lundi 9 septembre 2013

E-logistique: Comment commerçants et prestataires peuvent répondre aux nouveaux enjeux

E-commerçants et prestataires ont déjà commencé à s’adapter aux nouveaux enjeux de la e-logistique, comme le relève le cabinet Xerfi-Precepta, qui a passé le sujet au crible dans une étude, pour en dégager les principales pistes de travail. Détail.
Portée par la hausse du nombre de transactions, la croissance du e-commerce sera toujours à deux chiffres en 2015. Les ventes en ligne atteindront alors près de 70 milliards d’euros dont presque 32 milliards d’euros pour les seules ventes en ligne de biens, selon les prévisions de Xerfi-Precepta. Face à l’inflation des transactions, améliorer l’efficience économique et écologique de la livraison, et en particulier de la livraison à domicile, devient crucial pour les distributeurs et l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique. C’est tout l’enjeu du dernier kilomètre.
Alors que certains logisticiens sont encore en phase d’adaptation, d’autres ont déjà saisi les opportunités offertes par le dernier kilomètre. Après une croissance de 20 % en 2012, le chiffre d’affaires des spécialistes de la e-logistique continuera d’augmenter mais à rythme moins soutenu. Ainsi, les experts de Xerfi-Precepta anticipent une croissance de leur activité de 17% en 2013, 15 % en 2014 et 14 % en 2015.
Les distributeurs ont plusieurs cartes en main…
Mais c’est surtout du côté des distributeurs, qu’ils soient e-commerçants ou commerçants de proximité, que pourraient s’élaborer les bases d’un modèle du dernier kilomètre économiquement et écologiquement efficient. Pour réduire le coût du dernier kilomètre, les enseignes ont plusieurs solutions à leur disposition.
-La première est d’éduquer le consommateur pour lui faire accepter de payer la livraison.Actuellement, la gratuité bien ancrée de ce service est un outil de conquête et de fidélisation pour les cybervendeurs. Même s’il est illusoire d’espérer un changement radical du comportement des consommateurs, les expériences de certains sites marchands montrent pourtant qu’ils ne sont pas réfractaires au changement, à condition de maximiser la « valeur client » de la livraison.
Le site Allopneus.com propose, par exemple, le montage à domicile des pneus achetés sur son site.Pour sa part, Showroomprive.com offre une livraison en 24h sur un marché des ventes privéesoù la norme est de 3 à 4 semaines. Parfaitement menées, ces stratégies constituent des éléments de différenciation forts et de réels avantages concurrentiels pour les e-commerçants.
-Mettre en place des solutions alternatives à la livraison à domicile, c’est-à-dire en points relais ou en magasin, est la deuxième solution à la disposition des enseignes. Parce qu’elle permet d’acquérir de nouveaux clients et de générer du trafic en magasins, c’est certainement du côté de la livraison en magasin qu’il y a plus à attendre dans un avenir proche. Le web-to-store semble être la solution idéale pour déployer l’e-commerce au sein de réseaux d’indépendants.
En redirigeant les cyberacheteurs du site marchand de l’enseigne vers ses points de vente, les dispositifs click & collect associés à un système de redistribution du chiffre d’affaires rendent caduque la question de la concurrence entre le site marchand d’une enseigne et son réseau de commerçants indépendants. Cependant, ce dispositif ne peut pas résoudre totalement la problématique du dernier kilomètre, les enseignes ne disposant pas toutes d’un maillage territorial suffisant pour proposer cette solution à tous les clients.
….mais recourent aux prestataires pour mutualiser les flux
Mutualiser les flux pour réaliser des économies d’échelle sur le coût unitaire de la livraison est la troisième piste explorée par les distributeurs. Ils doivent à l’évidence faire appel aux prestataires (logisticiens, transporteurs), les mieux placés pour déployer des stratégies de volume et donc de lutte par les coûts. Les acteurs de la chaîne logistique sont donc confrontés à une double problématique : massifier les flux pour réduire les coûts de livraison et proposer des solutions de proximité pour répondre aux attentes des e-commerçants et des consommateurs.
Dans ce contexte, les transporteurs mettent en place une intégration verticale de la chaîne logistique, à l’image de La Poste qui a poussé cette logique à l’extrême. Présent dans toutes les étapes de la chaîne logistique, le groupe réalise désormais plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans l’e-commerce BtoC en France, selon les estimations des experts de Xerfi-Precepta, loin devant ses concurrents (Geodis, DHL, UPS,…).
De leur côté, les logisticiens renforcent et concentrent leurs moyens. ID Logistics vient ainsi de finaliser le rachat de CEPL, quelques mois après avoir créé une business unit dédiée à l’e-logistique. Les logisticiens misent aussi sur leurs investissements de capacité et d’automatisation des entrepôts pour s’adapter au dynamisme du e-commerce et répondre à la demande d’un nombre croissant de sites marchands qui recourent à l’externalisation pour mutualiser les flux.
Les e-commerçants, des prestataires logistiques en devenir ?
Cette même logique de mutualisation incite les e-commerçants à jouer un rôle de plus en plus important dans l’offre de prestations logistiques. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à proposer des prestations logistiques pour le compte d’autres cybervendeurs. Ils disposent en effet de l’expertise et des ressources pour se positionner.
Par exemple, le rachat du logisticien ADS par Rakuten a permis à sa filiale PriceMinister de mettre en place le service « Expédié par PriceMinister-Rakuten » pour les vendeurs de sa market place, équivalent du programme « Fullfilment by Amazon ». Si Amazon et PriceMinister proposent des prestations logistiques aux vendeurs de leur place de marché, d’autres acteurs proposent leurs services à des distributeurs extérieurs. C’est le cas du groupe 3 Suisses International qui a lancé en 2013 Dispeo, une filiale spécialisée dans la préparation de commandes pour l’e-commerce.
Vers un retour du commerce de proximité
Quelles que soient les stratégies des opérateurs de la chaîne logistique et des distributeurs pour réduire le coût du dernier kilomètre, elles ne sont pas satisfaisantes d’un point de vue environnemental. Les transporteurs vont donc poursuivre leurs efforts, notamment en utilisant des véhicules à motorisation alternative.
Néanmoins, comme la mise en place de ces solutions durables nécessite de lourds investissements, les logisticiens tentent simultanément de réduire les flux de marchandises spécifiques à l’e-commerce. Pour ce faire, ils peuvent utiliser les points de retrait pour positionner ces flux sur les trajets habituels des consommateurs. Or, les zones de transit comme les gares, les stations de métro, de RER ou encore les parkings sont encore pour le moment sous-équipées. Seul Kiala dispose de points relais dans quelques gares parisiennes et de province.

Source: LSA-conso (http://goo.gl/rkM7QP)

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