lundi 9 décembre 2013

Finalement, le terroir, qu'est-ce ?

Réunion publique jeudi dernier à Pau, pour discuter des circuits courts en alimentation. On y apprend des trucs qui foutent la trouille :
En matière de fruits et légumes, la production locale du département ne pourrait le nourrir que deux jours. Le reste de l'année, on importe. Ou alors, on se nourrit de maïs dont nous sommes un des plus gros producteurs. Le maïs , grillé en particulier, j'aime bien. Mais 363 jours par an, je dis non !
Côté viande par contre, on fournit chaque année de quoi se nourrir deux ans. Le reste, exporté. Or import et export égale camions, donc égale pétrole...
Par ailleurs, la réunion se proposait de voir comment approvisionner local en circuits courts les cantines et autres restaurants collectifs. Le problème, c'est que ces centres de restauration ne sont généralement pas équipés pour préparer les légumes, et demande qu'ils soient nettoyés, préparés et surtout faciles à répartir (donc patates carrées de préférence, et carottes non tordues, donc orientation génétique de la production, merci l'agriculture bio) . J'aidée qu'il vaudrait mieux réserver les circuits courts aux AMAP et vente directe aux particuliers.
Autre problème, pour produire plus en fruits et légumes ou en maraichage, il faudrait davantage de terres. Or celles-ci diminuent en surface, rognées qu'elles sont par les grandes surfaces, les résidences secondaires et les emprises inutiles (autoroute imbécile PAU-LANGON, suivez mon regard).
Mais supposons que l'on trouve des lopins, il faut les acheter. Allez demander à une banque un prêt pour agriculteur débutant, vous ne serez pas déçus.
Sur ma lancée, j'apprends que le SO est le plus gros producteur de Maïs de France, et la France le premier en Europe, devant la Roumanie qui y consacre pourtant la première surface d'Europe. Ne me dites pas que les roumains mangent du maïs à tous les repas, j'y crois pas. Et si nous avons de si bons résultats, c'est grâce aux OGM dont le grain contient le pesticide fourni avec la semence, miam miam.
j'apprends aussi en surfant que la production de mais augmente considérablement du fait des surfaces consacrées en particulier au "bio"éthanol : davantage de demande, ce qui fait augmenter les prix, et diminue d'autant les surfaces consacrées à d'autres cultures potentiellement plus utiles.
Sauf que dans les résidus de maïs pour "bio"éthanol, il y a des "drêches" que l'on donne à manger aux animaux (sauf qu'il manque un acide aminé essentiel, qu'il zentraine des troubles digestifs et du métabolisme phosphocalcique, etc etc. Et que la plupart du temps les zones d'élevage sont loin des zones de culture intensive du maïs, d'où...d'où ? transport et pétrole, vous avez gagné ! quant à la qualité du lait, on ne sait pas trop (mais c'est bon pour la quantité)
je passe sur les cultures hors sol quelle que soit la saison (comme si la bonne vieille terre ne suffisait plus), la baisse de fertilité des bovins, la nécessité de les suivre au plan génétique et chimique, nos bovins seront bientôt plus chargés que Virenque et Amstrong réunis.
Bon, tout ça est un peu fouilli, documenté pauvrement et en vrac, mais voudrait susciter des questions, car si l'on parle à juste titre beaucoup de finance, d'économie, de social, de principes républicains et du vivre ensemble, on parle trop peu me semble-t-il d'agriculture et d'alimentation :
 - qui décide de qui produit quoi, quand et comment ? Quel est l'échelon pertinent  pour en décider, région, pays, continent ?
 - nos paysans sont ils toujours là pour nous nourrir, ou sont-ils en train de devenir des mercenaires biochimistes transformant le vivant pour fournir non plus des aliments, mais des devises, et au profit de qui ?
En clair, finalement, le terroir, qu'est-ce ?
 - les paysans d'aujourd'hui 

Source: Mediapart (http://goo.gl/RMkA0b)

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