Les clients d'un magasin lillois se sont offusqués de voir des antivols sur des paquets de viande. Si cette pratique est assez rare dans la grande distribution française, elle tend à se développer.
Des clients d'un magasin Match ont découvert stupéfaits des antivols sous forme de macaron sur des emballages de viande de la marque Charal. Entre la baisse du pouvoir d'achat et la crise, le vol de denrées alimentaires augmente dans les magasins. La grande distribution se mettrait-elle à protéger ses rayons?
Le sujet est délicat. Il s'agit de nourriture et non d'articles High-Tech ou de cosmétique. D'ailleurs, les grandes enseignes n'aiment pas en parler. Contactée par Le Figaro.fr, les magasins Auchan et Leclerc n'ont pas souhaité s'exprimer. «Nous ne sommes pas habitués à communiquer là-dessus», prévient-on chez Leclerc. En revanche, Carrefour assure qu'il ne met «aucun produit alimentaire sous antivol», tout comme dans les magasins Dia, le spécialiste du Hard Discount, au motif que l'enseigne «pratique des prix très bras».
Les magasins s'équipent plus
Pourtant, «il y a des étiquettes antivols disposées sur quelques produits de grandes valeurs comme la viande, le foie gras et le saumon fumé à l'approche des fêtes», explique Cédric Brossard, responsable marketing chez Checkpoint, une entreprise spécialisée dans la sécurité des magasins et la prévention du vol. Plusieurs autres fournisseurs d'équipements de sécurité affirment même vendre de plus en plus d'étiquettes antivol à destination des rayons alimentaires. C'est le cas de la société S.Detect, expert en systèmes antivol de magasin, implantée à Lille. «Avec la crise, on voit de plus en plus de vols de produits de première nécessité et les supermarchés commencent à s'équiper», déclare Philippe Saragaco, le gérant de l'entreprise qui compte parmi ses clients Carrefour, Match, Intermarché et Leclerc.
Même constat pour Philippe Lefèvre, directeur commercial chez Antivol Système EAS, qui enregistre une «demande importante» des superettes et magasins de petite surface. «On protège surtout de la viande vendue à la découpe en disposant une étiquette antivol directement sur l'emballage», explique-t-il. De son côté, Alban Perreul, gérant d'Advanced Electronic System, vend surtout des antivols pour des produits surgelés. «On a aussi de nouveaux clients, les magasins bio se mettent aussi à protéger leurs articles alimentaires».
Aucun chiffre sur les vols de denrées alimentaires en France
Mais difficile de trouver des chiffres concernant le montant et la quantité totale de produits alimentaires volés chaque année. Ce qui est certain, «c'est que le vol s'est professionnalisé», constate Elias Nahra, président de Triomphe Sécurité, une société de surveillance humaine. Papier cellophane dans les sacs pour passer en toute discrétion au niveau des portiques, produits dissimulés sous les vêtements. «J'ai déjà vu de la viande hachée dans des chaussettes», détaille-t-il.
Les derniers chiffres indiquent que le taux de démarque inconnue (variation entre le chiffre d'affaire constaté à la fin de l'année et le chiffre d'affaire théorique) a augmenté de 2,9% en France entre 2010 et 2011, d'après le baromètre du vol réalisé depuis cinq ans par le Centre de recherche de distribution. Parmi les produits les plus dérobés, le fromage enregistre un taux supérieur à la moyenne (3,90%), devant les confiseries (2,45%) la viande fraîche (2,35%) et le poisson (2,70%) . Dans d'autres rayons, les produits de rasage, les cosmétiques et les vêtements restent très convoités.
«Besoin de voler»
Au secours populaire, on reste sensible au sujet. «Je ne cherche pas à les excuser mais il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim», rappelle Vincent Lauprêtre, le président de l'association. «Nous avons distribué 181 millions de repas rien qu'en 2011 et aidé 2,5 millions de personnes, dont 150.000 jeunes», poursuit-il. «Il y a un réel problème d'alimentation en France».
Sortie des études, Lucie*, 23 ans, n'a jamais eu à se rendre au secours populaire mais admet avoir eu «besoin de voler» pendant les trois dernières années passées à Paris. «Jambon, tarte salée, cordons bleus. C'était des trucs plats, faciles à oublier au fond du panier», raconte l'ancienne étudiante. «Je voyais les prix augmenter, mon budget se resserrait...Et puis je n'avais aucun scrupule car c'était des grandes surfaces qui se faisaient des grosses marges». Depuis quelques mois, Lucie touche un salaire. «J'ai donc arrêté mais je ne regrette pas ce que j'ai fait».
Source: Boursorama (http://goo.gl/oQToX)
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