Plus de la moitié de l’humanité vit désormais en ville. Parallèlement, la faune et la flore investissent de plus en plus les milieux urbains. Avec une conséquence surprenante : les relations entre les animaux et les hommes n’ont jamais été aussi nombreuses, denses et riches ! Pour la première fois, l’exploration de la biodiversité est placée au cœur de la ville et des activités humaines. Et pour la première fois, la ville est appréhendée au travers de la nature qui s’y déploie.
Dans Naturopolis, acteurs, penseurs, scientifiques, rêveurs et bâtisseurs de demain nous invitent à explorer les richesses naturelles méconnues de quatre mégalopoles : New York, Paris, Rio de Janeiro et Tokyo. Cet épisode emboîte le pas à un personnage hors norme, Frédéric Durand, à la fois scientifique, naturaliste, poète et visionnaire. C’est à travers ses yeux que nous explorons la Grosse Pomme : un regard proche de celui des naturalistes d’antan, capables à la fois de déchiffrer les énigmes scientifiques, de se passionner pour les hommes, de vibrer à la poésie du monde.
QUAND LA NATURE RÉINVENTE LA VILLE
Ce premier volet propose de découvrir New York avec une grille de lecture inhabituelle : celle de la nature. Comment celle-ci a-t-elle façonné la mégalopole américaine ? Comment la ville l’a-t-elle oubliée ou détruite ? Comment la nature a-t-elle réussi à rattraper la mégalopole ? Quels sont les hommes qui, au cœur de la ville, ne vivent que pour la nature ? Et pourquoi une ville comme New York ne peut-elle survivre que si elle invente un nouveau pacte avec l’environnement, en acceptant de faire sa révolution "durable" ?
" La ville de demain ne sera plus faite uniquement de béton, de verre et d’acier, mais de natures artificielles, destinées à augmenter la qualité de vie de leurs habitants en réintégrant la nature dans la ville, qui soit complètement en osmose, recréant de véritables écosystèmes... " Vincent callebaut, architecte new-yorkais
La nature à new York :
Au printemps et à l’automne plus d’1 miLLion d’oiseaux migrateurs traversent la ville chaque année, dont 90 000 meurent en percutant les tours.
Il y a environ 200 espèces de poissons dans le port de new-york.
Central park compte plus de 100 espèces végétales comestibles.
407 ans : l’âge du plus vieil arbre de new york.
1 parc naturel en plein cœur de la ville : Jamaïca Bay, le seul parc national urbain des états-unis.
Apparus dans les années 1970 à new york, la ville compte aujourd’hui plus de 1000 jardins communautaires entretenus par les habitants du quartier.
Les épisodes consacrés à Paris, Rio et Tokyo seront diffusés ultérieurement sur Arte.
Le grenier alimentaire de New York de demain se dresse dans le ciel, tel un géant vert. Derrière la façade de verre, on distingue les contours des arbres fruitiers. La nuit, le bâtiment projette une ombre verte sur la ville. Le gratte-ciel agricole a un nom : « Dragonfly » (libellule). Inspiré de l’anatomie de l’insecte, l’édifice s’élève à 700 m au-dessus de Roosevelt Island, là où l’East River sépare Manhattan du Queens. Dans son ombre, les immeubles voisins ressemblent à des pavillons de banlieue. Dragonfly a vocation à être autre chose qu’une nième tour de bureaux pharaonique dans le quartier d’affaires new-yorkais : un jour, la libellule nourrira la ville.
C’est du moins le rêve de l’architecte belge qui l’a dessinée, Vincent Callebaut. Pour l’instant, la libellule est une utopie qui ne vit que sur les plans et dans les animations en 3D de l’architecte. Si jamais elle devait voir le jour, ses 132 étages seraient dédiés à la culture – tomates, champignons ou oranges – et à l’élevage – vaches, poules, poissons. De quoi nourrir quelque 150 000 New-yorkais.
Des gratte-ciel agricoles au coin de la rue. On parle de « ferme verticale » ou d’agriculture verticale, un concept qui a inspiré à Callebaut et à quelques chercheurs les spectaculaires concepts de farmscrapers. Champs et pâturages ne doivent plus s’étendre à perte de vue, mais en hauteur, dans un empilement d’étages au cœur de la ville. Les défenseurs du concept misent sur une révolution de l’agriculture et y voient une solution au problème : comment nourrir l’humanité ? La population mondiale compte aujourd’hui plus de 7 milliards d’habitants. Les Nations unies estiment qu’en 2050, nous serons plus de 9 milliards, dont 70 % de citadins.
