Créer une exploitation maraîchère au-dessus d'un hangar ou d'un réservoir d'eau? L'idée, moins saugrenue qu'il n'y paraît, germe dans la capitale.
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Le lieu est insolite mais l'idée n'a rien de saugrenu. La toiture de ce quadrilatère, qui appartient à la ville de Paris, est déjà recouverte d'une pelouse, sur une couche de 30 centimètres de terre. "Cette surface de 2,5 hectares pourrait nourrir environ 400 habitants, assure l'élue écologiste du XIVe arrondissement. Il ne s'agit pas d'organiser l'autonomie alimentaire de Paris, mais de créer de l'emploi et d'améliorer l'approvisionnement des citadins, ainsi que le recommande l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Notre idée va peut-être en faire rigoler certains au début, mais c'est très sérieux !"
100 hectares de toitures pourraient être utilisés
Le mouvement est mondial. Au Québec, à Chicago ou à New York, quelques fermes urbaines poussent au sommet des immeubles. "Mais ce que j'ai vu à Brooklyn Grange tient du bricolage car il a fallu s'adapter au bâtiment existant", témoigne Pascal Julien.
L'adjoint (EELV) au maire du XVIIIe arrondissement s'est battu pour que le permis de construire du vaste ensemble Chapelle International - dans le nord de la capitale, livraison prévue en 2017 - inclue l'installation d'un important potager sur le toit d'un hangar. Une première pour un bâtiment neuf. "La surface de 0,4 hectare n'est pas suffisante pour faire vivre un maraîcher, mais je tiens à ce que ce soit une activité qui rapporte. Je rencontre des jeunes qui ont envie de se lancer", précise-t-il.
En tout, à Paris, plus de 100 hectares de toitures pourraient accueillir des plantations. "Encore faut-il qu'ils supportent une charge supplémentaire et qu'ils bénéficient d'un accès indépendant. Et nous devons aussi trouver des emplacements pour des panneaux solaires. Si on atteint 30 hectares dans dix ans, ce sera déjà bien", estime Fabienne Giboudeaux, adjointe (EELV) au maire de Paris, chargée des espaces verts et de la biodiversité.
Mais sera-t-il bien raisonnable de consommer des carottes qui auront poussé à quelques encablures du périphérique ? "Nous étudions la question sur quatre sites expérimentaux avec des cultures dans des bacs ou en pleine terre, précise l'élue Verte. Les résultats intermédiaires sont encourageants. Nous devrions toutefois déconseiller certaines plantes aromatiques qui ont tendance à concentrer les polluants, comme le thym."
L'idée de voir naître une ferme en ville fait quasi l'unanimité parmi les riverains, assure Pascal Julien, mais la question de la pollution est systématiquement posée lors des réunions publiques. "Je trouve délicieux que des gens aient soudain une sorte d'inquiétude sur ce qu'ils mangent alors qu'ils s'interrogent rarement sur l'agriculture chimique, s'amuse-t-il. S'ils savaient combien de traitements subissent les pommes de terre ou le raisin qu'ils achètent..."
Source: L'Express (http://goo.gl/gVShvy)
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