jeudi 4 octobre 2012

CASINO et la grande distribution : quel potentiel ?


Le récent rebond de quelque 32% de CARREFOUR (FR0000120172) depuis cet été a entraîné l’éclosion d’études pointant la sous-valorisation de la plupart des titres du secteur et le caractère défensif de la grande distribution en période de ralentissement économique.
La montée en puissance des filiales spécialisées dans le hard discount compenserait largement la perte de chiffre d’affaires des enseignes classiques.
___________________Pour vous aider dans vos trades
La consolidation se met en place et notre analyste a déjà commencé à la jouer en prenant des turbos putsur le CAC et sur certains titres ciblés qui donnent un signal de baisse important.
Trader sur les turbos est aussi un moyen de protéger votre portefeuille en adoptant une stratégie agressive face à la baisse des marchés !
Ne vous laissez pas faire et profitez des conseils d’un professionnel
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Cette affirmation peut susciter pas mal de scepticisme mais elle tient la route car le hard discount ratisse large.
En France, les gains de clientèle s’exercent classiquement au détriment du commerce de proximité (déjà moribond) mais également au détriment des marchés de quartier. Et puis, notre collègue Eric Lewin le pointait du doigt en regardant les résultats de VET AFFAIRES (FR0000077158) : le textile hard discountprend aussi la crise de plein fouet.
◊ La grande distribution cumule les difficultés
Autrement dit, la grande distribution subit un processus déflationniste. Et comme elle met à son tour la pression sur ses fournisseurs, c’est une spirale sans fin qui tire toute l’économie vers le bas. Les dernières statistiques sont, de ce point de vue, affligeantes : les PMI manufacturiers ont sombré en Europe le mois dernier (au plus bas depuis trois ans et demi en France) et l’IFO publié ce lundi — moral des milieux d’affaires allemands — recule pour le quatrième mois consécutif.
Vous comprendrez dans ces conditions que nous soyons particulièrement prudent concernant les groupes de distribution fortement exposés à leurs marchés domestiques mais également présents dans l’ensemble des pays européens.
A part le Luxembourg et la Suisse, les consommateurs sont victimes du double choc récessionniste et fiscal. Nous savons qu’il ne faut pas compter sur l’Allemagne et sa fausse prospérité pour enjoliver le tableau.
En effet, en Allemagne, les lois Hartz ont permis de maquiller les statistiques du chômage en instituant une société à deux vitesses : les travailleurs à bas (et très bas) salaires et les retraités subissent une paupérisation croissante tandis que la concentration de la richesse s’accentue (10% des ménages les plus aisés détiennent désormais 53% de la richesse privée, contre 45% il y a 10 ans).
Ces travailleurs pauvres et retraités sont aujourd’hui autant de clients totalement captifs du hard discountmais ils passent leur temps à chercher sur Internet des offres promotionnelles et des bons plans et délaissent peu à peu les vraies boutiques.
Si tous ces arguments ne suffisaient pas à étayer nos doutes concernant un éventuel rebond des titres de la distribution — doutes largement partagés par le marché puisque le secteur n’affiche que 2% de progression depuis le 1er janvier –, il faut voir que désormais, le niveau très faible des taux d’intérêt qui ne rémunère plus la trésorerie à court terme.
Eric Lewin expliquait ce principe dans un article consacré au BFR de la grande distribution : ce secteur a la particularité d’avoir un BFR (besoin en fonds de roulement, donc trésorerie), négatif ; c’est-à-dire que le secteur a du cash d’avance.
Auparavant, la grande distribution tirait une bonne partie de ses bénéfices du placement de ses excédents decash (les produits en rayon étant en moyenne vendus sous quinzaine, les fournisseurs étant réglés à 180 jours). Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’effet de ciseaux entre clientèle désargentée et une trésorerie qui ne rapporte plus rien est particulièrement pénalisant aujourd’hui. Ce que les filiales du hard discountgagnent en volume, les groupes le perdent en marges dans l’ensemble de l’Eurozone.
Or le problème, c’est que nous ne voyons pas les processus récessifs se renverser dans les six à 18 prochains mois. Et pendant ce temps-là, le commerce on line va continuer de monter en puissance et de tailler des croupières aux distributeurs physiques.
Alors, dans ces conditions, que vaut réellement le patrimoine immobilier des grands groupes de distribution ?
