Le réalisateur Martin Esposito nous livre, en exclusivité, un troisième extrait de son film « Super Trash », récit de 14 mois passés dans une décharge du Sud-Est de la France. Dans ce lieu géré par une filiale locale de Véolia, sa caméra a « débusqué »…Des tonnes de nourritures ! Il nous raconte.
« Le début du tournage de Super Trash en 2008, coïncide avec le début de la crise. De plus en plus de familles ne parviennent pas à joindre les deux bouts et sont obligées d’aller solliciter des associations comme les Restos du Cœur pour survivre. La crise est déjà bien installée et la question du « comment se nourrir ? » omniprésente. C’est dans ce contexte que j'arrive sur la décharge, loin d’imaginer ce que je vais découvrir.
Dès les premiers jours, des camions déversent des tonnes de nourriture. Je pense que ce sont des stocks impropres à la consommation. Etrangement, les travailleurs m’empêchent de m'en approcher. Je ne comprends pas sur le moment. Les jours passent et je revois ces mêmes camions déverser inlassablement ces mêmes montagnes de nourritures. A chaque fois les ouvriers m'éloignent, m'empêchant de tourner. Au fil des mois, ils m'acceptent progressivement et me laissent finalement filmer.
La nourriture balancée au milieu des ordures n’est pas du tout périmée. Elle sort à peine des chambres froides, et est encore réfrigérée. Poulets fermiers, côtes de bœuf, fruits de mer... Gargantuesque ! J’étais sous le choc. Toute cette nourriture pourrait nourrir des familles dans la détresse, être redistribuée, repartagée. Au lieu de ça, elle finit au milieu des fosses sceptiques et des hydrocarbures. Un gâchis total, une vraie folie. Notre société régie par la loi du marché préfère détruire plutôt que de donner.
Alors que je filme, je sens une ambiance étrange autour de moi. Comme si je gêne les travailleurs à mes côtés. Pour détendre l’atmosphère je me fais un sandwich avec ce qu’il y a à nos pieds. Cela libère l'atmosphère, dissipe le malaise palpable. Tous se mettent alors à faire leurs marchés. Récupérant saucisson, foie gras, saumons, jambons à l'os... tout les produits de luxe de notre société qu'ils ne peuvent pas se payer.
J’ai compris que si depuis le début ils ne voulaient pas que je filme c’est qu’ils avaient peur, honte, de montrer qu'eux aussi se ravitaillaient dans la décharge pour offrir à leurs familles des aliments hors de portée de leur bourse. Leur situation financière les obligeait à faire de la récup pour s’en sortir. Cette décharge m’offrait un reflet de notre société. Une précarité de plus en plus présente, poussant des gens qui travaillent à se nourrir dans une décharge pour faire des économies et cette folie humaine. Celle qui pousse à gâcher, à jeter et à détruire plutôt qu’à partager. »
Dès les premiers jours, des camions déversent des tonnes de nourriture. Je pense que ce sont des stocks impropres à la consommation. Etrangement, les travailleurs m’empêchent de m'en approcher. Je ne comprends pas sur le moment. Les jours passent et je revois ces mêmes camions déverser inlassablement ces mêmes montagnes de nourritures. A chaque fois les ouvriers m'éloignent, m'empêchant de tourner. Au fil des mois, ils m'acceptent progressivement et me laissent finalement filmer.
La nourriture balancée au milieu des ordures n’est pas du tout périmée. Elle sort à peine des chambres froides, et est encore réfrigérée. Poulets fermiers, côtes de bœuf, fruits de mer... Gargantuesque ! J’étais sous le choc. Toute cette nourriture pourrait nourrir des familles dans la détresse, être redistribuée, repartagée. Au lieu de ça, elle finit au milieu des fosses sceptiques et des hydrocarbures. Un gâchis total, une vraie folie. Notre société régie par la loi du marché préfère détruire plutôt que de donner.
Alors que je filme, je sens une ambiance étrange autour de moi. Comme si je gêne les travailleurs à mes côtés. Pour détendre l’atmosphère je me fais un sandwich avec ce qu’il y a à nos pieds. Cela libère l'atmosphère, dissipe le malaise palpable. Tous se mettent alors à faire leurs marchés. Récupérant saucisson, foie gras, saumons, jambons à l'os... tout les produits de luxe de notre société qu'ils ne peuvent pas se payer.
J’ai compris que si depuis le début ils ne voulaient pas que je filme c’est qu’ils avaient peur, honte, de montrer qu'eux aussi se ravitaillaient dans la décharge pour offrir à leurs familles des aliments hors de portée de leur bourse. Leur situation financière les obligeait à faire de la récup pour s’en sortir. Cette décharge m’offrait un reflet de notre société. Une précarité de plus en plus présente, poussant des gens qui travaillent à se nourrir dans une décharge pour faire des économies et cette folie humaine. Celle qui pousse à gâcher, à jeter et à détruire plutôt qu’à partager. »
Source: Marianne (http://goo.gl/OtHDVT)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire