Des grands magasins du 19e siècle aux hypermarchés menacés aujourd’hui par les drive-in, le commerce toulousain suit les évolutions de la consommation. Une drôle d’histoire.
Spécialiste des filières agroalimentaires, Philippe Baralon se penche sur les transformations de nos modes de consommation.
Comment et pourquoi le modèle de la grande distribution s’est-il imposé ?
Il faut remonter à la fin du 19e siècle après la révolution industrielle avec l’essor de la bourgeoisie. Apparaît alors le phénomène des grands magasins, le Bon Marché, les Nouvelles Galeries à Toulouse, une institution très importante qui révolutionne la consommation. Par la taille d’abord avec plus de 100 000 références, mais aussi l’entrée libre. Ce qui est très nouveau. Avant on entrait dans un magasin en sachant ce que l’on voulait. Là, on peut déambuler dans les rayons.
C’est aussi une révolution architecturale…
Dans les centres-villes, on retrouve effectivement des bâtiments typiques avec de grandes coupoles pour faire entrer la lumière, comme l’ex-Lafayette Maison à l’entrée de la rue d’Alsace.
L’enjeu est rapidement celui des prix ?
Dans les années 30, on assiste à la naissance des magasins succursalisés, Uniprix, Prisunic ou MonoPrix, à Toulouse, qui, comme leur nom l’indique, impose le prix unique des produits. Il faut attendre l’après-guerre pour voir émerger le modèle américain du supermarché et le discount, dont l’idée de base est de vendre moins cher. Les produits alimentaires arrivent dans les grands magasins, ce qui n’était pas le cas avant. En 1949, Édouard Leclerc ouvre son premier établissement. Il a compris que plus les gens vont s’enrichir, moins ils dépenseront pour les produits de base pour se consacrer aux loisirs. À l’époque la part du budget alimentaire était de 50 % des revenus d’un ménage, elle est aujourd’hui de 18 %.
Viennent ensuite les années d’or..
Le pouvoir politique a très vite compris que la grande distribution est un moyen de redonner du pouvoir d’achat aux gens. Le 15 juin 1962, le premier Hypermarché Carrefour ouvre ses portes en banlieue parisienne. Un nouveau concept avec des surfaces de vente de plus de 5 000 m2. Le modèle va essaimer partout. À Toulouse, Portet-sur-Garonne va devenir un des plus grands centres commerciaux d’Europe. Avec une nouvelle architecture basique, et des immenses entrepôts.
Le grand magasin part alors en banlieue...
Là où il y a de la place. C’est l’époque du no parking, no business. La voiture est étroitement associée au développement des centres commerciaux. On ne peut pas aller à Portet sans véhicules. C’est un nouveau mode de vie. Les courses du samedi en famille avec le repas de midi à la cafétéria. En 1960, la loi Fontanet, qui va interdire le refus de ventes des industriels en résistance contre les prix cassés, a ouvert une période prospère pour la grandes distribution.
C’est aussi l’époque des excès et de la corruption ?
La corruption va arriver avec la loi Royer de 1973 qui veut réguler l’urbanisme commercial. Les autorisations d’implantations des grands magasins sont soumises, depuis, à une commission départementale. Et donc à des pots-de-vin. C’est une grosse pompe à finances. Toulouse a connu ces affaires avec le Leclerc-Blagnac et des représentants de la CCI.
Aujourd’hui le modèle des hypermarchés est menacé ?
Les gens sont plus actifs et les centres commerciaux ne font plus rêver. Le modèle voiture-banlieue est à bout de souffle et il y a de nouvelles formes de consommation. La vente par internet, bien sûr, même si le problème de la livraison persiste. Personne ne gagne de l’argent là-dessus. Le drive-in connaît un grand succès. il est adapté à la sociologie toulousaine. Mais il y a beaucoup d’interrogations. Le consommateur veut pouvoir faire ses courses pas loin et tard. Ce n’est pas pour rien qu’un Monop’ s’est ouvert place Esquirol. Le modèle du futur se cherche.
Quel avenir commercial pour un modèle en crise ?
Ce soir, dans le cadre de son cycle «Histoire de…», la mission agrobiosciences vous donne rendez-vous à partir de 19 h 30, à l’Hémicycle, le restaurant de Gérard Garrigues, situé derrière le musée des Abattoirs.. Alors que se préparent les prochaines négociations commerciales entre agriculteurs, industriels et distributeurs, et que les critiques à l’encontre de ces derniers fusent, l’historien Alain Chatriot et le consultant, spécialiste des filières agroalimentaires, Philippe Baralon, reviendront sur la genèse d’un modèle commercial, des grands magasins si bien dépeints par Zola aux hypermarchés dont on arpente aujourd’hui les vastes allées. En crise la grande distribution ? Beaucoup le disent, d’autres parient sur sa réactivité. Des grands magasins aux enseignes actuelles, comment s’est-elle structurée ? Quelles ont été, alors, les critiques comme les espoirs portés par ce modèle ? Quels autres modes de distribution ont coexisté sans pour autant s’imposer ? Autant de questions qui seront abordées ce soir par ces deux spécialistes. Docteur en histoire de l’EHESS, Alain Chatriot est chargé de recherche CNRS au CRH, le Centre de Recherches Historiques, et membre d’Erhimor, l’Équipe de recherches pour l’histoire du monde rural. Philippe Baralon est consultant en stratégie dans les filières agroalimentaires, associé au sein du Cabinet Phylum qu’il a créé en 1990.
Le chiffre : 1949
Le clerc > Premier magasin. C’est cette année-là qu’Édouard Leclerc ouvre son premier supermarché à Landerneau. Sur le principe du discount.
Un capteur pour localiser les clients dans son magasin
Étudier le comportement des clients à l’intérieur et à l’extérieur de son magasin, c’est ce que propose la start-up toulousaine Trencube (de l’anglais «TRENds of CUstomers BEhavior») aux boutiques qui souhaitent améliorer leur compréhension de leurs clients. «À l’aide d’un capteur discret installé dans la boutique, la technologie Trencube permet de savoir quand les clients viennent, combien de temps ils restent dans chaque partie du magasin et s’ils ont tendance à revenir dans la boutique», explique Guillaume Denis, cofondateur de Trencube. Pour ce faire, le capteur enregistre les ondes émises par les smartphones des clients afin de les localiser tout en respectant leur vie privée : les informations collectées ne permettent pas d’identifier une personne. «Les données enregistrées par notre capteur permettent aux commerçants de planifier la gestion de leur personnel en fonction du trafic piéton, de détecter les opérations commerciales qui attirent de nouveaux clients, comme la refonte d’une vitrine, par exemple», poursuit Guillaume Denis. Cette technologie s’inspire de ce qui est fait sur les sites de boutique en ligne où le comportement de l’internaute est étudié en fonction du temps passé sur chaque page du site.
Découvrez les services et les tarifs de Trencube sur leur site Internet : http://www.trencube.com/
Source: La Dépêche (http://goo.gl/w0e6Nl)
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