Sur le parvis du Palais Acropolis, les militants du « Mouvement de désaliénation des médecins » accusent les organisateurs d’offrir une « incroyable tribune sanitaire à McDo et Coca Cola »
Déguisés en Ronny McDonald, nez rouge et humour noir, ils font du ramdam sur le parvis du Palais Acropolis à Nice. Jusqu'à demain, 2 500 praticiens y sont réunis à l'occasion du 6e congrès de médecine générale. Mais l'ire carnavalesque de la trentaine de militants du « Mouvement de désaliénation des médecins » ne vise que les organisateurs, accusés d'y offrir « une tribune sanitaire à Coca-cola et à McDo ».
La « junk food » aurait, selon eux, « un cheval de Troie » dans ce cénacle des garants de la santé publique : « Après l'affaire du Médiator, voilà qu'on ne trouve même plus incongru d'offrir une tribune sanitaire aux multinationales championnes de la malbouffe. On chercherait à redorer leur blason, qu'on ne ferait pas autrement !»
« C'est déplacé ! »
Il est 17 heures, les congressistes qui sortent du palais, sont d'abord amusés par le tintamarre des militants du « Mouvement de désaliénation des médecins ». Puis intrigués. Mais Benjamin Cohadon, le porte-parole de ces « indignés », se coupe en quatre pour expliquer les raisons de cette action. Sortant le dépliant du congrès, il pointe la liste des partenaires. S'y côtoient la Haute Autorité de la Santé et, entre autres sponsors privés, les laboratoires pharmaceutiques ainsi que McDonald et Coca Cola : « Ce n'est pas tout. La chaîne de fast-food et la firme d'Atlanta y sont invitées à participer à deux sessions de travail. Entre les ateliers sur le dépistage de certains cancers et les soins palliatifs, l'une va pour illustrer une conférence sur 20 ans de progrès nutritionnel ! L'autre, faire le point sur la place de la boisson dans l'alimentation des Français !».
Un ange passe. Sommité dans le monde de la médecine générale, Denis Pouchain, installé à Vincennes, fait la grimace : « C'est déplacé dès lors que nous n'avons de cesse de promouvoir des pratiques nutritives saines. »
Pragmatique, mais bien que mal à l'aise, Bernard Freche, généraliste de Poitiers, y met un petit bémol : « Le problème, c'est que, sans ces partenaires, les inscriptions auraient sans doute été trop chères pour bien des confrères. »
« Moins cher pour les médecins »
Loin de refuser d'aller débattre avec les « perturbateurs », Pascal Charbonnel, le président du comité d'organisation, confirme : « L'objectif, n'est-ce pas rendre ce congrès accessible au plus grand nombre de médecins afin que le plus grand nombre de patients puissent profiter des avancées majeures - en matière de dépistage du cancer du sein par exemple - dont les congressistes auront la primeur ici ?Ça, oui, c'est important! Alors oui, on est à un tarif de 200 euros au lieu de 600 grâce à ces partenariats. Même si, attention, McDonald et Coca Cola n'interviennent, eux, qu'à hauteur de 5% dans le budget.»
Mais l'argent ne serait pas le seul nerf de ce mariage budgétaire de raison : « Il faut se garder de diaboliser qui que ce soit, conclut le Dr Charbonnel. En terme de sécurité sanitaire par exemple, ces firmes ont fait des progrès considérables. Aujourd'hui, je vous le dis, je préfère conseiller à un patient d'aller chez McDo plutôt qu'au kebab du coin. Et puis nous avons beaucoup à apprendre de l'évolution de la restauration rapide, ne serait-ce que pour mieux comprendre les comportements alimentaires des Français et y faire face. »
Cheval de Troie contre ver dans la pomme donc !
Source: http://goo.gl/GYhLZ
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