lundi 10 février 2014

WWOOF Belgique vous lie à la terre et à ceux qui la cultivent

A l’instar des chantiers participatifs ou des Repair café, le WWOOFing traduit une nouvelle philosophie de vie, amène un courant d’air salutaire dans un monde où presque tout a une valeur marchande… Car WWOOFer, c’est tout simplement apporter – en échange du gîte, du couvert et des opportunités d’apprentissages – une aide volontaire dans des fermes biologiques. Un petit groupe de bénévoles passionnés vient de former l’association WWOOF Belgique afin de mieux promouvoir, dans notre pays, les valeurs et la philosophie du WWOOFing…
Je WWOOFe, tu WWOOFes, nous WWOOFons, ils partent en WWOOFing… Mais qu’est-ce que c’est que cela, le WWOOF ? C’est très simple : le WWOOF est né en 1971, en Angleterre, et c’est un acronyme pour « World Wide Opportunities on Organic Farms », c’est-à-dire, littéralement, en français: « des opportunités dans le monde entier sur des fermes biologiques… » Autrement dit, le WWOOFing, c’est un simple échange, non-financier, basé sur le respect et la confiance entre des volontaires, connus sous le nom de WWOOFers, et des hôtes. Un WWOOFer offre quelques heures d’aide par jour à son hôte qui, en retour, lui offre gîte, couvert et opportunités d’apprentissage. Un lien fraternel unit ainsi hôte et WWOOFer : ils partagent un statut égal, pas comme dans un contrat de travail conventionnel. C’est un véritable contrat de confiance : il n’y a ni lien de subordination, ni attente de rentabilité, ni échange financier entre hôte et WWOOFer !

Des activités en tous genres…

Quel est le profil du WWOOFer ? Un WWOOFer, c’est simplement quelqu’un qui est intéressé par l’agriculture biologique, et par tout projet ou mode de vie écologique et durable. Des gens font du WWOOFing pendant leur congé de travail, d’autres prennent une pause carrière et s’en vont WWOOFer, d’autres encore WWOOFent à court terme pendant les vacances scolaires, ou à long terme pour acquérir un maximum de savoir-faire avant de commencer, eux-mêmes, à travailler sur leur petite exploitation. Le WWOOFing se pratique donc à tout âge, seul ou accompagné. Les hôtes sont des agriculteurs biologiques qui vivent de leurs exploitations, ou toute personne qui gère un projet écologique et partage une philosophie du durable. Comme, par exemple, un couple qui a besoin d’un peu d’aide pour son potager ou pour soigner ses animaux, ou encore d’un coup de main ponctuel pour une construction ou une rénovation écologique. Le vaste choix d’hôtes et d’activités du réseau auquel ils sont affiliés assure à chaque WWOOFer de trouve l’hôte qui rencontrera le mieux son désir d’apprentissage.
Voici quelques activités que le WWOOFing m’a personnellement permis de faire, ces derniers mois, en Belgique : préparer la terre pour les semis, semer, planter, transplanter toutes sortes de légumes et des plantes allant de la salade a l’ail, désherber, travailler avec la grelinette, avec la faux, avec la binette, couper du bois à la hache, le fendre et le ranger, arroser, retourner le foin, traire des chèvres, des vaches, fabriquer du fromage, nourrir et soigner des animaux aussi divers que chèvres, poules, cochon, dindes, vaches, oies ou chevaux, fabriquer un abri pour des dindes, récolter et nettoyer des semences, participer à un chantier en écoconstruction, récolter des légumes, repiquer des fraises, faire des conserves de légumes, du sirop, de la confiture, de jus de pomme, ramasser des pommes et bien plus encore… Tout cela accompagnée par des hôtes bien sympathiques et parfois aussi d’autre WWOOFers, tout aussi sympathiques…

Pourquoi créer maintenant l’asbl WWOOF Belgique ?

