lundi 10 mars 2014

L’aquaculture, pilier alternatif de la pêche responsable ?

La pisciculture de Laurent Murgat (ici avec un omble chevalier « volant ») respecte la charte qualité « aquaculture de nos régions », offrant de nombreuses garanties: respect du rythme biologique, traçabilité, qualité de l’eau (D.R.)
Elle favorise les circuits courts, repeuple les sites maritimes et d’eau douce, respecte des normes environnementales toujours plus drastiques, et caviar sur le gâteau, arrive à bluffer les palais de chefs étoilés. Preuves à l’appui, le CIPA a mené une opération séduction à sur les atouts de la filière en Rhône Alpes. Détails.
Effectuant un tour de France de découverte de l’aquaculture des régions, le Comité Interprofessionnel des produits de l’aquaculture (CIPA) a choisi l’Isère comme escale en Rhône Alpes pour réunir pisciculteurs, transformateurs de produits, traiteurs, restaurateurs, grossistes, autour d’un déjeuner/table ronde. Aux fourneaux et au service, les élèves en CAP restauration et cuisine du Lycée professionnel de Voreppe, avec à la toque, le chef Tugdual Debéthune du Centre Culinaire Contemporain de Rennes. Après une mise en bouche de tartare d’omble chevalier provenant de la ferme Murgat de Beaufort en Isère, les deux tests sur des échantillons d’élevage et sauvages de turbot et de bar (excellemment cuits !) furent édifiants : 20/29 des invités ont désigné le turbot de la ferme maritime de Montpellier comme d’origine sauvage, et 15/29 ont fait de même pour le bar d’élevage de la ferme corse Gloria Maris. Objectif de la démonstration: convaincre restaurateurs  et acteurs de la distribution de se tourner vers les produits frais et dérivés de poissons d’élevage locaux en région Rhône-Alpes, l’une des plus grandes consommatrices de salmonidés en France. Fournissant 50%  de l’approvisionnement mondial en poissons (9% en 1980), la filière  reste un secteur  sous exploité en France, puisque 87% des poissons d’élevage sont importés.
Une production aquacole de qualité
Le plus gros potentiel, le développement de l’aquaculture maritime, est encore frileux, et celui d’eau douce principalement basé en Aquitaine, Bretagne, et Nord Pas de Calais/Picardie stagne. «C’est très compliqué de développer en eau douce en raison de la complexité réglementaire touchant l’eau et l’environnement, il faut pouvoir acheter un site extérieur. Le développement est trop lent en France, mais on a l’avantage de bénéficier d’une très bonne image de qualité» explique Laurent Murgat, Président de l’ADAPRA (développement de la pêche en Rhône-Alpes). A la tête de la plus ancienne pisciculture familiale de France depuis 1898, l’homme bichonne avec son frère, truites Fario et arc en ciel, ombles chevaliers et saumons de fontaine dans les eaux cristallines des fontaines de l’Oron. Sa production de 650 tonnes est vendue en frais ou vivant à plusieurs fins : vente directe à la ferme, vente d’alevins pour la pêche de repeuplement ou d’autres piscicultures, vente à des grossistes. Elle honore régulièrement les tables de Paul Bocuse et autres sujets de fierté, fournit un autre descendant Murgat essaimé dans le Vercors, le cousin Jean-François qui vient d’obtenir la médaille d’or de la truite fumée au salon de l’agriculture. Fortement engagé dans la démarche de développement durable de la filière aquacole Rhône alpine, Laurent Murgat aimerait voir relever le défi de l’aquaculture: arriver à réduire la part des ressources marines dans l’alimentation. Grâce à la substitution croissante par des farines céréales et terrestres, il ne faudra plus qu’1kg de poissons sauvages (non consommables et chutes) pour produire 1kg de poissons d’élevage en 2020. « Aujourd’hui, on est sur des pistes innovantes comme l’utilisation des insectes. Pour la truite, ce serait le repas idéal, c’est un poisson qui est très équilibré en oméga 3 et oméga 6, et un mixte de crevettes et d’insectes serait parfait pour assurer cet équilibre ».
Nanouk Lantran
Les chiffres Clés – La pisciculture en Rhône Alpes

. 3161 tonnes de salmonidés produits sur 40 sites (28 entreprises) dans la Drôme, l’Isère et l’Ardèche
. 1200 tonnes dont 600 de carpes produites sur les 14 100 hectares d’étangs (1600 en Forez, 11 600 en Dombes)
. 500 tonnes produites par 60 pêcheurs professionnels sur les lacs alpins (Léman, Bourget, Annecy).
La pisciculture en France
. 48100 tonnes de poissons dont 36000 tonnes de truites (3ème rang européen) et 5000 tonnes de poissons marins (France pionnière en alevins)
. 2500 emplois directs
. 260 millions d’€ de CA
Source: L'Essor (http://goo.gl/Yqp9Py)

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