jeudi 4 avril 2013

Et si mon immeuble devenait un champ de micro-algues


L'urbanisation gagne du terrain. En 2030, ce sont 5 milliards d'êtres humains qui vivront en ville. Dans certains endroits d'Asie, les zones urbaines ont largement supplanté les cultures. Pourquoi ne pas rendre la ville productive?

Imaginez un immeuble en plein cœur de Paris. Énergies, émissions de CO2, il consomme beaucoup. Changez totalement sa façade. A l'intérieur, tout une série de photobioréacteurs contenant des micro-algues. Des serres verticales font leur apparition qui permettront de cultiver à grande échelle ces plantes aqueuses si utiles à notre nature. Le miracle de la photosynthèse en plein béton.
Ces "biofaçades" ne sont pas un rêve mais le projet lancé par un consortium très fier d avoir obtenu le soutien de l'Etat et de la ville de Paris. Son nom: Symbio 2. Il vient d'être lauréat du 15ème appel à projet du FUI, le fonds unique interministériel qui valorise au total 72 projets de R&D collaboratif. Ce projet global représente de près de 5 millions d'euros dont 1,7 million de subventions. Sans oublier le soutien des Régions Ile-de-France et Pays de la Loire

Des surfaces agricoles à moindre frais

C'est une femme Anouk Legendre, co-fondatrice du cabinet X-TU Architects qui a donné l'impulsion. Elle réfléchit activement depuis 6 ans au bâtiment de demain. Quand on sait que 50% des façades sont inutilisées, on comprend le potentiel. Déjà en 2007, un premier brevet a été déposé autour de ce concept. Trois tests de faisabilité ont été réalisés dont deux à La Défense et un principe: une culture dans des tubes ronds. Une rencontre avec le Gepea, laboratoire de Recherche en micro-algues a changé la donne. Pourquoi ne pas développer les micro-algues sur un plan, à l'image des capteurs solaires?
Trois acteurs ont rejoint le consortium Séché Environnement très concerné par la revalorisation des déchets, AlgoSource Technologies qui fait de la production et le cabinet Oasiis. Le projet est sur les rails et bientôt un premier pilote verra le jour à St Nazaire. Une centrale de valorisation à Nantes va aussi permettre d'y travailler. Mais pourquoi des micro-algues sur un bâtiment? Les vertus de ces plantes sont bien connues. Santé, cosmétique, alimentation, elles peuvent remplacer la filière pétrochimique.
15.000 à 20.000 tonnes sont produites dans le monde. Seulement, pourrait-on dire. Le marché se développe mais cette extension a un coût souvent très lourd. Les "biofaçades" deviennent des surfaces agricoles à moindre frais. Elles minimisent les besoins énergétiques. Comme les humains, les micro-algues ont besoin d une ambiance thermée et le bâtiment est idéal.

Des villes toutes vertes?

Évidemment le projet en est aux balbutiements. Il faut voir comment optimiser le concept, des ajustements seront nécessaires. Six ans de travaux mais ce n'est qu'un début. D'autres projets existent en France (on peut citer Ennesys) ou encore en Allemagne (le projet BIQ). La force de Symbio 2, en tous cas pour ses concepteurs, est d'avoir fait le choix de laisser un espace entre les cultures et le bâtiment pour limiter la consommation énergétique. Dans un premier temps, ces bâtiments de troisième génération produiront de la biomasse et contribueront à la passivité énergétique.
L'étape suivante est déjà envisagée: la production d'énergie. Mais il est nécessaire de mettre en place une réalisation à grande échelle afin de limiter là encore les coûts. A partir de 15.000 à 20.000 m², le principe est plus qu'envisageable. Pour les logements individuels, pourquoi ne pas travailler à l'échelle d'un quartier. C'est l'idée du "quartier Chimie verte". Les bâtiments pourraient communiquer entre eux et échanger de l'énergie. N'allez pas imaginer que la ville va se teinter de vert. Les micro-algues prennent toutes les couleurs de la nature. Quand on les stresse un peu, elles virent au rouge. Les architectes ne manquent pas non plus d'idée: et si l'on plaçait un filtre bleu? La première "biofaçade" devrait voir le jour en 2015. Nous n'avons donc pas fini de découvrir les bienfaits de la nature.
Source: BFMtv (http://goo.gl/zXx0W)

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