Tous les pays qui ne disposent pas d’une organisation nationale sont « repris » par WWOOF Independents, une organisation anglaise, et gérés par elle. Jusqu’ici, le système de WWOOFing en Belgique était donc géré, depuis l’Angleterre, par WWOOF Independents. Mais comme il y a de plus en plus d’hôtes WWOOF chez nous, cette organisation a lancé un appel pour réunir des gens motivés et intéressés afin de promouvoir le WWOOFing dans notre pays. Lors de cette réunion, un petit groupe de WWOOFers – hôtes et personnes impliquées dans des mouvements paysans – a décidé de lancer le projet WWOOF Belgique. Mais nous qui nous sentons bien avec les mains dans la terre avions certainement sous-estimé le travail administratif que cela allait exiger ! Durant les premiers mois, l’activité démarra donc lentement… mais sûrement ! Petit a petit, notre charte fut rédigée, nos statuts complétés et introduits au greffe du tribunal, un compte en banque fut ouvert et notre équipe s’étoffa avec l’arrivé d’autres membres passionnés. Il suffit d’une rencontre fortuite lors du salon Valériane Bruxelles pour que nous ayons la chance de rencontrer Paul : il nous offrit bénévolement et instantanément son savoir-faire pour réaliser notre site Internet ! S’ensuivirent alors des mois de discussion, d’innombrables traductions vers l’anglais, le français, le néerlandais, l’allemand… Enormément d’énergie mais tout est possible quand on est bénévole et passionné !
Finalement, ce 15 septembre 2013, notre site www.wwoof.be s’est ouvert aux inscriptions et nous avons pu lancer officiellement notre projet. L’asbl WWOOF Belgique est donc née. Elle est gérée par une petite équipe – voir sur notre site www.wwoof.be/staff/l_equipe.php – de bénévoles et principalement de WWOOFers. J’ai moi-même fait le plein d’expériences en la matière. J’ai vécu le WWOOF, non seulement en Belgique mais aussi à l’étranger, tout en travaillant… J’ai démissionné de mon emploi au début de l’été et je suis, à présent, WWOOFer à temps plein !

Comment fonctionne l’asbl WWOOF Belgique ?

Le but des différentes organisations WWOOF nationales – et de WWOOF Belgique, par conséquent – est de créer un lien entre toute personne désireuse d’en apprendre davantage sur l’agriculture biologique – ou sur les modes de vie durables – et des paysans – ou toute personne qui vit et met en œuvre ces pratiques. Nous présentons, sur notre site Internet – voir www.wwoof.be/list/liste_des_hosts.php, une liste d’hôtes WWOOFs en Belgique. Tout WWOOFer inscrit chez nous peut ainsi trouver aisément la liste des profils de nos hôtes, c’est-à-dire les conditions d’accueil, les activités proposées et l’aide qu’ils cherchent. Le WWOOFer peut alors prendre contact avec eux pour – éventuellement – organiser son séjour chez l’un d’eux. Une cotisation est demandée pour être inscrit comme WWOOFer chez nous ; elle est 15euros et est valable pour une année. L’argent ainsi recueilli nous permet de couvrir nos frais et de mener des actions pour promouvoir le WWOOFing et ses valeurs en Belgique. Imprimer des brochures, par exemple, ou être présents à des événements et des salons, mais également nous réunir en assemblée générale ou nous déplacer pour rencontrer les hôtes…
Notre principal souci, pour le moment, est de trouver le cadre légal qui pourra permettre la reconnaissance pleine et entière du WWOOFing en Belgique. En effet, la législation du travail, en Belgique, soutient essentiellement les travailleurs et contrôle, dans ce contexte, toutes les dérives assimilables au travail au noir. Une certaine vision des choses considère, dès lors, que le WWOOFing pourrait être perçu par les contrôleurs comme un moyen commode de l’encourager ! Ce n’est évidemment pas notre philosophie et nous devons pouvoir la faire comprendre dans la plus grande transparence.

