mardi 16 juillet 2013

GEORGES PLASSAT, LE MAGICIEN DE CARREFOUR

« Si lui n’y arrive pas, c’est que Carrefour est vraiment foutu. Même parfois insupportable, il reste le meilleur. » Lui, c’est Georges Plassat, 64 ans, arrivé à la tête du premier employeur privé de France (111 000 personnes, pour un total de 370000 dans le monde) en mai 2012, après une descente aux enfers de dix ans pour la marque précurseur des hypermarchés qui a fêté ses 50 ans le 15 juin. Cet hommage ambigu d’un baron de la grande distribution en dit long sur les attentes suscitées par cette nomination. Jusqu’ici, « Monsieur Plassat », comme il souhaite qu’on l’appelle, avec vouvoiement obligatoire, n’a pas déçu. Au contraire. En treize mois, ce manager « viril », fan du classique « Les Tontons fingueurs », adepte de mots crus et de méthodes directes, a déjà commencé à sortir le géant du fossé. Sans perdre une minute, malgré son retard proverbial à la plupart de ses rendez-vous.
L’énorme dette du groupe a presque diminué de moitié, grâce à une frénésie de cessions à l’international (Grèce, Singapour, Colombie...), les équipes ont été remotivées, la direction réorganisée, les magasins libérés de l’étouffante tutelle du siège – « On peut mettre en rayon des parapluies sans attendre le feu vert de Paris », résume un directeur de magasin – et les concepts « fumeux » de son prédécesseur, le Suédois Lars Olofsson, comme les hypers Planet, abandonnés. « La meilleure preuve du talent de Plassat réside dans le silence de ses actionnaires, muets depuis un an », ironise un banquier : Bernard Arnault et Sébastien Bazin ne se privaient pas jusqu’ici de critiquer durement les patrons de l’enseigne. Leur choix s’était déjà porté sur l’ancien dirigeant de Casino, il y a plusieurs années.

Massacré en Bourse depuis longtemps, le titre Carrefour a pris près de 60 % en un an 

Mais le repreneur de Vivarte (André, Kookaï, Minelli, La Halle...) avait alors décliné, préférant se consacrer à ce redressement exceptionnel, qui lui a rapporté à titre personnel 100 millions d’euros et a achevé de faire de lui l’un des magiciens reconnus de la « distrib ». Le monde fnancier salue sa performance chez Carrefour. Massacré en Bourse depuis longtemps, le titre a pris près de 60 % en un an. Tous les analystes recommandent la valeur à l’achat. Ce qui n’empêche pas le P-DG de garder la tête froide et la langue acérée. En Assemblée générale, Georges Plassat, qui adore arpenter ses magasins pendant des heures, réparant au passage une armoire réfrigérée sous l’œil d’un employé dépassé, parle sans notes, sans prompteur, sans slides ni PowerPoint, mais dit le fond de sa pensée.
« La bataille des prix, ça se termine sur un champ de ruines », a-t-il déclaré récemment lors du seul entretien qu’il ait accordé à l’hebdomadaire spécialisé « LSA », en dénonçant au passage les dangers d’une France « low cost ». Fier d’avoir fait HEC, mais dans sa version « Hautes études culinaires », cet ancien de l’Ecole hôtelière de Lausanne, qui a commencé au buffet de la gare de Metz, avant de continuer chez Hilton puis d’entrer chez Casino, excellent skieur, marié et père de trois enfants, cultive sa différence : de sa haute taille (1,90 m) à son style de management (une avalanche de questions concrètes) et un vocabulaire abrupt (les employés sont des « bipèdes », cela dit amicalement).Sans oublier sa fortune, autre garantie de son indépendance viscérale.
Georges Plassat
Né le 25 mars 1949 à Bollène
École hôtelière de Lausanne, Cornell University
Entre en 1983 au groupe Casino. Il en deviendra président du directoire en 1996
P-DG du groupe Vivarte en 2004 P-DG de Carrefour en 2012
Carrefour en chiffres

Numéro un européen et numéro deux mondial de la grande distribution
Création: 1963
Magasins: 9 994
Chiffre d’affaires 2012: 101,3 milliards d’euros
Clients dans le monde: 100 millions
Source: Paris Match (http://goo.gl/nRoGN)

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