vendredi 10 mai 2013

Circuits courts alimentaires : quels enjeux, quelles solutions ?

Dans un contexte social et économique difficile, les agriculteurs et éleveurs cherchent à mettre en place des modes de vente innovants, associant un nombre d’intermédiaires le plus réduit possible. Les circuits courts, les ventes en direct, sont donc de vraies opportunités et ces initiatives se multiplient. Dans ce domaine, la question du territoire et de ses enjeux est forcé-ment prégnante. C’est pourquoi nous avons, d’une part, mis en relation la ferme de Kerguevarec d’Odile Kerandel, une agricultrice bretonne, avec un groupe d’étudiants de l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Lorient. D’autre part, nous avons fait travailler les étudiants de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Rennes sur une étude plus globale, liée aux nouvelles pratiques alimentaires dans la restauration hors foyer. Deux contributions riches d’enseignements, qui permettent de mieux aborder les enjeux croissants des circuits courts alimentaires.
Autour de cette question liée aux circuits courts, certains producteurs du centre Bretagne (communauté de communes de Carhaix) souhaitent trouver un moyen de mutualiser leurs productions, livraisons et ventes. Mais comment intéresser un nombre suffisant de producteurs pour que cette démarche collective fonctionne ? Comment contribuer au développement de pratiques agricoles plus durables afin de mieux gérer les ressources naturelles ? Quel modèle économique et organisationnel mettre en place ? Comment renforcer la consommation locale ? Quelle communication adopter envers les consommateurs ? Voici quelques-unes des interrogations que sous-entend ce sujet et auxquelles les étudiants ont tenté de répondre. Aider à mieux comprendre les enjeux des circuits courts alimentaires et contribuer à en optimiser la mise en place, voici la mission qui leur a donc été confiée, en septembre 2012.
A l’INSA de Rennes, comme pour l’ensemble des autres projets initiés par Open Odyssey (algues vertes, éolien offshore, filière chanvre, numérique et territoire, etc.) et intégrés aux programmes de cette école d’ingénieurs, en lien avec le Département des Humanités, le groupe de travail, constitué de quatre étudiants en 3ème année d’étude au Département Informatique, s’est attaché à produire tout à la fois : un rapport d’étude (monographie), une cartographie des controverses et un site internet. Ces livrables seront présentés dans leur forme définitive le 17 mai prochain, devant un jury d’enseignants, lors des soutenances organisées par l’établissement.
Un constat s’impose aujourd’hui : de plus en plus de Français mangent en dehors de leur domicile, avec un budget de plus en plus restreint. Nicolas Charpentier, Damien Cremilleux, Guillaume Biez et Simon Vandewalle se sont donc intéressés aux nouvelles pratiques alimentaires liées à cette restauration hors foyer. Ils en ont étudié les causes, les tendances actuelles et futures, les attentes inhérentes des consommateurs, ainsi que les enjeux économiques et sanitaires associés. Leur enquête les a menés à interviewer Guillaume Morwenna, directrice adjointe du Mc Donald’s de Cesson-Sévigné, qui a pu les aider à mieux cerner certains enjeux. Mais ils ont aussi et surtout pu constater qu’une autre forme de restauration voyait le jour, répondant à une volonté nouvelle de consommer local, biologique et diététique. Une aubaine pour les producteurs locaux et les agriculteurs… Nicolas Charpentier dit d’ailleurs en ce sens que les circuits courts représentent, selon lui, « un marché à fort potentiel ». Une position qu’il étayera, en compagnie de ses camarades, le 17 mai prochain, à l’heure de présenter les conclusions de leurs recherches. En attendant, Nicolas se réjouit d’avoir pu travailler sur un projet lui ayant permis de gagner en « ouverture d’esprit. Bien que le sujet ait été imposé, il nous a fait sortir du côté très technique de notre formation, découvrir autre chose. Ce projet nous a appris à travailler en équipe, à prendre contact avec le monde professionnel. Et puis j’ai apprécié aussi d’être impliqué sur la partie marketing et design relative à la création du site internet. Ce dernier est un bon atout sur un CV et met en valeur notre projet. »
Réunion d'étape pour les étudiants de l'IUT de Lorient
