mardi 9 octobre 2012

Internet, agitateur de la distribution


La vente de la Fnac, de La Redoute et « accessoirement » du VertBaudet et de Cyrillus, deux autres belles marques grand public, sont-elles pour aujourd'hui ou pour demain ?
Une certitude : le groupe PPR, dans le droit fil des cessions des magasins Printemps, en 2006 et Conforama, en 2011, se prépare à prendre la porte de sortie du commerce populaire par excellence. Pas sur un coup de tête, mais dans le cadre d'une stratégie de croissance assumée et engagée de longue date. Scission, introduction en Bourse ? Ce n'est pas encore défini. Reste que la Fnac, peu rentable, est à vendre depuis quatre ans. Et que jusqu'ici, personne n'en a voulu.
Le recentrage sur le luxe du propriétaire des griffes Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent est-il condamnable, à l'heure où des salariés du groupe s'inquiètent déjà, non sans raison, pour leur avenir ? Il souligne en tout cas avec force un virage et une volonté d'adaptation aux mutations en cours. La révolution du e-commerce bouscule désormais toute la chaîne de distribution. Du commerce traditionnel de proximité aux grands noms du secteur qui ont fait la réputation du « bien consommer » à la française. Elle menace un certain art de vivre vu sur catalogue à domicile pendant des décennies ; un savoir-faire ancestral, distillé à base de conseils éclairés, mais à l'efficacité aujourd'hui discutable. Changement de culture ? Assurément.
Le monde à l'envers ?
Dans un univers globalisé, la Fnac, agitateur de curiosité à bout de souffle, est un symbole. Un as de la distribution plombé par le progrès. Un leader à forte identité devenu, petit à petit, une enseigne de la grande distribution (presque) comme les autres, dans un secteur dynamité par Internet. La dématérialisation croissante des produits a été synonyme de casse des circuits de distribution. Regardez le disque, le DVD. Vous les trouvez en ligne. Le livre ? Le processus est à son tour enclenché avec l'explosion des liseuses. Quant aux écrans plats, aux ordinateurs classiques, ils sont banalisés, boudés par des clients contraints à des arbitrages financiers et tournés à fond vers l'e-mobilité.
Comment être performant dans ce contexte quand, à l'étranger, vos concurrents directs réduisent la toile ou tombent purement et simplement en faillite ? Voilà pourquoi PPR met le pied sur l'accélérateur de cette opération, dans l'espoir de récupérer 500 millions d'euros. De quoi investir ailleurs, aller chercher la croissance là où elle se trouve. Sur le terrain de LVMH, l'autre géant mondial du luxe à la française.
Car un autre match se joue en arrière-plan. Entre les Pinault et les Arnault. Deux groupes à l'appétit féroce, prêts à se rendre coup pour coup afin de répondre à la demande en flèche d'une clientèle internationale qui en pince pour les produits français rares, chers et bons. Ce qui est bon pour nos exportations en ces temps de disette.
Céder des activités en déclin, dont les biens viennent d'Asie, pour créer du business rentable avec des biens français envoyés en Chine, au Brésil ou en Russie ? C'est aussi la morale de l'histoire, à l'heure où les pays émergents et leurs millionnaires décomplexés tirent leur épingle du jeu en dépensant leur fortune dans une France corsetée, en panne de croissance et au bord de l'austérité. Question : notre monde se serait-il mis à tourner à l'envers ?
Source: Ouest France (http://goo.gl/xjDS0)

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