mardi 31 juillet 2012

Science décalée : le cycle menstruel influe sur la consommation


On sait que le cycle menstruel influe sur certains comportements féminins. Mais jusque-là, on ignorait tout de son impact sur la consommation des femmes. En résumé : lorsqu’elles sont fertiles, elles dévalisent les boutiques de vêtements et de cosmétiques, quand elles ne le sont plus, elles se ruent sur la nourriture !
Elles nous rendent heureux, accro, violent, nerveux… Les hormones jouent un rôle important dans l’expression de nos comportements, à tel point que nous agissons parfois de manière curieuse sans même nous en rendre compte. Les femmes sont soumises à de plus grandes variations dans leurs taux d’hormones que les hommes, du fait de leur cycle menstruel.
Cela a des répercussions sur certaines attitudes, mais également sur leur consommation. Lorsqu’elles sont fertiles, elles cherchent à plaire et se font belles. Lorsque les délais sont passés pour ce mois, elles se focalisent sur leur survie et font des réserves en nourriture calorique. Bientôt, pourra-t-on lire dans les tickets de caisse ?
Le contexte : un comportement sous l'influence des hormones
L’expression d’un comportement est un processus complexe. Il dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels l’environnement, l’expérience acquise et les hormones. Ces dernières contribuent fortement à notre humeur et participent à beaucoup de nos actions. L’ocytocine par exemple favorise l’attachement, le déficit de sérotonine contribue à la déprime et l’adrénalinedécuple nos capacités physiques.
Les femmes, du fait de leur cycle menstruel, d’une durée approximative d’un mois, passent par plusieurs phases pour rendre possible la reproduction. Cecycle s’effectue principalement sous le contrôle de la FSH, de la LH, des œstrogènes et de la progestérone.
Ce schéma montre l'évolution des taux d'hormones chez la femme au cours de son cycle menstruel, ainsi que l'évolution de l'ovule et de l'endomètre. LH (hormone lutéinisante), progestérone, estradiol et FSH (hormone folliculo-stimulante) varient beaucoup sur les 28 jours.
Ce schéma montre l'évolution des taux d'hormones chez la femme au cours de son cycle menstruel, ainsi que l'évolution de l'ovule et de l'endomètre. LH (hormone lutéinisante), progestérone, estradiol et FSH (hormone folliculo-stimulante) varient beaucoup sur les 28 jours. © Chris73, Wikipédia, cc by sa 3.0
Il a été montré que le comportement varie selon la période du mois. Ainsi, les femmes au pic de leur fertilité manifestent davantage d’intérêt pour des mâles virils tandis qu’elles préfèrent la compagnie d’hommes plus doux le reste du temps. Un exemple parmi tant d’autres.
Le cycle féminin affecterait d’autres aspects du comportement. D’après une étude parue dans le Journal of Consumer Psychology, la consommation de biens varierait chez la femme en fonction de la phase dans laquelle elle se trouve. Voici le manuel pour apprendre à mieux connaître la gent féminine simplement en lisant un ticket de caisse…
L’étude : une consommation cyclique
Gad Saad et son collègue de la John Molson School of Business ont recruté 59 femmes consciencieusement choisies dans un panel de plusieurs centaines de volontaires. Il leur était demandé de tenir très soigneusement un journal dans lequel elles relevaient chaque jour pendant 7 semaines leur consommation alimentaire, de décrire les vêtements qu’elles portaient, faire le bilan sur leurs achats et leur utilisation de produits de beauté.
À la lecture, il apparaît de manière claire que durant la phase de fertilité, à savoir entre les huitième et quinzième jours d’un cycle de 4 semaines, les femmes sont bien plus attentives à leur apparence. Elles se maquillent davantage et optent pour des vêtements jugés comme sexuellement plus attrayants, mais elles dépensent aussi plus d’argent dans les cosmétiquesou dans d’autres produits textiles. Détail intéressant : leur alimentation est pauvre en calories.
En revanche, au moment de la phase lutéale, période durant laquelle l’utérus se prépare à recevoir l’éventuel embryon, les volontaires se ruaient davantage sur la nourriture, au vu de leur consommation en aliments caloriques et leurs achats dans les supermarchés. Ainsi, ces chercheurs venaient de prouver l’impact du cycle menstruel sur la consommation.
L’œil extérieur : des pulsions préhistoriques
Quelle explication avancer ? Gad Saad, l’un des chercheurs, se sert de la théorie darwinienne pour apporter des éléments de réponse. Selon lui, ce comportement inconscient remonte à bien plus loin dans l’évolution humaine. Ainsi, lors de leur période de fertilité, les femmes (peut-être pouvait-on parler de femelles à cette époque très reculée) se focalisaient davantage sur des opérations de séduction auprès de leurs mâles, constituant un moyen de rechercher le partenaire au bon moment. Car à l’époque, aucun spécialiste ne tenait pour elles un calendrier afin de leur préciser quand elle pouvait faire un enfant. Voilà quelles en seraient les répercussions sur la femme de la société moderne.
Et ce goût plus prononcé pour la nourriture ? Selon l’auteur, toujours, durant cette période, les femmes pensent davantage à leur survie, et pourquoi pas à celle de l’embryon qui, peut-être, commence tout juste à s’implanter. Alors elles mangent plus.
En conclusion, ce travail montre que malgré elles, les femmes sont plus vulnérables de succomber soit à la nourriture soit aux vêtements durant un même mois. Il incite donc à davantage de vigilance pour leur éviter de se laisser tenter par des pulsions inconscientes et le plus souvent sans réel besoin biologique. Gad Saad songe même à adapter la technologie à sa découverte. Il évoque la possibilité de créer une application pour les téléphones portables. Une alerte qui, au réveil, pourrait par exemple prévenir et préciser : « Aujourd’hui, J+10. Éviter le shopping pour ne pas repartir les mains pleines ».

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