Dickson Despommier, professeur émérite en santé environnementale et microbiologie à l’université Columbia de New York, s’est penché sur la question dès 1999. D’après ses calculs, il faudra que les terres arables et les pâturages fassent l’équivalent de la superficie du Brésil pour que l’on puisse gérer la croissance de la population mondiale. Une superficie qui, selon lui, n’est pas disponible. Depuis, il cherche des solutions pour produire plus sur une surface réduite. Despommier est convaincu que le concept du farmscrapper au coin de la rue ferait plus que résoudre le problème de la faim : il permettrait aussi de pratiquer une agriculture plus écologique. Finis les transports gourmands en carburant ; à l’intérieur du bâtiment, les plantes seraient mieux protégées des nuisibles, de sorte que les produits phytosanitaires seraient utilisés avec parcimonie ; les déjections animales remplaceraient les engrais, tandis que les déchets des cultures nourriraient les animaux. Rien ne serait perdu dans ce mode d’exploitation avec recyclage en boucle ; des procédés d’irrigation moderne, comme le goutte-à-goutte, permettraient d’économiser jusqu’à 70 % des besoins en eau. Les exploitants urbains de l’avenir pourraient travailler 365 jours par an à l’abri du mauvais temps. Adieu les mauvaises récoltes – hauts rendements garantis grâce au contrôle global des nutriments, de l’éclairage et de la consommation d’eau.
Des farmscrappers énergivores. La vision de Despommiers ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. Outre les conditions d’élevage, c’est surtout l’empreinte écologique des immeubles de serres qui fait jaser. « Quelle quantité d’acier faut-il pour construire un tel bâtiment, combien d’énergie engloutie et quelle consommation d’électricité pour son exploitation ? » ? demande Petra Hagen Hodgson, directrice du Département espaces verts urbains de la Haute Ecole de Sciences Appliquées de Zurich. Des études montrent en effet que la consommation d’énergie des champs empilés serait gigantesque en l’état actuel de la technique. L’éclairage artificiel en particulier est un gouffre. Si les fermes verticales étaient exploitées uniquement avec de l’énergie verte, le secteur US des énergies renouvelables devrait être multiplié par 400 rien que pour couvrir les besoins annuels en blé des States. Si on renonçait aux énergies renouvelables, alors le nombre des centrales nucléaires américaines devrait passer de 104 à 4000. D’après Petra Hagen Hodgson, l’agriculture verticale ne peut pas à elle seule résoudre nos problèmes alimentaires, mais « discuter de la manière dont nous voulons nourrir l’humanité à l’avenir est une bonne chose ». Et là, l’agriculture urbaine a un rôle majeur à jouer. Aujourd’hui déjà, les toits et balcons végétalisés permettent de produire fruits et légumes frais dans de nombreuses métropoles. « Dans une ville surpeuplée comme Londres, nous misons à long terme sur 25 à 30 % de production propre », indique Katrin Bohn, architecte à l’université technique de Berlin.
Réalité ou utopie ? Un peu partout dans le monde, des scientifiques cherchent des solutions pour ramener l’agriculture verticale sur la terre ferme. A Suwon, en Corée du Sud, des salades poussent sur les trois étages d’une installation pilote et rejoindront bientôt les étals des supermarchés. À l’université Hohenheim de Stuttgart, des chercheurs du projet Skyfarming ont présenté la maquette d’un immeuble rizicole et travaillent actuellement sur un prototype. Le riz de demain devrait pousser sur 20 à 50 étages. Hors des laboratoires, les projets à visée commerciale avortent lamentablement. Aux Pays-Bas, près de Rotterdam, l’usine agricole verticale Delta Park n’existe que sur plan. Elle était censée nourrir les Hollandais en produisant des légumes, des fruits, de la viande et des poissons sur plusieurs niveaux. Mais le projet a dû être abandonné après une attaque en règle des médias qui jugeaient les méthodes de production trop artificielles. La prochaine tentative d’agriculture verticale verra le jour à Linköping, une ville suédoise de 100 000 habitants. Le premier coup de pelleteuse du chantier a eu lieu en 2012 pour la construction d’une sphère en verre de 55 m de hauteur. A partir de 2014, des légumes principalement asiatiques y seront cultivés sur une surface couverte de 4000 m². Même si de nombreuses questions restent en suspens, la révolution verticale pourrait bien germer dans la province scandinave.
