Guillaume Garot: « Un choix pour une société plus solidaire »

Guillaume Garot, ministre délégué en charge de l’Agroalimentaire, présente le pacte anti-gaspi.

Quelle est aujourd’hui la situation du gaspillage alimentaire en France? Pour vous, est-ce une dérive de la société de surconsommation?

En 2050, il nous faudra nourrir 9 milliards de personnes. C’est un immense défi pour l’Humanité ! Dans un contexte de crise et alors que la planète compte encore près de 900 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim, la lutte contre le gaspillage alimentaire est plus que jamais un enjeu majeur de nos sociétés. Pourtant chaque année, c’est, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture(FAO), 1,3 milliard de tonnes de nourriture qui est perdu ou gaspillé, soit un tiers des aliments produits dans le monde… En France, chaque personne jette l’équivalent de 20 kg de nourriture par an – dont 7 kilos encore emballés – un gâchis qui représente une perte de 400 euros par an et par foyer.

Face à ce constat effarant, nous avons fixé le cap : la France doit réduire de moitié son gaspillage alimentaire d’ici à 2025. Lutter contre le gaspillage alimentaire, c’est un choix contre l’égoïsme, contre l’individualisme, pour une société plus solidaire et plus responsable ; car il y a quelque chose de scandaleux, de profondément injuste dans le fait de jeter de la nourriture quand tant de Français dépendent de l’aide alimentaire pour vivre ou que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ne mangent pas à leur faim.

En quoi consiste le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire? Quels sont ses objectifs et ses grands axes?

Au terme d’une étroite concertation avec tous les acteurs de la chaîne alimentaire, j’ai présenté en juin dernier le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire. Soutenu par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Pacte « anti-gaspi » se décline en 11 mesures prises par l’État, et en de nombreux engagement pris par les acteurs de la chaîne alimentaire, visant à modifier en profondeur nos habitudes de consommation mais également de transformation et de commercialisation des produits alimentaires en France. Vendre au plus juste, récupérer les invendus et faciliter le ramassage des denrées alimentaires, amplifier la collecte et la redistribution, faire connaître les bonnes pratiques pour gaspiller moins, mobiliser les territoires… A ce jour, déjà 29 signataires ont rallié la lutte contre le gaspillage alimentaire, reflétant la forte mobilisation de tous les acteurs : les producteurs, les marchés, l’industrie agroalimentaire, la grande distribution, la restauration, les traiteurs, les collectivités locales, les associations d’aide alimentaire, les associations de consommateurs, les entreprises sociales et les associations de défense de l’environnement.

Qu’attendez-vous de cette première journée de lutte contre le gaspillage alimentaire, le 16 octobre?

Le 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation, sera en effet lapremière journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire, instaurée par le Pacte. Tous les acteurs de la chaîne alimentaire, citoyens comme professionnels, se mobilisent autour d’actions spéciales lors de cette journée « anti-gaspi ». Récupération d’invendus, opérations « zéro gaspi » dans les cantines scolaires et d’entreprises, événements festifs dans les quartiers, ateliers cuisine de restes, sensibilisation aux bonnes pratiques, …

D’ailleurs, nous organisons, avec la Ville de Paris et de nombreux partenaires professionnels et associatifs, un grand rendez-vous populaire et festif en plein cœur de Paris. Le 16 octobre, j’invite donc les Parisiens et Parisiennes, et plus largement tous les visiteurs de passage dans la capitale, à nous rejoindre place de la République pour une journée spéciale d’ateliers ludiques pour sensibiliser au gaspillage alimentaire. Chacun pourra y apprendre à cuisinier des restes aux côtés de grands chefs tels que Thierry Marx ou Grégory Cuilleron, déguster les plats préparés à partir de produits invendus ou non-commercialisés (soupe, hachis parmentier, sablés, tartelettes…), ou encore s’informer sur le don alimentaire auprès des associations de solidarité.

Le message est simple : nous sommes tous des acteurs de la chaîne alimentaire et la lutte contre le gaspillage est à la portée de tous. Ce rendez-vous annuel du 16 octobre doit permettre à chacun d’entre nous d’en prendre conscience et de devenir chaque jour un peu plus un citoyen engagé dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Source: 20 Minutes (http://goo.gl/8CvbM6)