Objectifs, valeurs et philosophie…

Quels sont nos objectifs ? Quelles sont les valeurs et la philosophie que nous souhaitons promouvoir ? Nous pouvons les résumer comme suit :
- créer un lien direct entre consommateurs et producteurs, entre citadins qui n’ont pas de lien avec la terre, et ruraux qui travaillent avec elle ;
- permettre à toutes les personnes intéressés de découvrir la réalité de la vie et du travail d’un « paysan biologique » qui vit de son exploitation agricole ;
- apporter une aide ponctuelle à ces paysans ainsi qu’à toute personne qui s’engage dans un projet écologique ;
- valoriser le travail, le savoir-faire et la passion du « paysan biologique » qui produit une alimentation saine à destination d’une population locale ;
- conscientiser, d’une manière générale, les gens par rapport à leur alimentation ;
- développer et faire croître les liens sociaux et de solidarités autour de l’agriculture biologique et les modes de vie durable ;
- promouvoir l’entraide et les échanges gratuits ;
- offrir aux étrangers l’opportunité de séjourner en Belgique et de la visiter dans une approche alternative et conviviale.
Une vraie prise de conscience se développe aujourd’hui chez beaucoup de gens ; elle concerne le lien existant entre une alimentation saine – à la quelle nous aspirons tous – et sa production qui est nécessairement locale, de saison et de préférence biologique. Il y va de la santé de tout un chacun et de la qualité de notre environnement. De plus en plus de gens achètent des produits biologiques ou rejoignent un GASAP… Mais entre être simplement abonné à un panier bio et connaître vraiment la source de son alimentation pour l’apprécier à sa juste valeur, il y a encore un monde de différence, une toute autre étape à franchir… Et c’est là que le WWOOFing devient intéressant car il permet de créer des liens directs entre consommateurs et producteurs. Le WWOOFer rentre directement en contact avec la source de son alimentation : le potager, les animaux, le paysan… C’est là que le slogan de WWOOF Belgique prend vraiment tout son sens, « WWOOF Belgique vous lie a la terre et a ceux qui la cultivent ! »

Soutenir les paysans locaux, s’ouvrir aux pratiques écologiques…

Nous sommes donc sûrs que la pratique du WWOOFing permettra de conscientiser beaucoup de gens quant à l’importance de leurs choix alimentaires. Il faut espérer qu’après avoir accompagné un paysan dans son activité et l’avoir aidé à cultiver sa terre, à soigner ses animaux, à fabriquer son fromage, le WWOOFer se rendra enfin compte de ce qu’est réellement se nourrir, de ce qu’est réellement respecter le sol, les plantes, les animaux, l’environnement. Nous sommes sûrs que ce WWOOFer comprendra l’intérêt d’acheter directement aux producteurs plutôt qu’en grandes surfaces… Car il vaut mieux utiliser son budget alimentation pour soutenir les paysans locaux plutôt que pour enrichir les géants anonymes de l’industrie agroalimentaire !
Aussi souhaitons-nous que l’ensemble des WWOOFers – et particulièrement les Belges – cherchent à établir avec leurs hôtes des liens véritablement riches de partage car le WWOOFing c’est avant tout des échanges humains, sociaux, culturels et même familiaux entre personnes qui partagent des valeurs communes. Nous espérons enfin que le WWOOFing contribuera à convaincre qu’il est nécessaire de s’engager de plus en plus sur la voie de l’autonomie : tenir un petit potager ou se joindre a un jardin collectif, par exemple, produire soi-même confitures ou yaourts, pratiquer la cueillette de plantes sauvages, de champignons… Ou encore s’éveiller à d’autres pratiques écologiques : ne pas gaspiller les ressources disponibles, utiliser des matériaux, des outils et des techniques écologiques lors d’une rénovation ou d’une construction, construire des abris pour oiseaux ou pour insectes, etc.
A travers le monde, le WWOOF, c’est des milliers d’hôtes et des dizaines de milliers de WWOOFers, c’est donc aussi la promotion d’un vrai tourisme participatif. Car le WWOOFer est un touriste actif qui produit quelque chose, un touriste qui n’est pas seulement un consommateur passif. Le WWOOFing offre donc l’opportunité de découvrir autrement un pays, en bénéficiant de l’accueil d’une famille, en partageant son quotidien, en rencontrant ses amis, etc. Le WWOOFing, c’est un échange basé sur le respect et la confiance, cela sans aucune contrepartie financière, et sans frontières !
Vecteur d’échanges humains et de solidarités, le WWOOFing partage donc très largement les mêmes valeurs que les SEL (Services d’échanges locaux), les Repair Café ou les chantiers participatifs, pour ne citer qu’eux. Etre WWOOFer est donc, avant tout, un état d’esprit, quasiment une philosophie de vie, surtout quand on le pratique a long terme. Dans un monde ou presque tout a une valeur marchande, le WWOOFing est vraiment une forme de décroissance heureuse !
Texte et photo de Laura Burella, WWOOFer passionnée et présidente de l’asbl WWOOF Belgique
Article paru dans la revue Valériane de Nature & Progrès, n°105, janvier/février 2014
En savoir plus:
Pour toute information supplémentaire par rapport au WWOOFing ou au projet WWOOF Belgique, veuillez visiter le site www.wwoof.be

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