L’exemple américain donne froid dans le dos avec ces centaines de galeries commerciales quasi désertes à la périphérie des grandes agglomérations et des milliers de boutiques à louer qui ne trouvent pas preneur. Seuls les plus grands malls survivent avec une capacité d’attraction qui demeure intacte, grâce notamment à une diversification dans les loisirs et services.
La formule demeure balbutiante en France et de nombreux obstacles administratifs se dressent comme l’impossibilité d’obtenir des permis de construire, sans oublier l’effet de saturation des zones de chalandise, déjà bien perceptible depuis une dizaine d’années. Ouvrir de nouveaux “super-complexes” (ou agrandir ceux déjà existants) risquerait de tuer les centres commerciaux de taille intermédiaire situés dans un périmètre de 50 kilomètres.
◊ Le trompe-l’oeil de la croissance dans les émergentsAlors bien sûr, il reste les pays émergents dont les analystes attendent monts et merveilles. Sauf qu’au Brésil par exemple, la croissance en rythme annuel est passée de +6,8% en 2008 à +1,6% selon les derniers chiffres parus mi-septembre 2012.
En Chine, des milliers de centres commerciaux se sont ouverts… mais ceux qui visent la clientèle moyenne ou haut de gamme sont pratiquement déserts (j’ai pu le constater de mes propres yeux dans une dizaine de très grandes localités chinoises, et pas seulement dans les métropoles côtières).
Alors oui, les ventes de la grande distribution progressent en Chine… Mais au regard de l’explosion — qui se chiffre en millions de mètres carrés — des surfaces commerciales, il est clair que la clientèle solvable n’est pas encore au-rendez-vous.
Si le développement de la Chine suit celle de la Corée (avec un décalage d’une vingtaine d’années), alors oui, il faut miser sur les groupes occidentaux présents dans ce pays, en ne perdant pas de vue que les groupes locaux ne manqueront pas de leur opposer une féroce concurrence… Sinon, nous pressentons que plusieurs enseignes jetteront l’éponge.
Alors voyons si les graphiques nous donnent quelques raisons de voir l’avenir du secteur de la distribution sous un jour moins sombre.
 Le secteur a déjà bien trop rebondi…Le graphique nous rappelle que le CAC Distribution et Alimentation (QS0011017819 – FRFDR) l’indice de référence du secteur, avait entamé l’année à 625 points après avoir plafonné trois semaines auparavant sous les 700 points (soit -10% en pleine période des fêtes et malgré le lancement d’un LTRO).
CAC Distribution et Alimentation
L’action la BCE — inondant le système bancaire de liquidités en début d’année — a fini par rassurer les investisseurs, mais alors que le secteur retraçait son zénith de début décembre (695 points au plus haut le 16 mars), une nouvelle dégringolade s’est amorcée en direction des 505 points.
Et ce plancher a été inscrit non pas fin mai, comme pour le CAC 40, mais le 5 et surtout le 23 juillet, c’est-à-dire avec deux mois de retard par rapport à l’ensemble des valeurs cotées à Paris. Ensuite, un rebond de +25% s’est amorcé il y a tout juste deux mois et s’avère d’une ampleur comparable à celle du compartiment bancaire.
Tout se passe un peu comme si avec l’anticipation des QE de la Fed et de la BCE, les opérateurs estimaient que les banques allaient soudain ouvrir les vannes du crédit à la consommation. Elles sont en fait déjà grandes ouvertes mais les consommateurs désargentés n’empruntent pas davantage car ils sont déjà à leur limite de capacité d’emprunt. Et ceux qui ne sont pas coincés par des “fins de mois qui commencent le 15″ ont largement perdu le goût de s’endetter.
Alors que se passe-t-il pour les distributeurs quand les banques centrales font tourner la planche à billets ?
Eh bien pas grand-chose puisque si l’on regarde CASINO (FR0000125585) — qui affiche la meilleure performance depuis mars 2009 –, le premier QE de la Fed n’a commencé à produire des effets bénéfiques qu’à la mi-juillet.
CASINO était encore au tapis début juillet 2009 alors que le CAC 40 avait déjà repris +40%. Puis durant l’été 2011, CASINO enregistra une des plus rapides et des plus sévère chutes du CAC 40, entre 76 et 52 euros. Aujourd’hui, le titre est revenu sur ses plus hauts des périodes de rebond : les 75 euros de décembre 2010, mai 2011 et printemps 2012.
Graphique de Casino
Alors oui, nous sommes relativement d’accord avec les analystes qui jugent le titre “pas cher” et “franchement décoté” par rapport à sa valeur d’actif.
Mais nous sommes beaucoup moins convaincu en ce qui concerne le secteur de la distribution dans son ensemble… Nous préférons rester à l’écart du titre, et de la grande distribution en général.
En plus, Goldman Sachs a intégré CASINO ce lundi dans ses “recommandations d’achat”… Vite, vendons avant qu’il ne soit trop tarder.

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