Méthodologie
Entre janvier et juin 2012, l’équipe de Linéaires a visité 167 magasins dans toute la France, relevant les prix de 102 références alimentaires, y compris liquides. 94 sont des produits de grande marque, leaders sur leur rayon. Le panier comprend également 7 premiers prix basiques : farine, poulet PAC, litre de lait, etc., ainsi que la symbolique baguette de pain. L’indice de l’enseigne correspond à la moyenne de ses indices par produit.
Carrefour peut dire merci à son opération « Garantie prix le plus bas ». En se mettant depuis fin janvier « au taquet » sur 500 produits de grandes marques parmi les plus fréquemment achetés par les ménages, l’enseigne a visé juste. Au moins s’agissant d’améliorer son score sur l’indice LinéairesPrix, lui-même composé pour l’essentiel de références incontournables de grandes marques (95 des 102 produits, le solde revenant à 7 premiers prix poids lourds : lait, sucre, farine, baguette, etc.). Et pour cause : 57 des 500 références ciblées par les hypers Carrefour font partie du panier permanent Linéaires (dont la composition n’est pas publique, faut-il le rappeler).
Résultat des courses, l’indice Carrefour s’améliore brutalement de 2,6 points sur le premier semestre. Et l’enseigne accède à un score aussi inédit que valorisant pour elle : 93,6.
Il faut remonter au second semestre 2008 pour retrouver le record précédent de l’enseigne, mesuré à 94,2. Une époque où José-Luis Duran, fervent partisan du discount, était aux manettes du groupe et faisait de la compétitivité prix face à Leclerc une priorité pour redresser les ventes du format. Jusqu’à ce que les nouveaux actionnaires du groupe Carrefour ne lui expliquent leur façon de concevoir la rentabilité. On connaît la suite… Durant l’ère Olofsson, l’indice Carrefour s’est dégradé progressivement de près de quatre points, pour culminer à 98,0 mi-2011.
Avec l’arrivée de Noël Prioux à la tête des hypers France depuis un an, les choses sont donc rentrées en bon ordre. Carrefour avait déjà retrouvé la deuxième marche du podium lors de la vague précédente. Place qui fut traditionnellement la sienne durant la décennie écoulée.
Les prix faciaux des références leader de l’alimentaire ont ainsi baissé de 2,8 % en moyenne au premier semestre 2012 chez Carrefour, mais parfois bien davantage pour certaines (lire encadré). Le genre de performance qui ne doit rien au hasard, et ne peut laisser indifférente la concurrence…
Dans ce climat sulfureux, Leclerc attendait son principal compétiteur au tournant. D’autant que la santé éclatante de l’enseigne lui offre les moyens d’en découdre… « Avec son opération, Carrefour a mis la pression. Tout le monde a réagi en baissant les prix, y compris nous, et cela se traduit d’ailleurs par un reflux de l’inflation sur les marques depuis janvier », confirme Michel-Edouard Leclerc. Très concrètement, le panier Linéaires a baissé de 0,7 % chez Leclerc sur le semestre. Ce qui lui permet d’obtenir, lui aussi, un score historiquement bas : 93,0. Colossal écart que ces 7 % avec la moyenne nationale !
Intermarché a lui aussi accompagné Carrefour : ses prix baissent de 0,9 % sur le semestre et son indice s’améliore en conséquence de 1,2 point (96,0). Ce qui lui permet l’air de rien de reprendre ses distances avec Super U. Les prix sont restés stables chez les Nouveaux Commerçants, qui de toute évidence ont pris le parti de ne pas entrer dans la logique de « bagarre code à code », contrairement à Leclerc et Intermarché qui ont clairement ciblé les mêmes références que Carrefour. Auchan aussi s’est, au moins partiellement, mêlé à cette guerre de tranchée et produit du même coup un effort pour recoller au peloton de tête (indice 98,0). Si les prix du Nordiste n’ont rien de déshonorant, l’écart avec les deux leaders reste toutefois significatif.
Au-delà des cas particuliers de chaque enseigne, c’est une fois encore le même enseignement général qui s’impose : les enseignes qui peuvent encore accrocher les wagons des plus agressifs s’en donnent les moyens, tandis que les autres se font peu à peu distancer. Et les écarts entre ces deux groupes ne cessent de se creuser. Le ventre mou du classement (plus ou moins deux points autour de l’indice 100) n’est ainsi plus occupé que par Carrefour Market (non concerné par la garantie prix bas sur les marques) et Simply Market.
Dans le camp des « mauvais élèves », les deux enseignes de Louis Delhaize, Cora et S. Match, cèdent l’une et l’autre du terrain. Surtout Cora d’ailleurs, dont les étiquettes ne sont plus guère éloignées de sa petite cousine sur les grandes marques… Et que dire de Géant Casino, dont l’atterrissage à 105,2 - record battu - semblait écrit d’avance au regard du caractère tristement rectiligne de sa courbe d’évolution depuis deux ans. Les supers Casino complètent ce tableau peu reluisant pour le groupe stéphanois en confirmant être peu ou prou alignés sur le niveau tarifaire de Monoprix depuis 18 mois.
Source: Linéaires (http://goo.gl/BPwDh)
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