mercredi 11 juillet 2012

FAO: Nouveau rapport sur la situation mondiale des pêches et de de l’aquaculture

Les pêches et l'aquaculture durables jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle en garantissant des moyens d'existence à des millions de personnes. La dernière publication-phare de la FAO sur l'état des pêches et de l'aquaculture présentée à l'ouverture de la 30ème session du Comité des pêches de la FAO, nous apprend ce communiqué de presse, met l'accent sur la contribution vitale du secteur au bien-être et à la prospérité du monde, comme le soulignait également le récent Document de résultats Rio+20. 

«La Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture 2012 révèle que le secteur a produit un chiffre record de 128millions de tonnes de poisson destiné à la consommation - soit une moyenne de 18,4kg par personne - assurant à plus de 4,3 milliards de personnes 15 pour cent environ de leurs apports en protéines animales. Les pêches et l'aquaculture représentent aussi une source de revenus pour 55 millions de personnes.

"Pêches et aquaculture jouent un rôle vital dans l'économie mondiale, nationale et rurale, souligne le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva. Les moyens d'existence de 12 pour cent de la population mondiale en dépendent directement ou indirectement. Les pêches et l'aquaculture apportent une importante contribution à la sécurité alimentaire et la nutrition; elles sont la principale source de protéines pour 17 pour cent de la population mondiale et de presque 25 pour cent dans les pays à faibles revenus et à déficit vivrier".

Selon Árni M. Mathiesen, chef du Département FAO des pêches et de l'aquaculture, "les pêches et l'aquaculture apportent une contribution vitale à la sécurité alimentaire mondiale et à la croissance économique. Toutefois, le secteur est confronté à toute une série de problèmes tels qu'une mauvaise gouvernance, des régimes d'aménagement des pêches précaires, des conflits sur l'utilisation des ressources naturelles, le recours persistant à de mauvaises pratiques halieutiques et aquicoles. Sans compter le manque d'intégration des priorités et des droits des petites communautés de pêcheurs et les injustices liées à la discrimination des femmes et au travail des enfants".

Renforcer la gouvernance

La FAO exhorte les gouvernements à déployer tous les efforts possibles pour garantir des pêches durables à l'échelle mondiale. Le rapport fait remarquer que de nombreux stocks halieutiques marins contrôlés par la FAO restent soumis à de fortes pressions. Selon les dernières statistiques disponibles, près de 30 pour cent de ces stocks sont surexploités, un léger fléchissement par rapport aux deux années précédentes, quelque 57 pour cent sont pleinement exploités (c'est-à-dire que les prises atteignent ou avoisinent le rendement constant maximal) et seulement 13 pour cent ne sont pas pleinement exploités.

"La surexploitation a non seulement des répercussions sur l'écologie, mais elle amenuise également la production halieutique, avec des effets négatifs d'ordre social et économique", affirme le rapport. "Pour accroître la contribution des pêches marines à la sécurité alimentaire, aux économies et au bien-être des communautés côtières, des plans de gestion efficaces doivent être mis en place pour reconstituer les stocks surexploités".

Le renforcement de la gouvernance et de la gestion des pêches s'impose. Le rapport soutient que la promotion d'une pêche et d'une aquaculture durables peut servir de levier à une meilleure gestion des écosystèmes en préconisant des mécanismes tels que l'adoption d'une approche écosystémique fondée sur des systèmes de pêche équitables et responsables.

Production mondiale de poisson

En 2010, les pêches de capture et l'aquaculture ont produit quelque 148 millions de tonnes de poisson pour une valeur estimée à 217,5 milliards de dollars EU. La production aquicole est un des secteurs de production animale à plus forte croissance, et qui continue à croître plus vite que la croissance démographique - tendances appelées à perdurer.

Le poisson et les produits de la pêche sont parmi les denrées alimentaires les plus échangées dans le monde. A la suite d'un fléchissement en 2009, le commerce mondial a repris son essor sous l'effet d'une demande soutenue, de politiques de libéralisation, de la mondialisation des systèmes alimentaires et d'innovations technologiques. En 2010, il a affiché un chiffre record de 109 milliards de dollars et devrait atteindre un nouveau record estimé à 125 milliards de dollars en 2011.

Accroître la résilience et renforcer le secteur

Le rapport souligne que les prochaines décennies devraient connaîitre une évolution importante dans les domaines de l'économie, des marchés, des ressources et des comportements sociaux, où les impacts du changement climatique feront peser des incertitudes croissantes dans de nombreux secteurs vivriers, dont les pêches. D'où l'importance du Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable, et des plans d'action internationaux et directives techniques qui s'y rattachent en vue de la réalisation d'un système de production vivrière mondial durable.

Les pêches artisanales emploient plus de 90 pour cent des pêcheurs mondiaux et sont un secteur vital pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réduction et la prévention de la pauvreté. Le Comité des pêches de la FAO a recommandé la mise au point de directives volontaires internationales contribuant à l'élaboration de politiques, à la sécurité des pêches artisanales et à la création d'avantages.

Les femmes constituent au bas mot 50 pour cent de la main-d'œuvre des pêches continentales et commercialisent jusqu'à 60 pour cent des fruits de mer en Asie et en Afrique de l'Ouest. Malgré tout, leur rôle est souvent sous-estimé et méconnu. Là encore, comme l'a réaffirmé la Conférence Rio+20, le rapport montre qu'outre la réalisation de l'Objectif du Millénaire pour le développement d'égalité des sexes et d'autonomisation des femmes, l'intégration des femmes est un volet essentiel de la réduction de la pauvreté, d'une meilleure sécurité alimentaire et nutritionnelle, et d'un développement durable des ressources de la pêche et de l'aquaculture.

Les pêcheurs, aquaculteurs et leurs communautés tendant à être particulièrement vulnérables aux catastrophes, le rapport examine les approches de planification préalable et de réponse efficaces en cas de catastrophe dans le secteur. Les interventions d'urgence devraient renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle par une réhabilitation durable et un relèvement à long terme du secteur et des moyens d'existence qui en dépendent, en ciblant en particulier les femmes et autres groupes marginalisés.

"Permettre aux pêches et à l'aquaculture de prospérer de façon responsable et durable requiert la pleine participation de la société civile et du secteur privé", affirme M. Mathiesen. Et d'ajouter: "Le commerce et l'industrie peuvent contribuer à mettre au point des technologies et des solutions, à mobiliser des investissements et à engendrer une transformation positive. La société civile et les organisations internationales et non gouvernementales locales peuvent tenir les gouvernements responsables de leurs engagements et veiller à ce que la voix de tous les acteurs se fasse entendre".

La voie en avant

Les principales menaces pesant sur le potentiel des pêches et de l'aquaculture de contribuer à la sécurité alimentaire dérivent essentiellement de la gestion inefficace et d'une mauvaise conservation des habitats. Une transition vers des approches centrées sur les populations est nécessaire pour renforcer la contribution du secteur à la sécurité des moyens d'existence. Comme l'a souligné la récente Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, cette transition pourrait inciter la communauté mondiale à miser sur une utilisation réellement durable et responsable des ressources aquatiques afin de satisfaire aux besoins présents tout en garantissant ceux des générations futures.»

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