vendredi 5 avril 2013

Un « drive », mais paysan


La Chambre d’agriculture a inauguré trois drive-fermiers dans l’agglo bordelaise. Pour être sûr de ce qu’on mange.

Le drive-fermier de Lormont, aux Iris. L’un des trois points de retrait sur la CUB.

Le drive-fermier de Lormont, aux Iris. L’un des trois points de retrait sur la CUB. (archives yannick delneste )

Si le vendredi est le jour du poisson, à présent c’est aussi celui du drive-fermier en Gironde. Une fois de plus, le département innove. Depuis, six mois, la Chambre d’agriculture expérimente ce dispositif autour de la rocade. Il allie le « drive » classique des grandes surfaces avec le système des Amap (lire encadré), les boutiques de producteurs.
Les clients ont jusqu’au mercredi minuit pour passer commande sur le site www.drive-fermier.fr/33/. Près de 300 produits y sont référencés. Le vendredi, ils récupèrent leur panier à l’heure et dans le lieu qu’ils souhaitent. Trois points de retrait autour de la rocade sont proposés : à Eysines, Lormont, et Gradignan.« On boucle la rocade. L’idée est de positionner les points d’approvisionnement directement sur le trajet quotidien des consommateurs. La rocade est le lieu idéal », note Bernard Lafon, président du Relais Agriculture et Tourisme. « Ce dispositif entre dans une démarche de territorialisation et de sobriété carbone dans la perspective d’une consommation locale », ajoute-t-il.
Les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap) mettent en avant, depuis une dizaine d’années, la consommation directe entre des particuliers et des producteurs locaux unis par des contrats.
En Gironde, près de 73 Amap se partagent le territoire, dont 31 installées sur la CUB. La première s’est créée en 2004. « Au début, on a constaté que le mouvement prenait auprès des amapiens mais que peu de producteurs s’engageaient. Ils étaient très frileux », se souvient Yannis Araguas, coordinateur du relais Amap Gironde. Puis, ils se sont rendu compte de l’avantage d’un tel modèle.
« On incite les Amap à adhérer à notre relais pour leur assurer plus de visibilité.Ce n’est pas obligatoire et on dénombre une vingtaine de groupes annexes », ajoute-t-il. La plus importante Amap en termes d’adhérents est celle de Pessac, Terre d’Adèle. Elle rassemble près de 300 personnes contre une quarantaine en moyenne. Dans la plupart des contrats, les producteurs amènent les commandes à leurs clients. D’autres, plus originaux, comme le contrat cueillette, invite les amapiens à participer à la récolte. Dans le Sud-Gironde, ce dispositif va au-delà du simple lien marchand. Des animations inter Amap sont organisées comme, par exemple, le visionnage de films sur l’alimentation ou l’agriculture, naturellement.
La qualité, la rapidité, la convivialité et surtout le contact direct avec le producteur sont les caractéristiques phares qui séduisent les clients. Surtout au cœur d’une actualité qui a mis en lumière les risques d’une alimentation industrielle où pullulent les intermédiaires plus ou moins douteux.
« Les consommateurs sont très demandeurs et souhaitent voir le système se développer en nombre de références et de promotions. Cette marge de progrès est tout à fait stimulante pour nous. Elle nous oblige à peaufiner le système pour trouver des solutions toujours plus pertinentes et dynamiques. C’est une mission ambitieuse », explique Bernard Lafon.
  • Vers l’autofinancement
Côté chiffres, le drive-fermier rassemble une trentaine d’agriculteurs. Un peu moins de 4 000 clients sont inscrits sur le site. En moyenne, 300 commandes sont passées par semaine. Pour lancer ce dispositif, 100 000 euros ont été investis par la Chambre d’agriculture. « Notre but est d’amener rapidement le drive-fermier à un autofinancement. Le modèle ne pourra perdurer qu’à cette condition », prévient Bernard Lafon.
L’homme, agriculteur depuis trente ans et cultivateur de légumes anciens, sait que l’avenir est dans la fusion du tout voiture et du tout Internet. « Une autre agriculture est en train de voir le jour ».
« Dans les grandes surfaces, le libre-service permet d’aller vite. Mais finalement, on perd tout notre temps aux caisses, analyse Bernard Lafon. Essayez d’en trouver une vide un jour ! À nous de trouver d’autres modèles économiques de distribution ».
Les ambitions du drive-fermier ne s’arrêtent pas là. D’ici la fin de l’année, la rocade va être pourvue d’une dizaine de points de retrait. Le Sud-Gironde et plus précisément La Réole devrait lui aussi être équipé. « Pour Bordeaux, nous allons chercher des producteurs de 80 à 100 km à la ronde. L’avantage de développer ce système à La Réole est de pouvoir trouver des agriculteurs dans les 40 km alentours ».
Source: Sud-Ouest (http://goo.gl/Nn5xQ)

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