Chaque Français jette annuellement sept kilos d'aliments sous emballage. Une tendance au gaspillage à laquelle le gouvernement veut mettre fin, comme l'explique à Libération Guillaume Garot, ministre délégué à l'Agroalimentaire.
Qui n’a jamais laissé pourrir carottes et navets dans son bac à légumes, après en avoir acheté de trop grosses quantités ? Ou fichu à la poubelle une douzaine d’oeufs périmés ? En la matière, les chiffres sont sans appel. En 2011, un rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) montrait qu’un tiers des aliments produits dans le monde est perdu ou gaspillé. L’Ademe (Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Energie) estime de son côté que chaque Français jette annuellement sept kilos d’aliments encore sous emballage. Le gouvernement a annoncé ce jeudi une série de mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot (photo AFP), en présente les objectifs.
Les Français sont-ils de gros gaspilleurs ?
Nous sommes plutôt bien placés par rapport à la moyenne européenne. Mais nous ne nous satisfaisons pas de cette place. Chaque Français jette 20 à 30 kilos de nourriture par an. Cela représente une perte de pouvoir d’achat de 400 euros pour une famille de quatre personnes. Nous serons efficaces dans la lutte contre le gaspillage si nous réussissons à sensibiliser chaque citoyen sur les conséquences pour lui-même. Tout le monde peut agir. C’est aussi un enjeu éthique de lutter contre la société de surconsommation, au moment où tant d’hommes sur la planète crèvent de faim ou sont dépendants de l’aide alimentaire.
La lutte contre le gaspillage est-elle entrée dans les moeurs en France ?
Il existe un trésor d’initiatives locales partout sur le territoire. Notre rôle est de les accompagner et de leur donner de la force pour les démultiplier. Nous allons lancer une série d’actions pilotes pour chacun des grands acteurs de la chaîne alimentaire, du producteur au consommateur. Il s’agira aussi d'évaluer ce qui marche ou non, et d’identifier les freins et les blocages.
Quels sont vos objectifs, et quel calendrier allez-vous adopter ?
Nous voulons réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025. Nous signerons un pacte national en juin 2013, et nous déclinerons plusieurs mesures opérationnelles et concrètes. Celles-ci seront testées et évaluées au cours des prochains mois.
A quels types d’actions pensez-vous ?
Il faut réduire le gaspillage dans les cantines. Une opération en ce sens va être lancée dans 32 collèges de Dordogne. Il s’agit de sensibiliser les élèves et de former les cuisiniers. Nous allons aussi travailler sur l’extension de la vente à l’unité dans les supermarchés. Aujourd’hui, ce sont souvent les yaourts haut de gamme qui sont vendus à l’unité. Nous voulons que les produits d’entrée de gamme soient désormais concernés. La chaîne de magasins Monoprix va travailler en ce sens. Un autre exemple : à Tours, une petite camionnette électrique ira au plus près des citoyens pour récupérer des dons alimentaires.
Les Français sont-ils prêts à ce changement de mentalité ?
Je le pense, notamment quand je vois le succès de la campagne virale que nous avons lancé sur Internet, à travers le site www.gaspillagealimentaire.fr . Nous avons un tas de visuels décalés, non-culpabilisants. Il faudra aussi travailler sur les freins logistiques, techniques ou de formation.
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