Bibliographie : The Vertical Farm : Feeding the World in the 21st Century (anglais) Dickson Despommier, Picador USA, Reprint 2011, ISBN-13 : 978-0312610692
Lien : www.verticalfarm.com
QUAND LA NATURE RÉINVENTE LA VILLE
Ce premier volet propose de découvrir New York avec une grille de lecture inhabituelle : celle de la nature. Comment celle-ci a-t-elle façonné la mégalopole américaine ? Comment la ville l’a-t-elle oubliée ou détruite ? Comment la nature a-t-elle réussi à rattraper la mégalopole ? Quels sont les hommes qui, au cœur de la ville, ne vivent que pour la nature ? Et pourquoi une ville comme New York ne peut-elle survivre que si elle invente un nouveau pacte avec l’environnement, en acceptant de faire sa révolution "durable" ?
" La ville de demain ne sera plus faite uniquement de béton, de verre et d’acier, mais de natures artificielles, destinées à augmenter la qualité de vie de leurs habitants en réintégrant la nature dans la ville, qui soit complètement en osmose, recréant de véritables écosystèmes... " Vincent callebaut, architecte new-yorkais
La nature à new York :
Au printemps et à l’automne plus d’1 miLLion d’oiseaux migrateurs traversent la ville chaque année, dont 90 000 meurent en percutant les tours.
Il y a environ 200 espèces de poissons dans le port de new-york.
Central park compte plus de 100 espèces végétales comestibles.
407 ans : l’âge du plus vieil arbre de new york.
1 parc naturel en plein cœur de la ville : Jamaïca Bay, le seul parc national urbain des états-unis.
Apparus dans les années 1970 à new york, la ville compte aujourd’hui plus de 1000 jardins communautaires entretenus par les habitants du quartier.
Les épisodes consacrés à Paris, Rio et Tokyo seront diffusés ultérieurement sur Arte.
FERMES URBAINES ET VERTICALES
Neuf milliards d’habitants sur terre en 2050… Comment les nourrir tous ?Des scientifiques étudient actuellement le concept de « vertical farming », un modèle d’agriculture verticale présenté dans le cadre d’ARTE Future : « Le futur, ça commence maintenant ». Par David Schelp pour arte magazine.Le grenier alimentaire de New York de demain se dresse dans le ciel, tel un géant vert. Derrière la façade de verre, on distingue les contours des arbres fruitiers. La nuit, le bâtiment projette une ombre verte sur la ville. Le gratte-ciel agricole a un nom : « Dragonfly » (libellule). Inspiré de l’anatomie de l’insecte, l’édifice s’élève à 700 m au-dessus de Roosevelt Island, là où l’East River sépare Manhattan du Queens. Dans son ombre, les immeubles voisins ressemblent à des pavillons de banlieue. Dragonfly a vocation à être autre chose qu’une nième tour de bureaux pharaonique dans le quartier d’affaires new-yorkais : un jour, la libellule nourrira la ville.
C’est du moins le rêve de l’architecte belge qui l’a dessinée, Vincent Callebaut. Pour l’instant, la libellule est une utopie qui ne vit que sur les plans et dans les animations en 3D de l’architecte. Si jamais elle devait voir le jour, ses 132 étages seraient dédiés à la culture – tomates, champignons ou oranges – et à l’élevage – vaches, poules, poissons. De quoi nourrir quelque 150 000 New-yorkais.
Des gratte-ciel agricoles au coin de la rue. On parle de « ferme verticale » ou d’agriculture verticale, un concept qui a inspiré à Callebaut et à quelques chercheurs les spectaculaires concepts de farmscrapers. Champs et pâturages ne doivent plus s’étendre à perte de vue, mais en hauteur, dans un empilement d’étages au cœur de la ville. Les défenseurs du concept misent sur une révolution de l’agriculture et y voient une solution au problème : comment nourrir l’humanité ? La population mondiale compte aujourd’hui plus de 7 milliards d’habitants. Les Nations unies estiment qu’en 2050, nous serons plus de 9 milliards, dont 70 % de citadins.
