Le distributeur allemand change de modèle en France. Il revoit son assortiment pour séduire une clientèle plus aisée.
«L'idéal c'est Lidl», assure le slogan du géant allemand du hard discount. À ce détail près que LidlFrance vient justement d'abandonner son idéal, le modèle du hard discount: seulement 1500 produits à marque propre, vendus à prix très bas grâce à de fortes rotations. Friedrich Fuchs, le patron de la filiale tricolore depuis mai 2012, l'avait annoncé en octobre. C'est désormais effectif.
Il s'agit d'une véritable rupture pour la seconde filiale du très discret groupe Lidl, qui compte 12.000 magasins dans le monde. Selon Deloitte, c'est le septième distributeur mondial, avec des ventes estimées à 87,8 milliards de dollars en 2011. Outre-Rhin, il compte 3300 magasins et a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires estimé à 16,2 milliards d'euros par Lebensmittelzeitung.
Présent en France depuis 1988, Lidl s'y est imposé avec son concept allemand, déployé dans 1500 magasins. Le distributeur au logo bleu-jaune-rouge est le plus grand des hard discounters (Netto, Leader Price, Aldi, Dia). Mais, à l'instar de ses concurrents, il stagne depuis quatre ans à la septième place avec une part de marché de 4,6 %.
Dans un contexte de guerre des prix entre les distributeurs traditionnels (Carrefour, Leclerc...), le hard discount ne fait plus recette. Lidl est donc obligé de se remettre en cause. «Jusqu'à il y a deux ans, Lidl ouvrait 80 voire 100 magasins par an. Aujourd'hui, nous ne prévoyons plus que quelques ouvertures par an et nous nous concentrons sur la rénovation complète du parc d'ici trois ou quatre ans. Il faut changer notre image, qui est catastrophique en France», reconnaît un des principaux dirigeants de Lidl France.
Les magasins prennent des couleurs, vendent du pain frais et des fleurs et changent d'assortiment proposant une nouvelle gamme de produits régionaux et surtout de nombreuses marques (Nutella, BN, Ariel, Tampax, Lays...).
Agrandissements prévus
Ce changement de modèle est un bouleversement bien plus fort que l'introduction, en 2006, d'une poignée de marques nationales aux côtés de celles de Lidl (Milbona, Saint Alby, XXL..). Le groupe avait alors décidé de viser une «nouvelle clientèle issue des classes moyennes et aisées». Cela n'a visiblement pas suffi.
«Nous sommes encore considérés comme des importateurs de produits étrangers, mais 70 % de nos produits sont fabriqués par des PME françaises, assure Michel Biero, gérant achats et l'un des sept membres du collège de gérance de Lidl France. Nous proposons des marques distributeurs avec le meilleur rapport de qualité-prix, pas du premier prix tout court. Nos prix sont d'ailleurs les mêmes dans tous les Lidl de France.»
Pour mieux combattre les idées reçues, Lidl a déménagé en septembre la quasi-totalité des équipes du siège de Strasbourg à Rungis (94). Auprès du ministère du Redressement productif, Lidl a insisté sur la récente création de sa centrale d'achat «Made in France». La semaine dernière, les 125 acheteurs des 25 pays Lidl étaient réunis à Paris pour préparer leurs foires aux vins français. Dans l'Hexagone, le groupe prévoit même de faire «bientôt» de la publicité à la télévision, une hérésie au pays du hard discount.
Si Lidl ne formule pas d'objectifs, une nouvelle étape d'expansion se prépare bel et bien. Elle ne passera pas forcément par l'ouverture de nouveaux magasins comme par le passé. Plutôt que de faire grossir le nombre de points de vente, le groupe souhaite en augmenter la taille. «Il y a deux ans, la surface moyenne était de 670 m2, aujourd'hui elle est de 800 m2, le but étant d'arriver à 1 200 m2», confie un connaisseur du distributeur. Une taille proche de celle d'un supermarché classique. Une preuve de plus du changement d'identité de Lidl.
Pour accompagner ce changement, Lidl vient d'investir 35 millions dans la construction d'un nouvel entrepôt à Chapelle d'Armentières (59). Deux autres sont prévus à Rousset (13) et Montoy-Flanville (57) en 2014 et 2015.
Source: Le Figaro
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