Les cinq étudiants de l’IUT de Lorient, en deuxième année au sein du Département Qualité, Logistique Industrielle et Organisation, encadrés par leur enseignante tutrice Martine Quénéa, ont eux déjà présenté leur projet, le 18 mars dernier. Leur travail à consister à proposer une organisation qui permette aux agriculteurs concernés de vendre une partie de leur production en circuits courts, autrement dit du producteur au consommateur, en optimisant le temps et les coûts. Ils ont ainsi produit un rapport écrit, intégrant un état de l’art du fonctionnement individuel des producteurs souhaitant avoir recours aux circuits courts, ainsi que des propositions d’organisation visant à optimiser la logistique de mise en place et de fonctionnement de ce système.
Pour ce faire, Kevin Evano, Yitong Wang, Lifang Wang, Lucas Magnier et Hind Messaoudi-Hatêt ont travaillé en relation avec Odile Kerandel, productrice de viande de porc, de rillettes, pâtés et autres plats cuisinés à base de porc, à la ferme de Kerguevarec. Cette collaboration était une manière pour l’agricultrice bretonne de développer son activité par la vente de produits en circuits courts, voire de l’étendre à d’autres producteurs de la région, puisqu’elle fait partie des réseaux « Forme en ferme » et « Bienvenue à la ferme ». Comment vendre ses produits directement aux consommateurs en dehors des marchés ? Quels sont les moyens de transport existants ? Quelles sont les attentes des clients au niveau des produits, de la préparation, du conditionnement ? Est-ce que la vente en circuits courts peut avoir du succès ?Voici tant de questions, utiles au développement de la vente pour cette ferme située en centre-Bretagne, auxquelles les étudiants de l’IUT de Lorient ont apporté des réponses jugées « très satisfaisantes » par l’agricultrice elle-même.Pour y parvenir, ils ont tout d’abord réalisé un état des lieux, puis une enquête terrain. Une prise en main du projet qui leur a permis de constater l’engouement immense du grand public pour ce mode de distribution. Des consommateurs d’ailleurs prêts à mettre la main au porte-monnaie pour soutenir une telle pratique, s’assurer des produits de qualité à la traçabilité certaine, tout en sauvegardant l’emploi local et en préservant le contact humain. Et ce quel que soit le type d’aliments : les fruits et légumes, la viande, les œufs et les produits laitiers en général ou encore le pain.
Lors de la soutenance des étudiants de l'IUT, en présence d'Odile Kérandel.
Les étudiants, « animés, de leurs propres dires, par l’envie de rendre service, mais aussi de produire un travail de qualité », ont donc ensuite émis des recommandations, notamment au niveau du mode de distribution : vente à la ferme, vente en ligne, ou encore livraison à domicile. Ils ont ainsi préconisé une refonte du site internet afin de permettre entre autres de commander en ligne, l’acquisition ou la location d’une remorque ou d’un véhicule frigorifique pour permettre la livraison aux clients et la vente en tournée, ainsi que l’acquisition de nouveaux moyens d’emballage et de conditionnement des produits pour en faciliter la livraison. « Ce projet nous a donné l’opportunité de proposer des solutions concrètes, utiles et directement applicables dans la réalité, ce qui est très motivant, se réjouit Lucas Magnier, l’un des cinq étudiants du groupe de travail. Nous en avons aussi profité pour faire connaissance avec le monde de la ferme, qui nous était jusqu’alors totalement inconnu. » Cet entrain, à l’origine de résultats prometteurs tenant compte des attentes des consommateurs et des contraintes auxquelles sont confrontés les agriculteurs, fait dire à Odile Kerandel, principale intéressée, qu’elle n’hésitera pas à « confier de nouveaux projets aux étudiants dans les années à venir ! Je pense faire très prochainement l’acquisition d’un véhicule frigorifique, ainsi que de nouveaux moyens de conditionnement pour livrer la viande aux clients. Les étudiants ont représenté un gain de temps énorme pour moi ! Je les en remercie. » Une conclusion heureuse, fruit de 10 mois d’un travail pour le moins intense, qui ne fait qu’encourager Open Odyssey dans la poursuite de sa démarche…
Source: Open Odyssey (http://goo.gl/rXgBg)

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