La nourriture vivante…
Living Food… On pourrait croire qu’il s’agit encore d’un anglicisme pour cacher une lubie alimentaire d’écolo-bobo désemparée face au réchauffement climatique. Il y a un tout petit peu de cela, mais seul l’idiot s’arrêterait ici. Le Living Food ne se présente pas comme une simple mode, comme le fut par exemple la cuisine moléculaire, mais s’apparente à une future tendance alimentaire, dont l’origine peut être tracée et dont la destinée impacterai nos habitudes de consommation.
Présentée au
SIAL 2012, le Living Food englobe des concepts et produits alimentaires innovants répondant aux besoins des consommateurs à la recherche de produits «
plus frais que frais » pour reprendre l’expression de Xavier Terlet, président de XTC World Innovation. Le consommateur ne recherche plus l’artificiel du produit de grande consommation mais au contraire du naturel, et cela à travers des produits dits « vivants », dont le processus de fabrication est maîtrisé car réalisé chez soi… ou en soi.
Cela vous apparaît trop futuriste ? Mais comment alors qualifier les personnes qui fermentent des yaourts chez eux avec des yaourtières ? Ou qui produisent leurs propres fromages ? Les micro-organismes, même une fois le yaourt incubé, continuent de se développer dedans. Notre yaourt est donc bien vivant. Evidemment, ces exemples ne soulignent pas le caractère innovant de la tendance et ne servent que de premières balises pour vous guider dans la suite de cet article.
Naissance d’une tendance
Peut-on remonter à la naissance de cette tendance ? Deux éléments à notre avis ont fait office de précurseurs : la tendance
Respect for Nature également présentée au SIAL (XTC AU SIAL-LIEN) et l’émergence des produits
Raw Food, orientation hybride entre naturalité et revendication santé. Ces deux précurseurs ont permis l’émergence encore timide du Living Food, qui peut-être dans le futur, s’imposera à la place de ses deux parents. Rentrons un peu plus dans le détail.
Il faut souligner la perte d’attachement du consommateur pour les technologies de conservation classiques. Ces procédés saccagent l’aliment, le figent et neutralisent ses bienfaits naturels. La stérilisation UHT n’est plus aussi populaire que dans le temps, et les plats préparés sous vide ont eu leurs heures de gloire… La tendance déjà bien ancrée du
Respect For Nature joue là-dessus : donner le temps à la nature de faire les choses avec l’utilisation de procédés industriels lents, à basse température, « respectueux », voire des procédés naturels comme la fermentation.
Ici, on dépasse cette notion : le procédé est 100% naturel, et découle directement des rouages mis en place par Mère Nature.
Enfin, les produits Raw revendiquant une Naturalité à travers l’utilisation d’ingrédients bruts et non transformés jouent implicitement sur la tendance Santé.
L’évolution de ce phénomène aboutit à la Living Food où la notion même d’ingrédients devient obsolète avec un discours orienté sur les bienfaits et la revitalisation. Graines germées, soja, pollen, champignons à faire pousser, ferments actifs, levure en poudre, certains vont encore plus loin avec la mise en place de vivier où on pêche directement le repas du soir encore vivant. La Living Food implique aussi une traçabilité à 100% assurée (tout se passe chez vous !) et une assurance contre la présence d’additifs ou de polluants.
La Living Food permet aussi d’aborder des modes de production et de consommation alimentaire ludiques, au-delà du fort potentiel d’innovation qu’elle incarne. Faire pousser ses propres aliments est un moyen de se rapprocher de la nature, de mieux la comprendre, de saisir sa complexité. On transforme ainsi la simple consommation en une expérience de vie. Homo Consumericus retrouve la satisfaction très ancienne de récolter, d’utiliser et de consommer les efforts même de son travail. Avouons-le, tout seulement est légèrement plus excitant que de pousser lentement son panier et de le remplir au fur-et-mesure des rayons et des promotions de ce grand temple consumériste qu’est le supermarché (sans critique aucune).
Egalement, le Living Food est une réponse ponctuelle à la phobie toujours plus grandissante du produit manufacturé. Le consommateur de plus en plus éduqué commence à se poser des questions, notamment sur les additifs et autres ajouts sympathiques, et n’hésite plus à surfer sur des Open Database comme
Open Food Fact.
