C’est un euphémisme de dire que nous vivons dans une société hyperconnectée. Rappelez-vous il y cinq ans : Facebook et Twitter existaient à peine, les tablettes tactiles étaient rares et la star des smartphones s’appelait Blackberry.
Aujourd’hui des centaines de millions de vidéos sont vues chaque jour sur le web, les réseaux sociaux envahissent notre quotidien, les QR codes fleurissent et s’invitent sur les cartes de visite, il existe même des supermarchés… vides où le client scanne les QR codes et se fait livrer ensuite !
QR code du site www.ecoconso.be
Ajoutons les consoles de jeux et la TV connectée à ce tableau et nous obtenons une panoplie d’outils à travers lesquels communiquer en masse avec son entourage via Internet n’a jamais été aussi facile… en tout cas en apparence.
Au bureau, cette (r)évolution est tout aussi marquée : recherches sur le web, échanges de mails, vidéos, téléconférences, télétravail… En quelques années, l’intégration de l’informatique a été massive et aujourd’hui la communication est grandement facilitée avec les lignes à haut débit, les connexions sans fil et les appareils nomades.
Quant au commerce électronique, il connaît une croissance impressionnante, même si en Belgique nous sommes « en retard » par rapport aux pays voisins.
La fin de l’année est d’ailleurs une période faste pour l’e-commerce : de plus en plus de consommateurs achètent leurs cadeaux sur Internet. Les principales raisons sont : l’évitement de la cohue dans les magasins, l’absence de contraintes horaires, la facilité et le gain de temps. Et après les fêtes, des sites comme eBay ou 2ememain.be tournent à plein régime pour revendre des cadeaux non souhaités (c’est ça le progrès !) Selon l’enquête iVox (janvier 2012), un belge sur six aurait reçu un ou plusieurs « mauvais » cadeaux. Pas étonnant que le chèque-cadeau ait de plus en plus de succès.
Enfin, n’oublions pas l’e-learning avec cet exemple emblématique de deux Uuniversités américaines, Harvard et et le MIT, qui vont proposer des cours gratuits, avec des notes, des vidéos mais aussi un laboratoire virtuel disponibles sur une plateforme open source.
Voir également sur www.coursera.org (cours universitaires en ligne) et, plus près de nous sur www.learn-on-line.be
D’une certaine manière, nous sommes dans le meilleur des mondes si l’on ne tient pas compte de la fracture numérique, de l’impact global des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur l’environnement et le risque d’isolement de l’utilisateur derrière son écran… et si l’on apprécie Big Brother.
GREEN IT ET IT FOR GREEN
Le secteur des TIC représente 2% des émissions mondiales de CO2, autant que le secteur aérien (1), et cela va en augmentant. Pour arriver à maîtriser les émissions du secteur des TIC, une série de mesures sont possibles, regroupées sous le terme générique de Green IT ou informatique verte ou encore Green IT 1.0, par exemple :
- cloud computing (informatique dans les nuages) ;
- virtualisation ;
- produits informatiques conçus pour générer moins d’impacts sur l’environnement (refroidissement des serveurs à l’aide de l’air extérieur plutôt qu’avec la climatisation, réduction de l’utilisation de substances dangereuses…)
Par ailleurs, nous percevons facilement que les TIC permettent, dans l’absolu, des économies grâce à la dématérialisation, que ce soit en évitant des déplacements (télétravail, téléconférences, netbanking, e-commerce…), en évitant le papier (factures par e-mail, pdf à la place d’ouvrages imprimés) ou en évitant d’autres supports physiques (musique et vidéo en streaming, sur clés usb et cartes mémoire, à la place des CD et DVD par exemple).
Plus profondément, les TIC pourraient permettre de réduire les émissions de CO2 d’autres secteurs comme les transports (chaîne logistique, gestion des stocks…), les bâtiments (domotique, appareils intelligents…) ou la distribution d’énergie (suivi énergétique, réseaux intelligents, compteurs intelligents…).
D’après le rapport Smart 2020, cette diminution pourrait être de 15% (soit la bagatelle de 7,8 milliards de tonnes de CO2) en 2020 (1).
On parle cette fois de IT for Green ou Green IT 2.0
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
Derrière chaque ordinateur, tablette ou smartphone, il y a toute une infrastructure pour permettre la transmission et le stockage des données, notamment des centaines de millions de serveurs consommant une quantité d’électricité titanesque, surtout pour le refroidissement des systèmes !
