Un nombre croissant de consommateurs exigent de nouvelles règles de distribution plus directes entre producteurs et consommateurs. Les acteurs des circuits courts tentent de se frayer un chemin jusqu'au réfrigérateur.
La suppression des intermédiaires dans la chaine de distribution des produits alimentaires peut-elle rétablir la confiance des consommateurs mis à l'épreuve par les dérapages sanitaires qui éclaboussent régulièrement le contenu de nos assiettes ?« Ce qui n'était hier qu'une piste doit être considéré aujourd'hui comme une option crédible, est persuadé Dacian Ciolos, commissaire européen chargé de l'Agriculture. Il faut encourager le développement des circuits courts car il y a besoin d'une meilleure connexion, la plus forte possible, entre les deux maillons primordiaux de la chaîne alimentaire que sont les producteurs et les consommateurs. » Pour répondre aux nouvelles exigences de transparence, « il faudra trouver une solution qui ne pourra pas se traduire seulement par une réglementation des autorités publiques », estime-t-il.
Les restaurants s'engagent
Des agriculteurs plus acteurs que spectateurs, soutenus par le marché ? Depuis le début de la crise de la viande de cheval, l'idée des circuits courts se fraie un chemin jusqu'au réfrigérateur : les ventes des artisans bouchers ont progressé de 15 % et les 100.000 paysans (1 sur 5 en France) qui commercialisent déjà en direct une partie de leur production à la ferme, sur les marchés, sur Internet ou au pied de l'immeuble, ont le sourire, en particulier en Rhône-Alpes, en Provence et en Corse. Des labels et des guides font leur apparition pour éclairer les consommateurs locavores recrutés désormais dans toutes les couches sociales et non plus seulement chez les militants verts.
A Paris, une cinquantaine de restaurants viennent de s'engager à cuisiner majoritairement avec des produits puisés dans les 5.000 exploitations agricoles d'Ile-de-France. Dans le Gers, 6.500 repas quotidiens sont désormais servis aux collégiens en favorisant les circuits courts pour l'achat des matières premières. « Quand nous avons démarré l'expérience il y a trois ans, 95 % de la viande servie dans ces établissements provenait de l'étranger alors que notre agriculture abrite quelques fleurons de l'élevage national comme la charolaise, la blonde d'Aquitaine ou la mirandaise. C'était plus que choquant », témoigne Philippe Martin, président du conseil général. Au final, le département a réalisé des économies, réduit le gaspillage et limité d'absurdes production de gaz à effet de serre le long des milliers de kilomètres parcourus au triple galop par la viande congelée, qui garnit la plupart des plats cuisinés des circuits longs.
Une garantie de qualité
En Rhône-Alpes, la région consacre près de 1,5 million d'euros chaque année pour soutenir la commercialisation de produits agricoles en circuit court, tels que les Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) ou les points de vente collectifs. Le pionnier Uniferme, installé depuis 1978 au pied des monts du Lyonnais, regroupe ainsi 35 exploitations agricoles qui tirent un chiffre d'affaires de près de 4 millions d'euros de la vente de produits frais ou transformés dans un magasin commun. Un financement régional de 113.000 euros va lui permettre d'ouvrir bientôt un atelier de découpe et de transformation de viande. « Notre succès repose sur la confiance. Nos clients savent que la vente directe garantit la qualité de nos produits »,explique l'un des producteurs du groupement. Bonne pioche : après le prix, l'origine des produits est le deuxième critère de choix des consommateurs, selon un sondage d'Agri Confiance, un label d'origine créé par des coopératives agricoles.
Paul Molga
Les chiffres
1,5 Million d'euros
La somme distribuée par la région, en RhôneAlpes, chaque année pour soutenir la commercialisation des produits agricoles.15 % hausse des ventes
Les artisans-bouchers ont profité de la crise de la viande de cheval.
Source: Les Echos (http://goo.gl/Fl2pX)
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