mardi 10 décembre 2013

Consommation Publication d’un rapport sur les marges alimentaires

« On ne peut plus vivre sur le mythe du prix bas », avertit l’économiste Philippe Chalmin qui constate dans son rapport annuel que les filières agroalimentaires sont « le dos au mur ».

Les consommateurs peuvent être contents : les prix des produits alimentaires augmentent peu, en tout cas beaucoup moins que les prix agricoles, constate Philippe Chalmin dans le rapport présenté hier de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. Le problème est que cela se paie d’une situation « aux limites du supportable » pour les filières qui ont dû rogner sur leurs marges. Trop pour certains, note Philippe Chalmin qui évoque les « cadavres » du secteur agroalimentaire, notamment en Bretagne.

Des prix stables 

D’un côté, « une flambée des prix agricoles » qui ont globalement augmenté de 50 % entre 2005 et 2013. En cause, principalement : la hausse de la demande des pays émergents (Chine, Brésil…) plus forte que la hausse de la production.
De l’autre côté, des prix alimentaires assez stables grâce en particulier à « l’extrême concurrence entre les enseignes » de la grande distribution, souligne Philippe Chalmin. « Les filières ont joué un rôle d’amortisseur ». Et au bout de la chaîne, « le consommateur est le grand gagnant ».

Mais à quel prix ?

Philippe Chalmin tire la sonnette d’alarme : « On ne peut pas vivre éternellement sur le mythe du prix bas ». Cette pression s’exerce sur toute la filière, et a généré ces derniers mois entre industriels et distributeurs des négociations « d’une violence inédite », selon l’association des industries alimentaires (ANIA).
Prenons un exemple détaillé dans le rapport, celui de la longe de porc. Son prix au détail a augmenté l’année dernière de 34 centimes à 6,62€. Mais cette hausse finale se décompose en 21 centimes de plus sur la matière première à l’entrée de l’abattoir, 17 centimes de plus sur la marge brute du distributeur… et 6 centimes de moins pour la marge de l’industrie de l’abattage-découpage.
C’est évidemment intenable à moyen terme. « Dans les grandes filières d’élevage, les acteurs sont le dos au mur », commente Philippe Chalmin. Il se refuse, faute de données, à le traduire en terme d’emploi. Mais il est clair que la satisfaction du pouvoir d’achat du consommateur se paie par plus de chômage. « Surtout, insiste le rapporteur, s’il faut faire face à la concurrence du boucher intérimaire polonais dans les abattoirs allemands » – allusion à la polémique autour de la directive européenne sur les travailleurs détachés.

Distribution : marges variables 

Les grandes et moyennes surfaces n’apparaissent donc pas ici comme les « profiteurs » parfois dénoncés, mais plutôt comme les acteurs d’un jeu dangereux pour tout le monde : leurs marges varient entre du positif sur la charcuterie et les volailles (plus de 5 %) et du négatif sur la boucherie (-0,9 %) et surtout la marée (-3,7 %). Entre ces extrêmes se situent les fruits et légumes (+0,9%) et les produits laitiers (+2,4%).
Il faut rappeler que ce rapport est agréé par les syndicats agricoles, les industriels et la distribution. Ce qui rend à la fois indiscutables et d’autant plus préoccupants ses constats…
Source: DNA (http://goo.gl/EFXES0)

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