Dickson Despommier, professeur émérite en santé environnementale et microbiologie à l’université Columbia de New York, s’est penché sur la question dès 1999. D’après ses calculs, il faudra que les terres arables et les pâturages fassent l’équivalent de la superficie du Brésil pour que l’on puisse gérer la croissance de la population mondiale. Une superficie qui, selon lui, n’est pas disponible. Depuis, il cherche des solutions pour produire plus sur une surface réduite. Despommier est convaincu que le concept du farmscrapper au coin de la rue ferait plus que résoudre le problème de la faim : il permettrait aussi de pratiquer une agriculture plus écologique. Finis les transports gourmands en carburant ; à l’intérieur du bâtiment, les plantes seraient mieux protégées des nuisibles, de sorte que les produits phytosanitaires seraient utilisés avec parcimonie ; les déjections animales remplaceraient les engrais, tandis que les déchets des cultures nourriraient les animaux. Rien ne serait perdu dans ce mode d’exploitation avec recyclage en boucle ; des procédés d’irrigation moderne, comme le goutte-à-goutte, permettraient d’économiser jusqu’à 70 % des besoins en eau. Les exploitants urbains de l’avenir pourraient travailler 365 jours par an à l’abri du mauvais temps. Adieu les mauvaises récoltes – hauts rendements garantis grâce au contrôle global des nutriments, de l’éclairage et de la consommation d’eau.
Des farmscrappers énergivores. La vision de Despommiers ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. Outre les conditions d’élevage, c’est surtout l’empreinte écologique des immeubles de serres qui fait jaser. « Quelle quantité d’acier faut-il pour construire un tel bâtiment, combien d’énergie engloutie et quelle consommation d’électricité pour son exploitation ? » ? demande Petra Hagen Hodgson, directrice du Département espaces verts urbains de la Haute Ecole de Sciences Appliquées de Zurich. Des études montrent en effet que la consommation d’énergie des champs empilés serait gigantesque en l’état actuel de la technique. L’éclairage artificiel en particulier est un gouffre. Si les fermes verticales étaient exploitées uniquement avec de l’énergie verte, le secteur US des énergies renouvelables devrait être multiplié par 400 rien que pour couvrir les besoins annuels en blé des States. Si on renonçait aux énergies renouvelables, alors le nombre des centrales nucléaires américaines devrait passer de 104 à 4000. D’après Petra Hagen Hodgson, l’agriculture verticale ne peut pas à elle seule résoudre nos problèmes alimentaires, mais « discuter de la manière dont nous voulons nourrir l’humanité à l’avenir est une bonne chose ». Et là, l’agriculture urbaine a un rôle majeur à jouer. Aujourd’hui déjà, les toits et balcons végétalisés permettent de produire fruits et légumes frais dans de nombreuses métropoles. « Dans une ville surpeuplée comme Londres, nous misons à long terme sur 25 à 30 % de production propre », indique Katrin Bohn, architecte à l’université technique de Berlin.
Réalité ou utopie ? Un peu partout dans le monde, des scientifiques cherchent des solutions pour ramener l’agriculture verticale sur la terre ferme. A Suwon, en Corée du Sud, des salades poussent sur les trois étages d’une installation pilote et rejoindront bientôt les étals des supermarchés. À l’université Hohenheim de Stuttgart, des chercheurs du projet Skyfarming ont présenté la maquette d’un immeuble rizicole et travaillent actuellement sur un prototype. Le riz de demain devrait pousser sur 20 à 50 étages. Hors des laboratoires, les projets à visée commerciale avortent lamentablement. Aux Pays-Bas, près de Rotterdam, l’usine agricole verticale Delta Park n’existe que sur plan. Elle était censée nourrir les Hollandais en produisant des légumes, des fruits, de la viande et des poissons sur plusieurs niveaux. Mais le projet a dû être abandonné après une attaque en règle des médias qui jugeaient les méthodes de production trop artificielles. La prochaine tentative d’agriculture verticale verra le jour à Linköping, une ville suédoise de 100 000 habitants. Le premier coup de pelleteuse du chantier a eu lieu en 2012 pour la construction d’une sphère en verre de 55 m de hauteur. A partir de 2014, des légumes principalement asiatiques y seront cultivés sur une surface couverte de 4000 m². Même si de nombreuses questions restent en suspens, la révolution verticale pourrait bien germer dans la province scandinave.
Bibliographie : The Vertical Farm : Feeding the World in the 21st Century (anglais) Dickson Despommier, Picador USA, Reprint 2011, ISBN-13 : 978-0312610692
Lien : www.verticalfarm.com
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