mardi 14 janvier 2014

« Il y a une très forte demande pour les produits bio-sourcés »

Installé près de Compiègne, Pivert aura pour but de développer une chimie utilisant des matières premières agricoles en remplacement des matières premières fossiles.
 Gilles Ravot, directeur général de la société Pivert.
Gilles Ravot, vous êtes directeur général de la société Pivert, acronyme de « Picardie Innovations Végétales, Enseignements et Recherches Technologiques ». De quoi s'agit-il ?
Pivert c'est d'abord un programme de recherches très important puisqu'il va réunir 150 chercheurs qui travailleront dans différents laboratoires partenaires, comme ceux de l'UTC (Université technologique de Compiègne) et de l'UPJV (Université Picardie Jules Verne), dans le secteur de la chimie du végétal. Un domaine essentiel pour la transition énergétique.
Le deuxième axe stratégique, c'est la construction d'un centre de développement qui va nous permettre de faire du développement industriel à partir des résultats de la recherche citée plus haut. C'est ce centre qui va se construire à Venette (Oise) dans le courant de l'année 2014 pour être disponible mi en 2 015. Arnaud Montebourg vient en poser la première pierre ce lundi.

L'originalité de Pivert c'est donc d'associer des laboratoires académiques qui font de la recherche et des industriels qui accélèrent le transfert à l'industrie des résultats de cette recherche. Sa particularité c'est encore qu'elle porte un projet retenu en 2011 par le gouvernement dans le cadre des « investissements d'avenir. »

La chimie du végétal, c'est quoi ?
C'est une chimie qui consiste à utiliser comme matière première des ressources végétales en lieu et place des ressources fossiles (pétrole). Dans notre cas, la matière première ce sont les oléagineux. Les principaux marchés associés à nos travaux sont l'alimentation, la chimie au sens large, la cosmétique, la santé. L'une des applications attendues ce sont par exemple les plastics bio-sourcés. Le secteur de l'automobile est très demandeur de ces produits. Pour des questions de performances, car certains polymères issus de la chimie du végétal sont plus légers. Mais aussi pour des questions marketing, car il y a une attente du public.

L'utilisation de plantes alimentaires pour les bio-carburants et la chimie verte fait toujours débat. Quelle partie de la plante utiliserez-vous ?
Toute la plante, y compris ce qu'on peut considérer du point de vue alimentaire comme un déchet ou un sous-produit de la plante. Ceci étant, la chimie du végétal utilisera des quantités de ressources peu importantes. Le gouvernement a fixé à 15 % le taux des matières premières d'origine végétale devant rentrer dans l'industrie chimique en 2 017. Cela représente grosso modo 5 % des surfaces cultivables.

Comment la recherche de Pivert sera-t-elle utilisée par les industriels ?
Le principe est de générer des droits de la propriété intellectuelle. Une fois déposés, les industriels pourront les exploiter à travers des licences. Nous avons déjà déposé plusieurs brevets, et même commencé à constituer des familles de brevets. Sous réserve que les produits bio-sourcés soient fabriqués à un coût économiquement compétitif et qu'ils soient aussi performants que les produits pétro-sourcés, il y a une très forte demande des industriels. Neuf grandes entreprises ont rejoint le « club », toutes leader dans leur domaine. Et quand on parle de valoriser la plante entière, certains composants seront transformés en énergie : c'est pour cela que nous avons également Veolia autour de nous.

Sur un plan juridique, comme fonctionne Pivert ?
Pivert est une société de droit privé. L'actionnariat est réparti à 50 - 50 entre le public et le privé. C'était l'une des conditions pour les « investissements d'avenir ». Pour la partie industrielle, on retrouve Sofiproteol (Venette), Solvay, SNC Lavalin, Maguin (équipementier de l'Aisne), le chimiste PCAS, plus le pôle IAR (pôle de compétitivité Industries et agro-ressource en Champagne-Ardennes Picardie). Pour la partie académique, toutes les universités régionales sont là, plus les deux organismes de recherches qui sont des références pour nous, à savoir dans le domaine de la chimie le CNRS, et dans le domaine de l'agriculture l'INRA.
Source: Courrier Picard (http://goo.gl/zkvue4)

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