Les fruits et légumes cultivés par les citadins possédant un potager sont-ils plus sains que les produits cultivés aux pesticides en périphérie ?
Cultiver un potager en ville est un phénomène assez nouveau. Une forme de do it yourselfpour pallier à la malbouffe, pour consommer plus de légumes en contournant les filières industrielles… et le risque d’ingérer des aliments traités chimiquement.
Des chercheurs de l’université technique de Berlin se sont penchés sur la pertinence de ce postulat en prenant en compte la circulation automobile, inhérente au quotidien urbain.
Les résultats obtenus sont clairs. Ils renvoient les cultivateurs à leurs méthodes pour trouver des solutions alternatives permettant de protéger les plantes des agressions extérieures. En l’état, cultiver sur un balcon dans une ville à forte concentration automobile revient à condamner ses récoltes à la pollution par les gaz et métaux. A relativiser : la fréquentation automobile mesurée lors de cette étude vont de 5000 à 50 000 véhicules par jour. On parle ici d’importantes fréquentations.
A Berlin, les tomates de balcon s’assaisonnent naturellement au cadnium :
L’expérience avait pour terrain Berlin, où les chercheurs ont délimité plusieurs secteurs en fonction de leur exposition au trafic automobile (sur 3 niveaux : forte, moyenne ou faible).
Dans les potagers de la capitale allemande, ils ont mesuré les concentrations de cadnium, chrome, plomb, zinc, nickel et cuivre dans les tomates et les haricots verts, mais aussi dans les racines, des carottes, pommes de terre, du chou-rave et encore dans les feuilles de cresson, basilic, menthe, thym, blette et chou rouge.
Pour le calcul, importait la distance entre le potager et l’axe de circulation voisin, lenombre de passages sur cette voie mais aussi la présence ou non d’obstacles tels qu’un bâtiment pouvant faire écran à certaines pollutions.
Verdict : les légumes sont plus pollués en ville qu’en périphérie. Doit il être si définitif ?
Hélas pour les cultivateurs sur balcon, il semblerait que les produits cultivés de façon bio mais en ville soient plus contaminés par les métaux, dont la concentration sera plus élevée que dans les fruits et légumes achetés en supermarchés…
La teneur en cadnium mesurée dans les tomates était 11 fois plus élevée sur un balcon qu’en supermarché. Elles contiennent également 5 fois plus de nickel.
Quant aux blettes de ville, elles hébergent 6 fois plus de zinc que les blettes des champs.
Pour au moins un des métaux recherché, plusieurs légumes cultivés en ville affichent des concentrations jusque deux fois supérieures à ce que l’on peut trouver dans les rayons fruits et légumes des supermarchés.
Il est clair pour les scientifiques ayant travaillé sur cette expérience, que la pollution automobile est responsable de la dégradation de la qualité sanitaire des fruits et légumes cultivés en ville. Les valeurs limites européennes sont même pulvérisées pour les deux tiers des légumes échantillonnés à proximité des routes à forte affluence et situées à moins de 10 mètres de celles-ci. Les arbres ou bâtiments peuvent réussir à faire obstacle à la pollution néanmoins et dans les zones urbaines ainsi enclavées, la pollution pénètre moins les récoltes.
Les auteurs de cette étude conseillent donc d’installer un potager en ville uniquement à une distance raisonnable des gros axes, si possible derrière quelques écran de style urbain ou sauvage : arbre ou tour d’immeuble…
Tout ceci est à relativiser.
Il s’agit de fortes fréquentations automobiles dont parlent les auteurs. Au minimum, de moins de 5000 véhicules à 50 000 véhicules par jour. Si vous habitez une rue peu fréquentée, à priori pas de soucis pour votre potager.
Références :
Säumel I, Kotsyuk I, Hölscher M, Lenkereit C, Weber F, Kowarik I., How healthy is urban horticulture in high traffic areas? Trace metal concentrations in vegetable crops from plantings within inner city neighbourhoods in Berlin, Germany. Environ Pollut. 2012 Jun;165:124-32.
Source: http://goo.gl/EYZLS
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