Ainsi, en 2009 les serveurs dans le monde consommaient 1,3% de l’électricité mondiale et les seuls serveurs de Google en consommaient 0,01 %, soit plusprès de 2 TWh ou la consommation de 680.000 personnes (la consommation moyenne était de 2800 kWh/personne en 2009). D’où l’action de Greenpeace pour faire pression sur certains acteurs emblématiques du cloud computing comme Facebook, Microsoft, Amazon ou Apple pour que leurs serveurs soient alimentés en électricité verte et le moins possible avec des centrales à charbon, les plus polluantes.
Source : How Clean is Your Cloud ?, Greenpeace
N’oublions pas l’énergie grise : la production de tout ce matériel électronique (serveurs, smartphones, TV, ordinateurs, tablettes, routeurs, câbles…) implique l’utilisation de matériaux, de ressources, d’énergie et de produits toxiques. L’impact sanitaire et environnemental lors de la production et le démantèlement peut être énorme (bains acides à ciel ouvert, séparation des métaux des plastiques par combustion…).
La nouvelle directive sur les DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) permettra-t-elle de résoudre l’énorme problème des exportations illégales de e-déchets vers l’Asie et l’Afrique ?
La multiplication d’appareils, d’applications mobiles et d’échanges de contenu via Internet font exploser le volume de données à stocker et à synchroniser (la quantité de données numériques circulant sur le net devrait être multipliée par 50 d’ici à 2020) (2). Une solution pour réaliser cela est d’utiliser le cloud computing. On peut résumer le cloud computing à de l’informatique en ligne : plutôt que de stocker simplement les données et les applications sur l’ordinateur de l’utilisateur ou sur un réseau privé, celles-ci se trouvent sur des serveurs regroupés dans des datacenters. L’avantage pour les entreprises est qu’au lieu d’avoir plein de serveurs dispersés, il y a une concentration de serveurs gérés de manière plus efficace notamment en utilisant plus intensivement leurs capacités. Pour le particulier l’avantage est surtout d’avoir ses données disponibles en permanence sur son support préféré.
Selon une étude d’IHS iSuppli, il y aurait actuellement 500 millions d’utilisateurs de l’informatique en nuage dans le monde et il devrait y avoir 1,3 milliards d’utilisateurs en 2017 ! Des services comme SkyDrive, Google Drive, Dropbox ont de beaux jours devant eux.
Une autre technique efficace est la virtualisation : faire tourner plusieurs systèmes d’exploitation sur un même serveur, ce qui permet de diminuer le nombre de machines installées.
COMPORTEMENTS DE CONSOMMATION
Comme bien souvent, l’évolution technologique demande une adaptation des comportements pour être pleinement efficace. Le bon sens reste de mise même si la facilité peut inciter à ne pas se soucier des impacts de nos choix.
Ceci est abordé dans le rapport Smart2020 qui met en garde contre l’effet rebond : on constate bien souvent que le gain d’efficience des appareils ou des systèmes ne suffisent pas à provoquer une baisse de la consommation globale car il est contrebalancé, entre autres, par un taux d’équipement plus élevé ou une utilisation plus intensive.
L’exemple de la consommation de papier est parlant à ce sujet : l’usage du papier n’a pas diminué avec l’avènement des TIC : que ce soit au bureau ou à domicile, on imprime toujours à tour de bras (3).
Autre exemple : l’Europe prévoit d’imposer l’installation « compteurs intelligents » dans 80% des foyers d’ici 2020 (sauf si des analyses coûts-bénéfices démontrent que les inconvénients sont plus importants que les avantages). Elle escompte notamment une économie d’électricité de 10-15% par ménage mais une étude du BEUC (Bureau européen des consommateurs) montre qu’en réalité les économies seraient plutôt de 2 à 4% ! (4)
Au niveau du télétravail, tout dépend du mode de déplacement domicile-travail et de la performance énergétique du logement. Quelqu’un qui a un logement bien isolé et qui se rend en voiture au travail aura avantage à télétravailler : le gain net sur les déplacements ne sera pas compensé par l’utilisation de chauffage et d’électricité à domicile. À l’inverse, si l’habitat est mal isolé et que les trajets se font en transports en commun, alors le travailleur va consommer plus d’énergie chez lui que s’il était au bureau. Entre ces deux extrêmes tous les cas sont possibles…
Des études (6) montrent que les employés tendent à plus utiliser leur véhicule lorsqu’ils travaillent à domicile : le temps gagné sur le trajet domicile-travail est mis à profit pour l’une ou l’autre course. (6)
Le commerce électronique a aussi son revers environnemental : la facilité de l’achat est certes très séduisante mais cela implique tout de même des transports, pas toujours rationnels, surtout quand le client veut recevoir sa commande le plus vite possible ! Attention également à l’effet rebond : les achats sur Internet peuvent être moins chers que dans les commerces habituels. Il faut alors éviter d’acheter plus ou de manière plus impulsive car les bénéfices financiers et environnementaux seraient aussitôt annulés.