Enfin, le Living Food implique un respect écologique certain. Spécialement, nous le verrons par la suite avec notre coup de cœur Prêt à Pousser, si le produit l’inclut dans son concept même.
Ainsi, la tendance se veut offrir des produits sains, respectueux de l’environnement, facile à produire et accessible à tous. Une promesse qui s’inscrit parfaitement dans un scénario agroalimentaire focalisé sur l’émergence et de le dynamisme de circuit-courts et d’un mode de production local. Nous le verrons par la suite avec l’exemple du Living Food Lab.
Communauté, Concept et Innovations
Encore minoritaire, le Living Food commence petit à petit à s’élargir vers le grand public (cette majorité précoce et tardive). Les premiers initiateurs du mouvement sont des communautés partageant différentes passions et point de vue sur l’agroalimentaire, que le Living Food englobe partiellement ou totalement. On doit vous avouer que certaines de ces communautés sont un peu extrême en termes de consommation agroalimentaire. Il est temps que la grande consommation s’empare du phénomène et le démocratise autour de conditions moins réductrices (et surtout plus pertinente pour notre société). Présentons quelques-unes de ces communautés.
La plus importante d’entre elles,
Living and Raw Food a posé un cadre autour de la tendance pour mieux la définir et la maîtriser. Ainsi, on peut lire que la Living Food sont des aliments contenant des enzymes et qui n’ont pas subis de traitement thermique s’élevant à plus 116F (46,6°C, température à laquelle les précieuses enzymes se dénaturent). Les produits cuits sont dénaturés, plus difficile à digérer car ayant perdu leurs enzymes et rendus toxiques par la cuisson. En effet, les enzymes contenues dans les aliments aident à la digestion et permettent une utilisation maximale de ceux-ci par l’organisme.
On apprend par la suite que les « Living/Raw foodist » se séparent en plusieurs castes selon leurs aliments de prédilection. Un petit aperçu de ce bestiaire :
- Les « Fruitarian », amateurs de fruits,
- Les « Sproutarian » amateurs de pousses de toute sortes (sprouts),
- Les « Juicearian », passionnés par les jus de fruit.
Evidemment, d’un coup, le Living Food perd de sa superbe et ressemble plus à un club très sélectif de végétariens déprimés à la recherche d’une identité à travers la nourriture.
Il faut à nouveau continuer plus loin et laisser là ce peuple de l’herbe crue, et plutôt se tourner vers les possibilités conséquentes du Living Food comme alternative, non pas totale, aux produits de consommation industriels. Il peut également inspirer des concepts de restauration rapide alternative. Laissez – nous vous présenter le Living Food Lab.
Proposant salades, entrées, desserts et jus de fruits
raw , le Living Food Lab (Faire Hyperlien) situé à Bali et partenaire de la Green School, (Faire Hyperlien) initie les
Raw-Curious à découvrir et à cuisiner des ingrédients surfant sur cette nouvelle tendance
Living Food. Evidemment, Bali n’est pas à côté. D’ailleurs si vous connaissez un concept de restauration/bar jouant sur cette tendance dans l’Hexagone, ou même en Europe,
Dîtes-nous tout ! On a cherché mais pas encore trouvé !
Egalement, Le Living Food Lab propose des cours de cuisine donc, mais aussi des certifications Raw-Food. Impossible d’en savoir plus sur cette certification, et une simple recherche sur internet vous renvoie sur une multitude de concepts et de communautés Living Food :
Finalement, la réponse nous est donné par
le site LiveStrong : la certification apporte des connaissances essentielles dans l’utilisation et le choix de la Raw Food, l’élaboration des menus, de nutrition… Un programme complet pour ceux qui désire se plonger totalement dans le
Living Food. Tout comme eux, notre article s’est trop plongé dedans et a dérivé de son véritable intérêt, celui d’appréhender la tendance Living Food et son impact dans l’univers agroalimentaire.
Revenons à notre sujet
Pourquoi la Living Food
La satisfaction première qui justifie la tendance Living Food s’explique dans le contrôle. Ce qui nous échappe le plus actuellement est le temps, brique de nos vies (votre vie est avant tout un capital temps que vous perdez au fur et à mesure chaque jour). Toujours tiraillé, toujours connecté, toujours à l’affût, le temps se rétrécit et ainsi s’échappe notre vie. La tendance Living Food propose de prendre le temps de faire vivre, de laisser pousser pour ensuite vivre. On va réaliser l’effort de faire croître ses aliments, pour ensuite les consommer pour une occasion particulière, où l’on va sacrifier un peu de ce temps pour se sentir plus vivant. Pour faire plus simple, par le temps que nous prenons à faire croître son produit Living Food, on lui transmet une partie de sa vitalité (temps = vie), une partie de son capital vie. On le consommant une fois prêt, le particulier se sent plus vivant (sens figuré et sens propre, surtout si vous aviez très faim) à travers la restitution de ce capital vie.
