont vendus ici au même prix», ajoute le porte-parole. Si le local avait offert plus de place, Alnatura-Migros aurait même ajouté des couches-culottes dans les rayons.
Pour séduire sa clientèle, le magasin joue la carte écolo jusque dans les moindres détails: tous les produits réfrigérés sont rangés derrière des portes vitrées, afin d’économiser au maximum la consommation d’électricité.
«C’est un projet pilote dont la durée n’a pas été déterminée et qui est suivi attentivement par toutes les autres Migros régionales», souligne encore Rolf Fuchs. Des supermarchés Alnatura-Migros bientôt en Suisse romande? Ce n’est pas de la science-fiction. Aussi bien Migros Genève que Migros Vaud marquent leur intérêt pour l’expérience. «Selon les résultats zurichois, nous aviserons de la pertinence ou non de suivre cette voie», répond Isabelle Vidon, des relations publiques de Migros Genève.
Même son de cloche chez Migros Vaud: «Depuis trois ans, le marché du bio progresse constamment, entre 10 et 15% par année», rappelle Evelyne Emeri, responsable de la communication. Qui ajoute: «Les résultats zurichois seront suivis, analysés et, bien entendu, déterminants.»
Pas d’inquiétude chez Coop
Chez Coop, on joue la décontraction face au nouveau venu. Pour Dominik Schneider, porte-parole du géant bâlois, «Coop est clairement leader sur le marché suisse du bio et présente même l’une des offres les plus grandes dans ce domaine au niveau mondial».
Dans la filiale de Coop du quartier zurichois de Höngg, située à deux pas d’Alnatura, de nombreux produits bio sont plus chers que ceux de la nouvelle enseigne de Migros, si l’on excepte les marques comme Weleda dont les prix sont identiques et… le papier ménage, nettement moins cher chez Coop. Mais la nouvelle donne ne décourage pas Basim Dushica, le gérant du supermarché, pour qui «l’arrivée d’un nouveau venu, c’est aussi un défi passionnant».
Pour la Fédération romande des consommateurs (FRC), le nouvel acteur dans le monde suisse du bio est perçu plutôt avec bienveillance. Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC, note ainsi: «Je ne peux que me réjouir d’un nouveau concurrent qui va exercer une pression sur les prix. Avec un bémol: que la nouvelle chaîne ne représente pas un danger pour les petits marchés bio de proximité.»
Au Topinambour, un magasin bio de quartier à Lausanne, Martine Soncini, la gérante, estime que les petits commerces ne seront pas forcément menacés par la nouvelle chaîne de supermarchés. «Notre personnel très spécialisé est capable de donner des conseils que vous n’obtiendrez jamais dans une grande surface!» (Le Matin)
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