FRACTURE NUMÉRIQUE
Pour bénéficier des services des TIC, il faut s’équiper – ordinateur, smartphone, tablette, connexion Internet, imprimante éventuelle – et cela a un coût. En Wallonie, quatre personnes sur cinq vont régulièrement sur Internet, cela signifie aussi que 20% des wallons ne vont pas sur le web.
La fracture numérique ne concerne pas que l’équipement : elle peut aussi recouvrir une méconnaissance des usages des TIC en général. Si pour certains il est très facile d’acheter un billet de train ou le dernier livre à succès en trois clics sans bouger de son fauteuil, encore faut-il être en confiance devant un site et connaître les règles de base avant de livrer les informations de sa carte de crédit sur la toile.
Et, pour ne rien arranger, une grande partie des sites d’e-commerce ne sont pas en règle au niveau des informations affichées ! Pour tenter d’y voir clair : www.internet-observatory.be
COÛT DE LA DÉMATÉRIALISATION
Amener les gens à passer de plus en plus par Internet pour effectuer leurs démarches comporte bien des avantages, tant pour l’utilisateur que pour l’entreprise ou l’administration qui peut réduire ses coûts en rendant le client ou le citoyen le plus autonome possible grâce à des machines.
Le problème est que cette tendance lourde amène un transfert de responsabilité vers le client-citoyen : c’est lui qui doit veiller à disposer du matériel et des programmes nécessaires, se protéger des virus, s’informer sur les pratiques frauduleuses telles que le phishing (ces e-mails qui semblent provenir d’un banque et qui vous demandent d’introduire des données confidentielles sur un faux site web), vérifier les conditions de vente et d’utilisation, s’informer sur le service après- vente…
Dans bien des cas, le contact humain reste irremplaçable pour se sortir d’une situation qui ne rentre pas dans le bon fonctionnement du système. Sur certains sites, c’est un vrai parcours de détective qu’il faut mener pour trouver un numéro de téléphone plutôt qu’un formulaire de contact.
CONSEILS
Préférez des produits qui ont un moindre impact, par exemple les produits labellisés Energy Star, EPEAT ou Écolabel européen… Le sitewww.ecoguide-it.com répertorie plus de 1500 produits et services informatiques sur base de critères sociaux (respect de la norme ISO 26000) et environnementaux (analyse du cycle de vie, bilan carbone).
Utilisez correctement les modes de gestion de l’énergie des ordinateurs, évitez de les laisser allumés et même simplement branchés, pendant la nuit et le week-end (s’il s’agit des appareils au bureau).
Prolongez la vie des appareils : évitez absolument de changer trop souvent de GSM, d’ordinateur ou de tablette, surtout s’ils sont encore en bon état de fonctionnement.
Et veillez à leur bon entretien : passer l’aspirateur dans la tour de l’ordinateur, nettoyer le clavier clavier, les écrans et la souris, les protéger, prévoir une housse pour le GSM, etc.
Imprimez le moins possible et, lorsque l’impression est nécessaire, préférez les modes deux pages par feuille, recto verso, en noir et blanc et qualité brouillon (surtout s’il s’agit d’un document de travail).
Effacez les mails et les fichiers inutiles : même si des services gratuits comme Gmail offrent une capacité de stockage toujours plus importante, c’est un gaspillage d’énergie et de matières que d’emmagasiner des données qui ne servent à rien ! Exit aussi les blagues de 1 Mo envoyées à tout le carnet d’adresses.
Évitez d’utiliser les moteurs de recherche à tort et à travers, mettez les sites fréquemment visités dans les favoris pour y accéder en un clic ou tapez l’adresse dans la barre de navigation.
Utilisez un bloqueur de publicités ou d’animations flash (adblock, flashblock …) qui rendront les pages plus légères.
Activez les fonctions économies d’énergie des vos appareils (notamment la luminosité de l’écran, l’extinction de l’écran et la mise en veille de l’ordinateur en cas de non-utilisation...)
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