Le circuit court de distribution n'admet qu'un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. L'idéal en apparence pour avoir un beau produit au meilleur coût. Pour Envoyé spécial, Paul Sanfourche a enquêté sur ces circuits et leur récupération par la grande distribution.
Aujourd'hui 20 % des agriculteurs commercialisent leur production en circuit court, une tendance qui va en s'accentuant. Internet a favorisé le phénomène. Jean-François, éleveur en Saône-et-Loire, vend sa viande en ligne, mais doit assurer la livraison: «Je parcours 1. 000 kilomètres pour servir les clients, soit vingt heures de travail, deux jours par semaine. En revanche, je suis à l'abri des crises et des fluctuations du marché de la viande».
Les particuliers, eux, sont rassurés par la qualité et acceptent volontiers de mettre le prix. Certains créent une Amap, association qui permet, entre autres, de commander directement à un agriculteur un panier de produits de saison, à un prix fixé à l'année. Ghislain, maraîcher en Lot-et-Garonne, écoule ses poireaux chez un grossiste et en circuit court. II vend souvent à perte chez le premier, mais gagne le double de son prix de revient en passant par une Amap.
Le circuit court est aussi devenu un argument marketing pour la grande distribution, qui n'hésite pas à acheter directement chez un producteur local. Ghislain tente l'expérience, mais perd encore plus d'argent qu'avec un grossiste. En revanche, le consommateur, lui, sort gagnant, tout comme la grande surface.
De nouvelles grandes enseignes à l'ouest et dans le Nord se consacrent presque exclusivement à la vente en circuit court avec des frais de fonctionnement et d'emballage réduits. Or la DGCCRF, le service de la répression des fraudes, a noté un taux de non-conformité de 49 % l'an dernier. Beaucoup de petites infractions sur l'étiquetage et sur le circuit exact des produits.
Paul Sanfourche conclut: «Le circuit court intègre deux définitions, celle d'un seul intermédiaire et celle, plus exigeante, d'un périmètre de production de 80 à 100 km favorisant le local. La grande distribution se cherche, mais elle est bien équipée pour faire pression sur les producteurs tentés par l'achat en grosse quantité. S'inspirant parfois de la grande distribution elle-même, les producteurs se font entrepreneurs et ouvrent leur propre magasin, sur le modèle des drive».
À savoir
Selon une enquête du cabinet Ethicity, 56 % des Français (+14 pts par rapport à 2012) déclarent qu'un produit permettant de consommer responsable doit être fabriqué localement. Selon l'Ademe, l'économie en CO2 est minime, mais le circuit court favorise l'agriculture de proximité, plus créatrice d'emplois.
Source: http://goo.gl/F6quiV
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