Enfin, une deuxième satisfaction réside dans le contrôle du vivant même. Il existe une volonté de ne plus transformer le vivant mais de le prendre comme tel pour le consommer dans un geste altruiste et respectueux.
Evidemment, ces explications seront un peu trop philosophiques (voire fumeuses) aux yeux de certains, manger du vivant pour se sentir plus vivant est un concept qui peut apparaître difficile à saisir du premier coup. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas creuser un peu plus la réflexion !
Pour les plus terre-à-terre, la Living Food est avant tout une nouvelle expérience de consommation, ludique, saine, écologique et innovante.
Et rien que cela justifie son existence !
On se laisse tenter ?
Encore bourgeonnante, la tendance Living Food voit ses premiers produits émergés, mais il reste toutefois difficile de s’en procurer par les circuits de distribution traditionnelle comme les GMS. S’en procurer nécessite de visiter des salons particuliers ou en commander en passant par un site internet.
Les Bienfaits du pollen frais
Commençons avec le pollen frais, vendu sur internet, à l’état congelé ou séché. Riches en antioxydant et en ferments, leur impact sur la santé est bénéfique avec une consommation sous forme de cure pour retrouver l’équilibre de son organisme. Le principe est ici de tirer des bénéfices du pollen, graine encore vivante et prête à donner la vie, pour se sentir plus en forme (on appelle cela
l’apithérapie d’ailleurs…). Le site suivant explique en détail le mode d’emploi et les bénéfices de
la consommation de pollen , pour ceux qui voudraient tenter l’expérience. Un autre site, à la portée bien plus scientifique, nous explique une des bases de la règle du Living Food, celle de ne pas cuire le pollen… On vous laisse également
le soin de découvrir tout ça. Le pollen est encore vendu à l’état brut, n’attendant plus qu’une innovation le fasse s’élever d’un statut de production artisanale à un statut de produit de grande consommation. Un peu d’innovation ne ferait pas de mal !
Prêt-à-Pousser : invitez le Living Food chez vous !
Nos recherches de produits Living Food n’a pas été fructueuse mais nous vous avons déniché une petite start-up merveilleuse ! Un coup de cœur ! Un véritable exemple de Living Food, avec les quatre caractéristiques que nous vous avons présenté : Santé, Naturalité, Ethique et Ludique.
De quoi en faire notre produit-référence pour la tendance
Qui sont-ils ? L’entreprise
Prêt à Pousser et son premier produit : le kit à champignons. Ce produit vous propose de faire pousser de jolis pleurotes chez vous à partir d’un pré-kit contenant tous les ingrédients de base nécessaire.
En quoi respecte-t-il notre tendance Living Food ?
Ce que nous aimons surtout avec ce concept, c’est la revalorisation d’une externalité, le marc de café, pour créer de la valeur. Nous n’en avons pas encore parlé, mais l’innovation en agroalimentaire ne réside pas uniquement dans le fait d’inventer un nouveau produit révolutionnaire. L’innovation réside également dans la compréhension d’une chaîne de valeur et de son optimisation, avec comme finalité ultime la création d’une seconde chaîne de valeur.
On vous laisse découvrir la présentation de la chaîne de valeur de Prêt à Pousser et comment elle s’emboîte parfaitement dans le cycle du café (que nous consommons en quantité, reconnaissons-le) :
En quoi le concept, en plus du produit, est génial ? A partir d’un substrat non valorisé appartenant au
cycle de vie du café,
le marc de café, Prêt à Pousser a réussi à créer une chaîne de valeur allant jusqu’au consommateur final avec comme proposition un produit sain, naturel, éthique et ludique. On ne peut que saluer la performance !
On ne peut que vous inciter à découvrir cette sympathique
start-up et
commander un kit de pleurote, qui incarne le premier produit grande consommation de la tendance Living Food. Une avant-première de ce que sera l’aliment de demain !