Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les circonstances géopolitiques et économiques ont bouleversé les habitudes ancestrales. Nous varions moins notre nourriture, les plats culturels sont négligés au profit d'une alimentation gravement déstructurée.
Aujourd'hui en France, 1 personne sur 3 est en surpoids. 20 % des enfants de moins de quinze ans sont en surcharge pondérale. Il faut déplorer près de 360 millions de diabétiques dans le monde et plus de 3 millions en France, c'est une véritable épidémie. D'ici à 2020, les moins de 40 ans vont subir une nette augmentation des risques d'hypertension et d'infarctus. Cela sera socialement et économiquement insupportable.
Nous sommes ce que nous mangeons à la molécule près. Notre identité culturelle culinaire disparaît au profit d'une alimentation déséquilibrée. Nous avons perdu la notion de science des aliments, innée chez nos ancêtres. Nous devons la réapprendre, nous l'approprier comme un nouvel alphabet de santé.Une bonne alimentation se fonde sur un bassin de vie. Ce sont des producteurs, des commerçants, des industriels, des consommateurs qui partagent un même environnement, un même terroir, une mémoire alimentaire identique, construite au fil du temps. Toutes les ethnies trouvaient dans leurs mets les éléments nutritionnels assurant leur survie. Et on les retrouve encore aujourd'hui dans la composition de plats régionaux, préparés avec un savoir-faire respectueux des méthodes traditionnelles : couscous, petit salé aux lentilles, paëlla, poule au pot, ou encore garbure. Tous ces plats, parfois millénaires, possèdent un point commun : ils apportent une variété de nutriments constructeurs et réparateurs de notre organisme. Grâce à eux, les cellules de l'organisme détiennent les éléments de réparation et de renouvellement indispensables.
Nous ne défendons pas un passéisme alimentaire. Il ne s'agit pas de se nourrir ni de vivre comme aux siècles passés. En revanche, il faut susciter auprès de chaque citoyen l'envie de manger des produits régionaux, de saison, dont les méthodes de production préservent l'environnement et répondent aux besoins physiologiques de l'humain.
La déstructuration alimentaire est un danger, il faut la combattre pour que, au moment d'entrer dans la vie sociale, un jeune ait intégré la grammaire de la qualité et de l'équilibre alimentaire pour son bien-être et sa santé. Aujourd'hui, l'amélioration de notre alimentation doit constituer un axe de réflexion majeur pour une politique de santé publique forte et durable. Sa mise en oeuvre engendrera une baisse des dépenses de santé.
Il est nécessaire d'intégrer deux notions complémentaires essentielles pour la cohérence d'une politique de santé publique. Un budget alimentaire de 1,20-1,30 euro, comme le propose des sociétés de restauration collective, est irresponsable et incompatible avec les exigences qualitatives de base. Du fait de ce faible coût, de nombreux repas scolaires ne sont pas aux normes de la nourriture pour chiens et chats en termes de qualité. Par ailleurs, exiger 20 % de produits bio en restauration scolaire démontre le niveau très partiel des réflexions de nos chers amis politiques. Le débat présenté aujourd'hui démontre que nous sommes arrivés à la fin d'un modèle et qu'il faut reconstruire un projet global de qualité alimentaire.
Source: Les Echos (http://goo.gl/gVwos)
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