Permettant d'accepter sur smartphone ou tablette les paiements par carte bancaire, la solution américaine prépare son déploiement à l'international. Face aux autres acteurs du paiement en point de vente, elle ne manque pas d'atouts.
Fondé en 2009 à San Francisco par Jack Dorsey, déjà à l'origine de Twitter, Square est désormais bien connu des marchands américains. La start-up fabrique un petit lecteur de carte bancaire – le "dongle" – qu'ils peuvent brancher sur la prise jack de leur smartphone ou tablette Apple ou Android, afin de les transformer en terminaux de paiement. A ce dongle est associée une application mobile qui gère les paiements, la facturation et la comptabilité.
Ce système permet donc à n'importe qui d'accepter les paiements par carte, sans autre frais que la commission de 2,75% perçue par Square sur la transaction. Le dispositif est par ailleurs gratuit, ne nécessite pas d'avancer de frais et n'est soumis à aucun engagement de long terme. Il a donc été rapidement adopté par une pléiade de petits marchands américains qui jusque-là n'acceptaient pas les cartes bancaires, séduits par la facilité d'utilisation du service et par le faible investissement financier nécessaire.
De grandes ambitions à l'international
Des atouts convaincants face aux terminaux de paiement traditionnels
Un enjeu important pèse sur les banques
Un abandon progressif de la carte bancaire, témoin de la désintermédiation progressive des banques dans le processus de paiement. Lorsque les consommateurs ne paieront plus avec leur carte mais avec leur mobile, l'argument du niveau de commission passera au second plan pour les marchands. Un phénomène que Square, fort de sa nouvelle cagnotte de 200 millions de dollars, va désormais tenter d'accélérer.
Actuellement, Square revendique plus de 3 millions de particuliers (baby-sitters, plombiers, kinésithérapeutes...) et d'entreprises utilisant sa solution pour accepter les paiements par carte. La société indique qu'elle traitera environ 10 milliards de dollars de transaction en 2013. Elle peut compter sur un financement plus que solide, ayant enchaîné les tours de table records. Le quatrième et dernier en date – 200 millions de dollars levés en septembre 2012 – valorise la start-up à 3,25 milliards de dollars. Parmi les investisseurs, son client le plus emblématique : la chaîne de cafés Starbucks. Au total, Square a levé 340 millions de dollars en trois ans d'existence.
Cette quatrième augmentation de capital avait pour premier objectif de financer le développement international de la société, qui n'opère pour l'instant qu'aux Etats-Unis et au Canada. Cette expansion ne se fera pas sans obstacle pour autant, notamment en Europe.
Pour commencer, le taux d'équipement des commerçants en terminaux de paiement CB y est bien plus élevé qu'aux Etats-Unis. Qui plus est, le taux de commission pris par les banques est souvent bien plus faible que celui de Square, un commerçant français standard pouvant obtenir de sa banque de l'abaisser jusqu'à environ 0,5%. Sans mentionner le fait que si Square utilise la piste magnétique des cartes bancaires pour les reconnaître, plusieurs pays d'Europe, dont la France, utilisent pour leur part des cartes à puce authentifiées par un code PIN, un dispositif non transposable directement sur un smartphone ou une tablette.
Enfin, les entrepreneurs européens n'ont pas attendu l'arrivée de Square pour développer des solutions concurrentes. C'est ainsi le cas du Germano-Irlandais SumUp (présent dans 10 pays dont la France), du Suédois iZettle (actif dans 7 pays et notamment soutenu par American Express) ou encore de l'Allemand Payleven (déployé dans 6 pays et issu de l'incubateur Rocket Internet). Mais aussi d'acteurs plus récents, comme le Britannique mPowa ou l'Italien Jusp. Pour l'instant, ces services se distinguent principalement par les commissions pratiquées et par l'intégration des réseaux de cartes (Visa, Mastercard, Amex, etc.) à leur dispositif.
Si la commission de 2,75% que s'adjuge Square est plus élevée que celle demandée par les banques pour les terminaux de paiement par carte, la solution de Jack Dorsey est loin de manquer d'arguments. Bien sûr, l'absence de frais d'installation, d'abonnement mensuel, de coûts liés à la maintenance ou l'évolution du matériel. Mais surtout, une proposition de valeur bien plus étendue.
D'abord, alors que les terminaux de paiement traditionnels nécessitent d'être intégrés avec des solutions tierces de facturation, de compatibilité et de gestion client, ce qui se révèle rapidement coûteux, les applications de Square et consorts prennent déjà en charge ces aspects.
Ensuite, ces nouveaux acteurs importent en point de vente la puissance des outils marketing du Web, en permettant au commerçant d'accompagner l'acheteur tout au long du cycle de vente. Le marchand pourra dorénavant mieux connaître ses clients, avoir sous les yeux leur historique d'achat, leurs préférences ou leurs pré-commandes, pour mieux les acquérir et les fidéliser. Square propose par exemple à cet effet un outil de promotions ciblées.
De plus, ces dispositifs permettront au marchand de mettre en place des "caissiers volants", qui délestent les caisses, prennent les paiements en terrasse ou encore se font régler sur le lieu d'une livraison ou de l'exécution d'une prestation. Et pourquoi pas de permettre au client du magasin d'effectuer lui-même la transaction sur son smartphone, avant de présenter son reçu à un vigile à la sortie.
Les possibilités de personnalisation offertes par Square sont à ce titre particulièrement intéressantes. Le consommateur utilisateur de l'application Square Wallet qui a déjà réalisé un achat chez un commerçant avec Square sera, à son prochain passage, identifié automatiquement via son smartphone. Pour payer, il n'aura même plus à sortir sa carte bancaire ou son porte-monnaie : il n'aura qu'à dire son nom. Sa photo s'affichera sur le terminal mobile du marchand qui l'identifiera et validera la transaction. Aux Etats-Unis, déjà 250 000 points de vente dont 7000 Starbucks acceptent le paiement par Square Wallet. "Mon objectif ultime, résume Jack Dorsey, est que plus personne n'ait besoin de transporter un porte-feuille".
Source: Journal du Net (http://goo.gl/VjoCr)
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